"A peine j'ouvre les yeux" : quand Leyla Bouzid chante la liberté en Tunisie

Mehdi Omaïs
Publié le 22 décembre 2015 à 13h16
"A peine j'ouvre les yeux" : quand Leyla Bouzid chante la liberté en Tunisie

CRITIQUE – Prix du public à la dernière Mostra de Venise, "A peine j’ouvre les yeux" de la tunisienne Leyla Bouzid multiplie les accueils lumineux en festival. Ce drame, en salles ce mercredi, raconte le parcours d’une jeune bachelière cherchant à préserver sa passion pour la musique malgré l’adversité.

Farah, 18 ans, vient d’avoir le bac avec la mention "très bien". De quoi satisfaire sa famille, impatiente de l’orienter vers une carrière médicale. Seulement voilà, à l’instar des héroïnes du récent Mustang, la jeune fille n’est pas aussi docile qu’il n’y parait. Au bistouri, elle préfère le micro, qu’elle serre avec fougue quand son groupe de rock ornemente son joli timbre dans des bars underground de Tunis. Pour cette indomptable, faisant fi de toutes déveines sociétales, la musique constitue la vie. Et chacune de ses ondes diffuse l’air pur qu’elle espère gober jusqu’à l’éclat pulmonaire. 

Le tempo du cœur

Située à l’été 2010, juste avant l’avènement du Printemps Arabe, l’intrigue d’A peine j’ouvre les yeux entend dépeindre l’ère Ben Ali à travers le prisme de la jeunesse. La tunisienne Leyla Bouzid y brode fiévreusement un véritable hymne libertaire et témoigne, gros sabots exclus, du quotidien sclérosant auquel ont été confrontés ses concitoyens. En s’appliquant ainsi à infléchir sa critique, dont les contours congédient toute vendetta ostentatoire, la réalisatrice confère une résonnance universelle à la destinée de ses sujets. 

Porté par la très talentueuse Baya Medhaffar, laquelle dispose d’une voix orientale-pop proche de la libanaise Yasmine Hamdan, ce drame solaire devrait parler à tous les visages de la jeunesse. Son atout ? Faire de la musique, ici composée avec attention par l’Irakien Khyam Allami, un exutoire, un cautère, un lieu d’échanges et d’émancipation. Sans jamais se poser en flic religieux ou social, Bouzid joue bel et bien la carte de la constatation et semble, en creux de son récit, opérer sa (sobre) révolution.    

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Mehdi Omaïs

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