Edward Snowden : son biopic par Oliver Stone, plus que jamais engagé

Publié le 24 octobre 2016 à 10h18
Edward Snowden : son biopic par Oliver Stone, plus que jamais engagé

PREVIEW. Quelques mois après le documentaire "Citizenfour", Edward Snowden est de nouveau au centre des préoccupations dans le biopic qui lui est consacré, réalisé par Oliver Stone, en salles le 1er novembre. Avec Joseph Gordon-Levitt dans la peau de l'ancien soldat de l'armée américaine et agent de la CIA.

La carrière d'Oliver Stone témoigne constamment du besoin de montrer une époque, celle des années 60 notamment (JFK, Nixon). Il montre des temps révélateurs, qui traumatisèrent et façonnèrent l’Amérique moderne jusqu'au 11 septembre. Il veut en pointer la mauvaise conscience. Mais il expose également son interprétation de l'histoire et des grandes figures qui le fascinent (The Doors, Alexandre, W. : l'improbable président). Son œuvre est donc multiple et ne peut se traiter d'un seul bloc. Il faut cependant commencer par souligner sa portée extrêmement autobiographique, une manière d'aborder l'histoire par son intimité et sa subjectivité, son expérience propre qui fonde son oeuvre de cinéaste. 

Oliver Stone est né en 1946 dans une famille new yorkaise assez aisée (son père travaillait à Wall Street, ce qui donne au film éponyme une portée assez autobiographique). D'un milieu privilégié et conservateur, il grandit dans la haute société. Jeune idéaliste (et républicain convaincu alors), il veut faire ses preuves en tant qu'homme en s'engageant dans la guerre du Vietnam (pour voir s'il était capable d'y faire face). Revenu traumatisé et marqué par l'expérience, il a consacré sa vie et son œuvre a exploré ses blessures, la face cachée du rêve américain, créant au fur et à mesure des films une sombre mythologie moderne. On ne s’étonnera donc pas qu’il se soit attaché au personnage de Edward Snowden, seul contre tous. Sujet immense, parfait pour questionner les Etats-Unis. 

Disséquer l'Amérique et ses failles

Tout a commencé lorsque le lanceur d'alertes Edward Snowden, ancien consultant de l'agence de renseignement NSA (National Security Agency), a donné rendez-vous à une documentariste américaine dans un hôtel de Hong Kong en juin 2013. Sans vraiment savoir à quoi s'attendre, elle s'y est rendue accompagnée de Glenn Greenwald puis d'Ewen MacAskill, journalistes du Guardian. C'est là, dans la chambre de Snowden, qu'elle a filmé pendant plusieurs jours le moment où le jeune homme a basculé sans possibilité de retour dans la notoriété mondiale. Ce moment a donné lieu à un documentaire coup de poing: CitizenFour, montrant notamment Snowden en train d'expliquer à Laura Poitras, Glenn Greenwald et Ewen MacAskill le système Prism d'espionnage des communications et des données électroniques de la NSA. Un doc permettant de voir la paranoïa du jeune homme jeune trentenaire envers les caméras, les téléphones. 

Dans Snowden, Oliver Stone décrypte l'envers du décor, ce qui s'est passé au-delà du documentaire pour en faire une fiction où il exploite tous les moyens en sa possession. On voit les rideaux de sa chambre d'hôtel tirés, on le voit, lui, se tendre lorsque des bruits de travaux se font entendre. On le voit aussi expliquer ses motivations, angoissé de voir sa petite amie harcelée, coupable d'avoir fui les Etats-Unis sans la prévenir. Le documentaire montre, plus tard, ses retrouvailles avec elle en Russie, alors qu'Edward Snowden, poursuivi par les Etats-Unis, est aujourd'hui réfugié à Moscou. Deux ans plus tard, CitizenFour a reçu l'Oscar du meilleur documentaire. "Les révélations d'Edward Snowden mettent au jour les menaces qui pèsent sur notre vie privée, mais aussi sur la démocratie. Les décisions qui ont le plus d'impact sur nos vies sont prises dans le plus secret", disait Laura Poitras en recevant sa statuette dorée lors de la dernière cérémonie.  

La motivation du Snowden de Oliver Stone, haletant comme un thriller paranoïaque, était vraiment de raconter ce qui s'est passé et pourquoi Snowden a pris de tels risques pour la démocratie, car la surveillance peut être utilisée contre les gens. Pour être crédible en Snowden, il fallait un acteur à la fois physique et cérébral. Oliver Stone a fait le bon choix avec Joseph Gordon-Levitt dans le rôle éponyme. Shailene Woodley, star de la saga Divergente, joue la petite amie de l'ancien agent de la CIA tandis que Melissa Leo (The Fighter) et Zachary Quinto (Star Trek) interprètent des journalistes intéressés à l'affaire Snowden. 

Selon Oliver Stone, les révélations de Snowden, qui ont valu à l'équipe de journalistes du Guardian et du Washington Post un prix Pulitzer, ont permis aux gens de réaliser ce que le gouvernement fait pour collecter des informations, et cela a entraîné des changements concrets dans la technologie, l'utilisation en hausse du cryptage, les gens font plus attention à leurs données. Mais les agences de renseignement sont devenues hors de contrôle et il faut plus de garde-fous. Faites attention, avec Snowden, Oliver Stone va vous rendre parano. 


Romain LE VERN

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