10 feel good movies pour ne pas désespérer de l'Amérique de Donald Trump

Publié le 10 novembre 2016 à 16h31
10 feel good movies pour ne pas désespérer de l'Amérique de Donald Trump

I LOVE AMERICA - Si l'élection de Donald Trump a provoqué un séisme dans le pays ce mercredi, notamment à Hollywood, voici dix feel good movie américains qui consolent de la sinistrose. Rappellent la puissance du cinéma US. Et donnent quand même envie d'y croire.

FORREST GUMP de Robert Zemeckis

Histoire: Quelques décennies d'histoire américaine, des années 1940 à la fin du XXème siècle, à travers le regard et l'étrange odyssée d'un homme simple et pur, Forrest Gump. 

Remède anti-Trump: Par la magie d'effets spéciaux astucieux et une mise en scène élégante et inventive de Robert Zemeckis, on suit avec plaisir les aventures singulières d'un américain prenant involontairement part aux événements majeurs de son pays durant la deuxième partie du 20ème siècle. Forrest Gump a ce petit quelque chose en plus qui permet aux scènes de se charger d'émotion. Tom Hanks joue ce simple d'esprit avec ce qu'il faut de fantaisie, trouvant l'équilibre parfait entre candeur et gravité devant l'évolution d'une existence que Forrest ne comprend pas toujours. Comme nous tous...

GARDEN STATE de Zach Braff

Histoire: Acteur de télévision, Andrew "Large" Largeman (Zack Braff) est obligé de retourner dans son New Jersey natal pour l'enterrement de sa mère. Soudain, il se retrouve sans les antidépresseurs et les 3000 kilomètres qui le protégeaient de son histoire. Après neuf ans d'absence, Large revoit son père, un vieil homme dominateur, mais aussi tous ceux avec qui il a grandi. Ils sont aujourd'hui fossoyeur, employé de fast-food ou magouilleur professionnel...

Remède anti-Trump: Toute la première partie de Garden State, hantée par le travail du deuil, traduit une mélancolie diffuse et se focalise sur le simple portrait de son héros adulescent. A bien des égards, le récit donne la délicieuse impression de lorgner ouvertement vers les univers pas si lointains de Richard Kelly, Sofia Coppola et Terry Zwigoff, également marqués par l'incapacité de faire corps avec le monde. La suite éclaire quelques zones d’ombre (fiston qui fuit toute relation paternelle, difficulté d’exprimer ses sentiments, incapacité de nouer une relation sérieuse...). Par le miracle de l’amour, comme le chantait Eurythmics, et le hasard des coïncidences, le personnage découvre qu’il est possible de réapprendre à vivre. Débordant de charme. 

UN JOUR SANS FIN de Harold Ramis

Histoire: Phil Connors, journaliste à la télévision et responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade de Punxsutawney où l'on fête le "Groundhog Day" : "Jour de la marmotte". Dans l'impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d'intempéries il se voit forcé de passer une nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu'il est condamné à revivre indéfiniment la même journée, celle du 2 février. 

Remède anti-Trump : Un amour de film, à voir et à revoir, avec Bill Murray en bougon et Andy MacDowell en journaliste amusée. 

CAPTAIN FANTASTIC de Matt Ross

Histoire: Quelque part dans le nord-ouest américain… Au milieu des sapins qui murmurent à l’oreille des cieux, six enfants, dissimulés sous un océan de chlorophylle, chassent sous l’oeil fiérot de leur papa Ben. Visage hirsute, look de festivalier woodstockien, allure débonnaire, le monsieur a choisi d’élever ses garnements en les préservant de la violence mercantile, du consumérisme vampirisant, des méfaits de la pollution et de ces maudits aliments génétiquement modifiés… Sa méthode ? Communiquer sans filtre, de manière crue, qu’il soit question de sexe, de religion, de philo ou d’œnologie. 

Remède anti-Trump: Eclairés par la belle lumière de Stéphane Fontaine, le chef-op de Jacques Audiard, les jeunes comédiens qui entourent Mortensen ne sont pas en reste. Castés aux quatre coins du globe, ils composent une famille attachante dont le naturel et la spontanéité irradient de toutes parts.

LOST IN TRANSLATION de Sofia Coppola

Histoire: En situant l'action de son histoire en plein tumulte Tokyoïte (le Japon, à l'autre bout du monde), Sofia Coppola réunit deux solitudes planquées dans un hôtel quatre étoiles : un acteur immense comme un gratte-ciel, encore sous le coup du jet-lag (Bill Murray), condamné à revivre ce que subit le personnage d'Un jour sans fin (Harold Ramis, 1992) ; et une jeune femme (Scarlett Johansson), petite culotte rose qui vient de finir ses études de philosophie, mariée à un photographe qui ne la regarde plus. Ces deux êtres perdus à tous les niveaux (le langage, la hauteur etc.), attendent leur vie entre deux avions et deux fuseaux horaires. L'acteur revenu de tout et le fantôme d'une virgin suicide ont beau avoir des années d'écart : ils partagent les mêmes désillusions et ignorent ce qu'ils vont devenir. Les minutes, les heures, les jours et les nuits se noient dans la même mélancolie. Au moment de la séparation, il lui murmure un secret au creux de l'oreille que le spectateur, témoin de leur rencontre, n'entend pas. 

Remède anti-Trump: Fan absolu de Lost in translation, Quentin Tarantino a qualifié le second long métrage de Sofia Coppola de "haïku" (un poème qui en un minimum de mots traduit des choses complexes). On ne peut pas trouver de meilleure définition pour cette sérénade toute de suavité et de fragilité, tournée en seulement 27 jours. Toujours, Sofia garde une distance respectueuse en rappelant, comme dans son précédent film Virgin Suicides, qu'il est possible de dire beaucoup avec peu de mots. La séduction du film naît de sa discrétion, renvoyant autant à un cinéma Hollywoodien des années 50, à ces histoires d'amour platoniques qui ne connaissent pas les ravages du temps ni les différences d'âge (L'aventure de Madame Muir, Joseph L. Mankiewicz - 1947), qu'à la douce ferveur du Chungking Express (Wong Kar-Wai, 1995). 

LITTLE MISS SUNSHINE de Jonathan Dayton & Valerie Faris 

Histoire: La famille Hoover, en apparence lambda, en réalité assez barjo. Le père, Richard, ne jure que par sa méthode vers le succès en neuf points, une doctrine qui rejette les losers et pourrait bien finir en tête des ventes de best-sellers… c’est en tout cas ce qu’il croit. Son fils aîné, Dwayne, dégoûté de cette propagande, a décidé de ne plus dire un mot tant qu’il ne serait pas entré à l’Air Force Academy. Quant à sa petite sœur, Olive, binoclarde et un peu enrobée, elle se rêve en reine de beauté depuis qu’elle est arrivée deuxième à un concours régional de miss. La famille compte aussi le grand-père, sniffeur d’héroïne et gentiment vicelard, et l’oncle Frank, tout juste remis d’une tentative de suicide liée à l’indifférence de son amant fantasmé. Au milieu de tout ce petit monde vaguement frappadingue, Sheryl tente vaille que vaille de jouer les mères modèles, entre rigueur et compréhension. 

Remède anti-Trump: Dit comme ça, Little Miss Sunshine pourrait avoir des allures de film un peu cucu. C’est tout le contraire. Même si la-sacro sainte valeur familiale s’impose une fois de plus chez les Américains, elle s’accompagne d’un ton décalé, surprenant et attachant. La simplicité de l’écriture est la grande force de ce feel good movie qui sait parler comme rarement des rapports qui lient un ado à ses parents, un frère à sa sœur, des enfants à leur aîné, des marginaux à leur famille. Et une séquence superfreak culte. 

SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ… de Michel Gondry

Histoire: Un homme dont le cerveau devient magnétique efface involontairement toutes les cassettes du vidéoclub dans lequel l'un de ses amis travaille. Afin de satisfaire la demande de la plus fidèle cliente du vidéoclub, une femme démente, les deux hommes décident de réaliser les remakes des films effacés parmi lesquels Retour vers le Futur, Le Roi Lion ou Robocop

Remède anti-Trump: Le duo formé par Jack Black et Mos Def, défiant toutes les lois de la logique cinématographique afin de retourner des classiques du 7ème art, fonctionne instantanément. Ainsi, ils vont se permettre de réaliser les remakes de films tels que Ghosbusters, 2001 L’odyssée de l’espace, Rush Hour 2 ou Men In Black dont il est recommandé d’avoir les séquences cultes en tête pour mieux apprécier les nombreux clins d’œil. C’est avec stupéfaction que l’on réalise que rien ne semble impossible avec un minimum de moyens et un maximum d’intentions. 

PRETTY WOMAN de Gary Marshall

Histoire: Edward Lewis, homme d'affaires performant, rencontre par hasard Vivian Ward, beaute fatale qui arpente chaque nuit les trottoirs d'Hollywood Boulevard. La jeune femme ne fera qu'une bouchee du brillant PDG. 

Remède anti-Trump: Julia, c'est la star, comme naguère Katharine Hepburn et Paulette Godard, dont chaque apparition s'avère scrupuleusement zieutée. Il faut dire qu'en France comme aux Etats-Unis, on adore Julia et la raison de cet amour inconditionnel est simple: celle qui a débuté dans des petits films cucute comme Mystic Pizza a connu au début des années 90 une gloire internationale avec un film, un seul: Pretty Woman, la comédie romantique de Gary Marshall. Si ce Cendrillon des années 90 a charmé, c'est avant tout grâce au tempérament volcanique de la Roberts et au couple qu'elle a formé avec Richard Gere, qu'elle a reformé avec infiniment moins de succès neuf ans plus tard dans le pretty faible Just Married. Qu'elle fasse du shopping sur fond de Roy Orbisson, qu'elle porte une perruque, qu'elle vanne les vendeuses bourgeoises et hypocrites ou qu'elle chante Kiss de Prince dans son bain, Viviane/Julia Roberts a embrasé les esprits et le charisme de l'actrice d'exploser face à des partenaires, tous soumis à sa grâce. A l'arrivée, un énorme succès dans l'Hexagone (4.030.715 entrées seront comptabilisées en 1990). C'est d'autant plus étonnant lorsque l'on sait que Julia Roberts n'était pas le premier choix de Garry Marshall. Michelle Pfeiffer et Valeria Golino étaient initialement prévues et elles avaient refusé le rôle de Vivian, la prostituée engagée par Richard Gere. Elles doivent encore aujourd'hui s'en mordre les doigts.

LA VIE EST BELLE de Frank Capra

Histoire: Le décès de son père oblige un homme à reprendre l'entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l'homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses efforts. Au moment où il approche de la victoire, il égare les 8 000 dollars qu'il devait déposer en banque. Le soir de Noël, désespéré, il songe au suicide. C'est alors que le Ciel dépêche à ses côtés un ange de seconde classe, qui pour gagner ses ailes devra l'aider à sortir de cette mauvaise passe. 

Remède anti-Trump: Une fable sociale dopée au fameux «optimisme» de  Frank Capra. 

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND de Michel Gondry

Histoire: Joel et Clementine ne voient plus que les mauvais côtés de leur tumultueuse histoire d’amour, au point que la jeune femme fait effacer de sa mémoire toute trace de cette relation. Effondré, Joel contacte l’inventeur du procédé Lacuna, le Dr Mierzwiak, pour qu’il extirpe également de sa mémoire tout ce qui le rattachait à Clementine... 

Remède anti-Trump: Ce second long-métrage au titre énigmatique (emprunté à un poème d’Alexander Pope), qu’on pourrait résumer comme une comédie romantique de science-fiction, plonge dans les méandres de l’esprit humain et raconte une histoire d’amour sans fin qui ne tient qu’à un fil, celui du souvenir évanescent. Si, certes, au départ, le procédé formel adopté par Michael Gondry (superposition du présent et du passé, personnages qui s’effacent au fur et à mesure que les souvenirs s’envolent...) peut dérouter, cet enchevêtrement de vignettes tantôt drôles tantôt tristes prend vie et forme grâce à un casting ad hoc (Jim Carrey, Kate Winslet, Mark Ruffalo, Elijah Wood, Tom Wilkinson et Kirsten Dunst) et surtout un scénario original et démesuré qui retrace le chemin intérieur mental d’un homme qui tente de réparer une erreur et voyage dans son inconscient (un peu comme les quidams qui batifolent dans le cerveau de John Malkovich dans Dans la peau de John Malkovich). On n’est pas obligé d’apprécier les vertiges temporels pour se fondre dans cette histoire à la fois simple et complexe, dense et intelligente, profonde et universelle. Mention spéciale à Beck pour sa formidable reprise de Everybody’s gotta learn sometimes des Korgis, dont la mélancolie souveraine inonde le film comme un torrent de douceur.


Romain LE VERN

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