Sylvie Testud dans "Arrête ton cinéma !" : "Je n’ai aucun compte à régler avec les gens du métier"

Publié le 13 janvier 2016 à 7h00
Sylvie Testud dans "Arrête ton cinéma !" : "Je n’ai aucun compte à régler avec les gens du métier"

AUTO-FICTION. En attendant de la retrouver en Charlotte Robespierre dans "Les Visiteurs 3", Sylvie Testud joue une actrice qui s’associe à deux productrices hystériques pour réaliser son premier film. Une comédie adaptée de son roman "C’est le métier qui rentre" et réalisée par Diane Kurys. Rencontre.

Pourquoi ne pas avoir réalisé vous-même ?
On me l’a proposé, comme pour chacun de mes romans.  Mais un livre est une fin en soi. Ce n’est pas un objet en devenir. En adaptant un de mes romans, j’aurais peur de manquer de recul, de faire tout ce qu’il ne faut pas faire.

Vous avez pourtant collaboré au scénario ?
C’est autre chose. Diane avait une nouvelle inspiration : elle voyait les choses différemment, en accentuant la comédie notamment. C’est elle qui a par exemple décidé de faire de mes producteurs, qui étaient frère et sœur dans le livre, un couple de femmes. Ca emportait mon histoire ailleurs, ça la relançait et ça me permettait de rebondir alors que je croyais avoir tout donné avec le roman.

Le jouer était en revanche une évidence ?
Non plus. Je trouvais même ça très chic de donner mon livre tout entier à quelqu’un (rires). Mais plus on écrivait, plus j’aimais ce que Sybille devenait. Mais c’était Diane (avec laquelle elle a tourné Sagan, ndlr), Zabou Breitman et Josiane Balasko, trois femmes qui osent, trois réalisatrices. J’avais envie de faire partie de la bande !

A quel point ce personnage vous ressemble-t-il ?
C’est ma bad side, comme dans tous mes romans. Sybille est une caricature de moi-même : je tape sur elle en me disant "je suis quand même moins con" (rires). C’est presque rassurant comme exercice : c’est une façon de reprendre le pouvoir sur soi et de dire ce qui n’est pas avouable dans la vie. J’utilise mes défauts pour faire de Sybille une sorte de clown blanc.

Ce projet de film avorté vous a-t-il dégoûté de la réalisation ?
Pas du tout. J’ai vécu une grosse désillusion mais un ratage doit rester un ratage. J’y croyais à fond à ces personnages, ils existaient... Ca n’a pas été simple mais ça ne m’a pas coupé les ailes. Cela dit, j’espère ne jamais avoir à vérifier cette phrase horrible qu’un réalisateur m’a sorti un jour : "chaque film est la somme des échecs de ceux qui ne se sont pas faits." Je préfère croire que la prochaine fois, ce sera plus facile.

Vos producteurs hystériques seraient inspirés de professionnels connus dans le métier.
C’est une connerie. Je n’ai aucun compte à régler avec les gens du métier, sauf peut-être avec moi-même qui ai cru qu’on me donnerait de l’argent sans rien me demander en retour. Mais mes personnages sont de la fiction. Un film se monte avec une grosse équipe, financiers compris, mais quand on écrit, il faut réduire tout ce petit monde à un ou deux individus. Les producteurs du livre et du film sont le fruit de nombreuses rencontres, de fantasmes aussi. Il faut prendre les choses avec de la distance : les rapports de pouvoir et d’argent existent partout. Mon histoire pourrait se situer dans n’importe quel milieu.

Les egos d’actrices que vous dépeignez sont aussi pure fiction ?
Ce métier exacerbe tout : les défauts comme les qualités. Mais Claire Keim, Virginie Hocq et Hélène de Fougerolles, qui jouent des comédiennes un peu "difficiles", se sont toutes prêté des tares qu’elles n’ont pas. Elles ne sont ni capricieuses, ni odieuses. Mais les acteurs sont tellement exposés qu’ils manient tous très bien la dérision.

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La rédaction de TF1info

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