"Nebraska" : Alexander Payne, éternel humaniste du cinéma US

Mehdi Omaïs
Publié le 1 avril 2014 à 13h58
"Nebraska" : Alexander Payne, éternel humaniste du cinéma US

FILIATION - En salles ce mercredi, "Nebraska" relate le voyage à travers les Etats-Unis d'un père et de son fils. Son réalisateur, Alexander Payne, était de passage à Paris pour défendre un film qu'il porte dans son coeur depuis dix ans.

Neuf ans après son enivrant Sideways, Alexander Payne reprend la route avec des personnages touchants. Il y a le père, à l'article de la mort, et son fils, qui accepte de faire un bout de chemin avec lui. Attablé dans les salons d'un hôtel parisien, le cinéaste américain évoque en quatre points la recette de Nebraska, un petit bijou d'émotion.

Auteur avant tout
"On m'a envoyé le scénario de Nebraska il y a 10 ans à cause de son titre (le cinéaste est natif de cet état, ndlr). Après lecture, j'ai voulu en tirer une œuvre drôle et tendre, sans prétention. Depuis toujours, j'essaye de réaliser, à mon modeste rythme, des films ayant pour référentiel le cinéma américain des années 70 et les comédies italiennes des années 60. Je ne suis pas aussi rapide et discipliné que des cinéastes comme Woody Allen ou Takashi Miike (rires)."

Père et fils
"Il y a toujours un mystère qui plane autour du père. Qui est-il ? Sait-on tout de lui ? Dans mon film, le héros va bientôt mourir. Son fils tente de restaurer le peu de dignité qu'il lui reste en voyageant à ses côtés. J'ai déjà fait ça avec mon père. Je l'ai pris deux fois à l'université où il a étudié pour assister à des réunions. Il m'a raconté d'incroyables anecdotes sur sa jeunesse. C'était génial. Il a aujourd'hui 98 ans et vit en maison de retraite."

Un acteur en or
"Je suis content que Bruce Dern ait été récompensé à Cannes pour son interprétation. Je peux vous dire que c'était important pour lui. Il a toujours voulu devenir un grand acteur, de premier rang. A 80 ans, cette reconnaissance, amplement méritée, lui donne un sentiment de renaissance. Jouer est un véritable sport de compétition et Bruce fait partie des marathoniens. Il a tenu la distance. J'ai d'ailleurs voté pour lui aux derniers Oscars. Il a malheureusement perdu."

Halte aux couleurs
"Mon espoir, même si je pense avoir tort, c'est que l'absence de couleurs, réputée désuète, revienne à la mode. Les jeunes trouvent que les films en noir et blanc sont repoussants mais en ont-ils déjà vus un ? Rejettent-ils a priori des œuvres comme Casablanca, La liste de Schindler ou Eraserhead ? De toutes les manières, si ça ne leur plait pas, et bien je dis : fuck them (éclat de rire). Je suis un cinéphile. La plupart des films que je vois sont en noir et blanc. L'art est censé transformer le réel".


Mehdi Omaïs

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