"Un amour d'hiver" : chronique d'une daube enneigée

Mehdi Omaïs
Publié le 11 mars 2014 à 13h01
"Un amour d'hiver" : chronique d'une daube enneigée

CRITIQUE - "Un amour d'hiver", premier film du scénariste de "Da Vinci Code", sort ce mercredi dans les salles. Porté par un casting de luxe, il n'en demeure pas moins une authentique daube. Explications.

Les bonnes intentions ne font pas toujours de bons films. Pire, elles créent parfois des aberrations cinématographiques retentissantes, à l'instar d'Un amour d'hiver, adaptation du best-seller de Mark Helprin publié en 1983. Derrière ce joli titre se cachait pourtant la promesse d'un spectacle romanesque, avec son lot de baisers fougueux saupoudrés de flocons de neige. Revoyez hélas vos espoirs à la baisse puisque le long métrage en question embrasse le ridicule de manière outrageusement décomplexée.

Scénariste prisé par Hollywood pour avoir notamment signé les trames de Da Vinci Code ou Je suis une légende , Akiva Goldsman fait ici ses premiers pas derrière la caméra. A sa disposition ? Un budget confortable de 60 millions de billets verts, le directeur de photographie Caleb Deschanel et un casting cinq étoiles réunissant Colin Farrell, Jessica Brown Findlay, Russell Crowe, Jennifer Connelly et Will Smith. Sur le papier, tous les éléments étaient donc réunis pour concocter une recette sinon agréable, du moins tolérable.

Maelström givrant

Rien ne pouvait pourtant préparer le spectateur à un tel naufrage. Ce qu'on croyait être un drame d'époque s'est mué, aux dépens de tous, en une terrible comédie où l'on rit de honte, d'embarras et, parfois, à gorge superbement déployée. L'action se situe à New York au tout début du XXème siècle. Peter Lake (Farrell), notre héros (et voleur) à la coiffure risible, tombe amoureux de Beverly Penn (Brown Findlay), une rousse condamnée par la maladie. Parallèlement, il tente de repousser les affronts méphistophéliques de son mentor ( Crowe ).

A vue de nez, l'intrigue a l'air simpliste mais elle est beaucoup plus retorse qu'elle n'y paraît. En réalité, pour faire triompher le bien et l'amour, Peter va voyager dans le temps, à l'aide notamment d'un cheval ailé. Et défier les forces des ténèbres – Lucifer est incarné par Will Smith en boucles d'oreille et t-shirt Jimmy Hendrix (ceci n'est pas une blague). Ce n'est qu'en arrivant à recréer un miracle que Peter pourra accrocher son étoile dans le ciel et convaincre le spectateur que l'homme fait partie d'une cohorte d'univers parallèles inter-connectés. Si, si.

Indigestions visuelle et émotionnelle

Cette lutte du bien contre le mal, cette réflexion de comptoir sur le karma, cette histoire de cœur en hiver... Toute cette tambouille n'existe jamais à l'écran, pas même de façon théorique. Les intentions sont toujours noyées par des acteurs cabotins qui multiplient les grands moments de solitude, les effets spéciaux kitschissimes, les décors en carton-pâte et les répliques à dormir dans un igloo sans peau de bête. Le nanar aurait certes pu être attendrissant. Hélas, il est purement désespérant.


Mehdi Omaïs

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