"Les Cowboys" : François Damiens en guerre contre la radicalisation

Mehdi Omaïs
Publié le 24 novembre 2015 à 17h13
"Les Cowboys" : François Damiens en guerre contre la radicalisation

CRITIQUE – Présenté en mai dernier à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, "Les Cowboys", en salles ce mercredi, marque les premiers pas derrière la caméra de Thomas Bidegain, scénariste d’"Un prophète". On y suit la quête désespérée d’un père (François Damiens), désemparé par la disparition de sa fille.

Stetsons, santiags et autres accoutrements ricains. Quelque part dans l’est de la France, un rassemblement pour aficionados de country & western bat son plein. Les guitares s’exclament, les chants s’envolent et les participants dansent à perdre haleine. Au cœur de cette ferveur figure Alain, contrefort de ladite communauté. La journée eut été parfaite si, à l’issue des festivités, sa fille de 16 ans n’avait pas disparu. Soudainement catapulté dans une réalité inextricable, le bonhomme bourru se lance alors à cor et à cri sur ses traces. Tel est le point de départ assez classique du premier film en qualité de réalisateur de Thomas Bidegain, scénariste attitré de Jacques Audiard.

Emouvant mais trop elliptique

On pense d’abord à une simple fugue, à un acte inconséquent… Mais, sans crier gare, le scénario prend un tournant inattendu quand Alain, impeccablement incarné par le mutique Français Damiens, découvre que la jeune fille s’est fait phagocyter par une nébuleuse jihadiste. A l’instar d’un cowboy aux prises avec un monde en profonde changement, le héros n’hésite pas à voguer en territoires dangereux, traînant dans son sillage son fils, lui aussi décidé à revoir sa chère sœur. Leur quête à grande échelle, jalonnée de chausse-trappes, s’étalera sur une période importante. Longue décennie où se sont succédé les attentats du 11 septembre 2001, ceux de Madrid ou Londres, tristes dates agissant comme des marqueurs du récit.

Porté par des liens filiaux forts, ce récit plutôt prenant se perd hélas bien trop souvent dans les dédales de ses ellipses. A force de bondir d’année en année, le film gagne peut-être en puissance émotionnelle –en laissant notamment le spectateur remplir les blancs– mais perd en crédibilité. Certains éléments narratifs facilitateurs arrivent en effet comme un cheveu sur la soupe, reboostant l’intrigue sans qu’on y croie toujours. Somme toute, le soin apporté aux personnages, l’ambition déployée –avec cette volonté manifeste de coiffer de multiples sujets d’actualité– et l’émotion qui transparait par intermittence achèvent de nous convertir à ce drame sinon imparfait, du moins franchement singulier.     

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