Violences sexuelles dans le sport : le Centre-Val de Loire teste un fichier pour recruter les éducateurs sportifs

Publié le 20 février 2020 à 20h14, mis à jour le 21 février 2020 à 7h12

Source : JT 20h Semaine

PROTECTION DE L'ENFANCE - Depuis quelques mois, la Ligue de football du Centre-Val de Loire expérimente un dispositif de "contrôle d’honorabilité" des éducateurs de ses clubs, qu'ils soient professionnels ou bénévoles. Une première en France, avec un objectif : vérifier tous les casiers judiciaires, pour filtrer les prédateurs sexuels.

Patinage, natation, ski, équitation… Alors que les révélations de violences sexuelles dans le milieu du sport se multiplient depuis le témoignage de l’ancienne patineuse Sarah Abitbol, une expérimentation lancée à la rentrée dernière dans le Centre-Val de Loire pourrait apporter un début de réponse au problème. 

Pilotée par la Direction de la Jeunesse et des Sports, et menée pour l’instant uniquement au sein de la Ligue de football, elle consiste à vérifier de façon systématique les antécédents judiciaires de tous les encadrants : les éducateurs, professionnels comme bénévoles, mais aussi les présidents de club, secrétaires et trésoriers. Objectif : repérer les prédateurs potentiels, les personnes susceptibles de représenter une menace pour les enfants. Pour la région pilote, ce sont 10.000 personnes environ qui sont concernées par cette vaste opération de vérification.

A l’heure actuelle, tous les éducateurs professionnels font l’objet d’une vérification du casier judiciaire et du Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles et violentes (Fijaisv). Le gouvernement souhaite désormais élargir ce contrôle aux deux à trois millions de bénévoles sportifs. Un "travail colossal", selon les mots de la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

3.200 contrôles effectués, une condamnation pour pédocriminalité

Pour la Ligue, le travail consiste à collecter tous les dossiers, puis à les transmettre au ministère de la Justice, qui vérifie chaque casier judiciaire. En l’absence de condamnation, le dossier est validé. Si une condamnation apparaît, l’information est alors renvoyée à la direction départementale de la jeunesse et des sports, qui doit dire si la nature de la condamnation permet de travailler ou non avec des enfants. Une infraction routière par exemple ne sera pas invalidante.

Envois et examens doivent se poursuivre jusqu'en avril, mais les résultats des 3.200 premiers contrôles sont tombés fin janvier : soixante bénévoles avaient une condamnation inscrite à leur casier judiciaire, dont vingt pour des infractions jugées incompatibles avec l'exercice d'une activité dans un club accueillant des enfants, a détaillé à l'AFP Antonio Texeira, président de la ligue régionale. Parmi ces vingt dossiers, 19 relèvent d'infractions routières, mais un est bel et bien lié à la pédocriminalité : celui du secrétaire d’un petit club de foot du Cher, premier bénévole sportif écarté par le dispositif de "contrôle d'honorabilité".

Informé par la préfecture, le dirigeant du club a écrit aux parents pour leur expliquer la situation et leur assurer que le secrétaire, un père de famille trentenaire condamné pour des faits remontant à huit ans, ne remplissait que des tâches administratives et n'avait pas approché les enfants.

Déjà des limites au dispositif

Au ministère, "on se garde de donner des chiffres intermédiaires" et on qualifie ceux communiqués de "pas illustratifs". Pour l’instant, l’expérimentation ne concerne qu’une région et qu’un seul sport. Si le test s’avère concluant, le dispositif pourrait être élargi à toutes les disciplines, dans toute la France. Mais l’expérimentation révèle déjà plusieurs limites : d'abord, nombre d'agresseurs n'ont jamais fait l'objet d'une condamnation ou même d'une enquête, compte-tenu des difficultés des victimes à les dénoncer. De plus, certains bénévoles qui passent du temps au contact des enfants n'apparaissent pas dans l'organigramme des clubs. Enfin, si les personnes épinglées par ce contrôle d'honorabilité sont écartées des responsabilités qu'elles occupaient, leur licence n'est pas révoquée. Elles peuvent rester au club et "tenir la buvette", illustre Antonio Texeira.


La rédaction de TF1info

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