Colin Trevorrow, le réalisateur de "Jurassic World", sexiste ou réaliste ?

Anne Donadini
Publié le 23 août 2015 à 13h16
Colin Trevorrow, le réalisateur de "Jurassic World", sexiste ou réaliste ?

CONFLIT – La twittosphère s'est emballée après qu'un internaute a interrogé le cinéaste américain sur la présence des femmes au cinéma. Manque de motivation et d'implication... les femmes sont-elles vraiment responsables ?

Colin Trevorrow, le réalisateur de 38 ans à l'origine du carton de Jurassic World , a conscience du problème mais n'a pas envie d'être pointé du doigt. Vendredi sur Twitter, le twitto Stephan Jansen lui posait la question suivante : "Si vous aviez été une femme réalisatrice à Hollywood, pensez-vous qu'on vous aurait laissé(e) diriger Jurassic World ?"

La réponse de Colin Trevorrow

Pour lui répondre, le scénariste américain s'est impliqué et appliqué, ajoutant à son discours la question cruciale de la motivation, qui semble, selon lui, différente entre les hommes et les femmes.

"Je veux croire qu'un cinéaste ayant à la fois l'envie et la capacité de faire un blockbuster aura l'occasion de se faire entendre. J'insiste sur l'envie car je pense honnêtement que c'est une grande partie de la question. Peu de réalisatrices, dans l'industrie du cinéma, ont envie de faire un gros film de studio. Les réalisateurs ont pourtant des propos et une histoire clairs à raconter, qui n'impliquent pas forcément des vaisseaux ou des dinosaures."

Une façon d'expliquer que les femmes devraient s'intéresser aux blockbusters, indépendamment des sujets de science-fiction prédominants ? C'est pourtant ce qu'elles font : Cinquante nuances de Grey , fort de ses 440 millions d'euros de gains, se place septième au box-office. A l'origine confiée à une femme, Sam Taylor-Johnson, la réalisation du film sera, pour son second volet, remise entre les mains d'un homme, celles de James Foley (House of Cards). En effet, lors du tournage du premier film, sorti dans l'urgence et truffé de pépins, Taylor-Johnson et l'auteure du livre, E. L. James, ont eu de nombreuses frictions.

Autre exemple : Twilight , véritable performance pécuniaire grâce à la sortie d'un film par an entre 2008 et 2012. C'est la Texane Catherine Hardwicke qui a réalisé le premier volet, faisant de Twilight I : Fascination un succès correct. Néanmoins, pour pouvoir être terminés dans les temps, les films suivants sont dirigés par des hommes : Chris Weitz, pour le deuxième, David Slade pour le troisième, et Bill Condon pour les derniers.

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"Personne ne veut faire partie du problème"

Colin Trevorrow pousuit : "Pour moi, ce n'est pas un simple cas d'exclusion au sein d'un système impénétrable. C'est complexe et ça traite d'un sujet rarement discuté : celui de l'intégrité des femmes directrices parmi les hautes sphères artistiques et créatives. Peut-être que cette opinion fait de moi quelqu'un de naïf, mais, en tant qu'employé de deux compagnies dirigées par des femmes brillantes, je ne pense pas l'être. Il y a un désir sincère de corriger ce déséquilibre dans notre industrie. Et oui, ça me fait me sentir mal d'être tenu comme le symptôme d'une injustice sociale. Je suis une personne. Personne n'a envie de faire partie du problème."
 
Jurassic World , qui a rapporté 560 millions d'euros au box-office, n'est que le deuxième long-métrage de Trevorrow. Choisi après la réalisation du film indé Safety Not Guaranteed, diffusé au festival Sundance en 2012, le cinéaste sera aussi aux manettes pour Star Wars : Episode IX . D'ici là, on lui souhaite d'embaucher des femmes qui aient la motivation et les compétences dont il rêve.



Anne Donadini

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