Ridley Scott : "Aller sur Mars ? Je préfère rester sur Terre pour faire des films"

Publié le 21 octobre 2015 à 14h30
Ridley Scott : "Aller sur Mars ? Je préfère rester sur Terre pour faire des films"

INTERVIEW – Cinéaste visionnaire de "Alien" et "Blade Runner", Ridley Scott, 77 ans, renoue avec la science-fiction avec "Seul sur Mars", l'adaptation du best seller d'Andy Weir. Ou l'histoire d'un astronaute américain qui se retrouve abandonné sur la planète rouge par son équipage qui le croit mort. Improbable mais vrai ? metronews est allé poser la question au principal intéressé.

Il paraît qu'aux Etats-Unis, certains spectateurs ont cru que Seul sur Mars était tiré d'une histoire vraie. Ça vous étonne ?
En tout cas ça veut dire que le film est réaliste ! En fait nous sommes à 10 ans de la faisabilité d'un tel voyage sur Mars. Tout est parti du livre d'Andy Weir (The Martian - ndlr), qu'il a commencé à publier en ligne, chapitre par chapitre. Au bout de deux mois, il avait des centaines, puis des milliers de lecteurs. Un jour il s'est rendu compte qu'il était suivi par les gens de la NASA qui étaient très enthousiastes. Alors il leur a directement demandé des conseils. C'est devenu fastidieux car ils lui disaient 'ce truc est possible, ce truc-là ne l'est pas'. Et dans tout ça, il y avait une véritable dimension dramatique, matériau indispensable à la fiction. Au cinéma, les gens aiment être placés devant un puzzle. Mais ils ne veulent pas être en avance sur celui qui le fabrique sous leurs yeux. Juste un peu retard. Sinon c'est ennuyeux. Je pense que c'est le cas avec Seul sur Mars (sourire).

Qu'avez-vous appris en faisant celui-ci ?
Les scientifiques dont parle le film m'ont fasciné. Je les compare à des artistes. Ils doivent penser un problème, de façon horizontale et verticale. De la même façon qu'un peintre ou un romancier qui réfléchissent en quatre dimensions. La science, c'est la même chose. On affronte un obstacle, on le surmonte, puis un autre obstacle survient. Et ainsi de suite... Parfois on avance pendant des jours et puis se retrouve face à un mur et il faut revenir en arrière. C'est complexe, mais pour ces gens ça reste une passion avant tout.

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Et l'espace ? A-t-il encore le moindre secret pour vous ?
Je me rappelle avoir rencontré Carl Sagan (l'astronome et écrivain -ndlr) à l'issue d'une projection d'Alien, à Los Angeles, en 1979. Il m'a dit 'votre film est crédible, mais ni vous ni moi ne rencontrerons un extraterrestre au cours de notre vie. Ce qui est amusant, c'est qu'il a ensuite écrit Contact, en 1985, un livre qui est devenu un film par la suite. On y voyait la manière dont les aliens procéderaient pour communiquer avec nous. C'était assez précis sur le temps et la distance nécessaires. A la fin du livre, l'héroïne est "qualifiée" pour les rencontrer. Mais elle doit attendre encore 12 ans ! De nos jours, on est tous d'accord pour dire que si une planète tourne autour de l'équivalent d'un soleil, quelque part dans la galaxie, il y a forcément des formes de vie, même minimes. Mais ça n'arrivera pas demain, hélas...

"Pour moi un tournage est l'équivalent d'un décollage pour l'espace"

Et si vous pouviez partir pour Mars ou une autre planète demain ?
Non, je préfère rester sur Terre pour faire des films ! (rires) Pour moi un tournage est l'équivalent d'un décollage pour l'espace (sourire).

Vous êtes-vous déjà senti abandonné sur un tournage comme le personnage joué par Matt Damon l'est dans le film ?
Non, jamais (ferme). Je n'ai jamais été intimidé. Lorsque j'ai commencé à tourner des films, avec Les Duellistes (en 1977 – ndlr) je savais y faire, j'avais déjà une longe expérience de la publicité. On ne doit pas, on ne peut pas avoir peur. Sinon il ne faut pas faire ce métier.

Et vous êtes-vous déjà senti abandonné ?
Oh mais ça arrive à chaque fois ! Je me rappelle que j'ai été détruit par une critique du New York lors de la sortie de Blade Runner. Je me suis dit que je ne lirais plus jamais les papiers sur mes films. Si on est écrivain, peintre, ou cinéaste, il ne faut compter que sur son propre avis, pas sur celui d'un tiers. Et surtout n'avoir aucun regret. 

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Jérôme VERMELIN

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