Clea Petrolesi, intermittente, 1300 euros par mois

par Judith KORBER
Publié le 27 février 2014 à 18h21
Clea Petrolesi, intermittente, 1300 euros par mois

INTERVIEW – Les intermittents du spectacle ont manifesté ce jeudi contre la proposition du Medef de modifier leur régime d'indemnité chômage. Loin de la vie des têtes d'affiche de la profession, une jeune comédienne de 27 ans nous raconte son quotidien.

Depuis quand avez-vous ce statut d'intermittente du spectacle ?
Je travaille comme comédienne depuis 5 ans et j'ai accédé au statut d'intermittent il y a 2 ans. Je viens tout juste de le renouveler. Sur les 10 mois et demi pris en compte, j'ai totalisé 527 heures, soit 20 heures de plus que les 507 obligatoires. Je suis comédienne au théâtre, pour la télévision et le cinéma [en 2013, on a notamment pu la voir dans Nos chers voisins et Bon rétablissement, ndlr]. Je donne également des cours de théâtre. Je peux travailler trois semaines non stop de 7 heures du matin à minuit puis, du jour au lendemain, plus rien.

Que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas ?
Il y a effectivement des périodes où je ne suis pas salariée mais je travaille tout le temps. Je passe des castings, j'écris des spectacles, des scénarios, je monte des projets, je fais des recherches notamment sur le théâtre numérique. J'en profite également pour me former, prendre des cours d'italien ou faire des stages de travail à la caméra pour perfectionner mon niveau. Les périodes d'indemnisation servent à tout ça.

Combien gagnez-vous par mois ?
Tous les 10 mois et demi, le montant auquel j'ai droit est recalculé. Il s'élève actuellement à 1 300 euros nets mensuels. Quand je touche plus grâce à mes contrats, Pôle Emploi ne me verse rien sinon il complète jusqu'à ce plafond.

Que pensez-vous de la volonté du Medef de revoir le régime d'indemnisation ?
La culture fait partie de l'identité française, notre cinéma s'exporte, notre théâtre a une visibilité dans le monde entier. La culture a en plus une vertu pédagogique, crée du lien social. Toucher à ce statut revient à faire un choix de société.

Quelles seraient les conséquences pour vous ?
Je ne pourrais plus vivre de mon métier. Grâce à ce statut, on a le temps de travailler en profondeur de manière non industrielle. Il y a peut-être des gens qui abusent du système mais ils ne représentent qu'une partie insignifiante de cette profession.

Vous êtes mobilisée ?
Tout à fait. Je n'ai pas pu participer à la manifestation de ce jeudi parce que j'étais en répétition avec mes élèves, des adolescents handicapés, qui seront sur scène demain. Mais je suis de tout cœur avec les manifestants. Il y a une belle mobilisation, notamment sur les réseaux sociaux.


Judith KORBER

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