"Kingsman 2" : surtout ne dites pas à Matthew Vaughn que son film est cool...

Publié le 10 octobre 2017 à 16h01, mis à jour le 10 octobre 2017 à 16h23
"Kingsman 2" : surtout ne dites pas à Matthew Vaughn que son film est cool...
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RENCONTRE - En salles ce mercredi, "Kingsman – Le Cercle d’or" porte la patte chic et destroy de son réalisateur, le Britannique Matthew Vaughn. De passage à Paris, il s’est confié à LCI.

Même le pied cassé, l’épatant Matthew Vaughn conserve le sens du style. Fin septembre, le gentleman destroy du cinéma britannique arpentait les tapis rouges de toute l’Europe au bras de sa compagne, l'ex-mannequin Claudia Schiffer, avec une canne, un chapeau... et une botte de neige ornée d’un "K". Pour Kingsman, bien évidemment, la saga d’action déjantée dont il vient de signer le deuxième épisode, sous-titré "Le Cercle d'or", après le méga-succès du premier. Rappel des faits.

En 2015, le grand public fait la connaissance d'une mystérieuse agence d’espionnage dont le QG est dissimulé dans la boutique d’un tailleur de Saville Row. Vous n’étiez pas au courant ? L’expérimenté Harry Hart (Colin Firth) y prenait sous son aile le jeune Gary "Eggsy" Unwin (Taron Egerton) et lui apprenait à rester chic tout en exterminant un maximum de méchants. Inspirée de la BD The Secret Service, de Mark Millar, Kingsman va séduire par son mélange d’humour noir et d’action cartoonesque. Verdict : plus de 400 millions de dollars de recettes dans le monde.

"Kingsman : Le Cercle d'or", la bande-annonceSource : Sujet JT LCI
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Hart officiellement décédé à la fin du premier épisode, c’est à Eggsy de reprendre le flambeau dans la suite, en salles ce mercredi. Alors qu’il est sur le point d’épouser Tilde, une princesse suédoise pour de vrai, voilà qu’un missile détruit les bureaux – et la quasi-totalité des Kingsman avec. Epaulé par le toujours flegmatique Merlin (Mark Strong), il va être contraint de demander l’aide des Statesman, leur équivalent made in America, pour une suite plus spectaculaire, plus délirante, parfois plus improbable que l’original. 

Plus cool aussi ? Matthew Vaughn nous coupe tout de suite, comme si on avait commis une abominable faute de goût. "J’ai établi une règle bizarre avec mon équipe : au bureau, nous avons l’interdiction d’utiliser le mot cool", prévient-il, mi-sévère, mi-malicieux. "Parce qu'au moment où tu essaies d’être cool, tu ne l’es plus ! Pour moi on est cool où on ne l’est pas. Kingsman c’est avant tout une question de swag." De swag ? Quand on demande au cinéaste d’élaborer, il s’anime enfin, après nous avoir un peu pris de haut.

Matthew Vaughn : "La seule règle avec Kingsman, c'est de divertir"Source : Sujet JT LCI
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"Mes films ont une éthique : n’ayons aucune règle sinon de divertir. Est-ce qu’on va choquer les gens ? Génial ! Est-ce que certains vont détester ? Génial ! Pour moi il n’y a aucun intérêt à faire un film d’espionnage comme les autres… Parce que dans Kingsman, nous voulons faire ce qu’aucun autre film n’ose faire. Il serait tentant d’écouter le studio quand il vous dit qu’on gagnerait plus d’argent en adoucissant le style… Mais moi je ne veux pas faire un truc fade. Je préfère que les gens me disent qu’ils adorent ou qu’ils détestent. Mais au moins je pourrais les regarder dans les yeux en disant que j’ai fait le film que je voulais !". Voilà qui est dit.

Grand copain de Guy Ritchie, dont il a produit les premiers films (Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch), Matthew Vaughn, 46 ans, marie une élégance so british avec l’assurance un rien arrogante d’un vieux routier de Hollywood. Ce qui s’explique peut-être par ses origines surprenantes. Enfant, le futur cinéaste est persuadé qu’il est le fruit d’une liaison entre sa mère, productrice pour la BBC, et le sulfureux comédien américain Robert Vaughn, célèbre interprète de Napoléon Solo dans la série Des agents très spéciaux. Tiens, tiens. Des années plus tard, un test de paternité révélera qu’il est en réalité le fils d’un riche aristocrate britannique… 

Il révèle Daniel Craig

En 2004, Matthew Vaughn se fait repérer avec Layer Cake, son premier film, inspiré du polar du même nom de J.J. Connolly. Une plongée brutale dans la mafia londonienne qui révèle un certain Daniel Craig. Quelques mois plus tard, l’acteur enfile le costard de 007 à la place de Pierce Brosnan. Et son réalisateur se retrouve sur la short list pour réaliser Casino Royale. Le jeune cinéaste ambitieux se verra finalement proposer le 3e volet de la saga X-Men, avant d’abandonner à deux semaines du tournage pour d’obscures raisons "personnelles et professionnelles".

Après Stardust, une jolie incursion dans l’univers fantastique de l’écrivain Neil Gaiman, Matthew Vaughn croise en 2009 la route de Mark Millar, auteur écossais de comics dont l’univers explosif semble taillé pour ses envies de cinéaste, lassé de la vague néo-réaliste du cinéma d’action contemporain "à la Christopher Nolan". Ensemble, ils doivent plancher sur une adaptation de Thor pour Disney. Leur rencontre donnera finalement naissance à Kick Ass, ou l’histoire d’un ado déterminé à devenir un superhéros… même s’il n’en possède par le millième des pouvoirs.

Aujourd’hui je vais encore souvent en salles et je vois les gens partir comme s’ils sortaient d’un enterrement
Matthew Vaughn

Le résultat est drôle, tendance méchant. Hyper violent limite tendancieux puisqu’on y croise des mineurs armés jusqu’aux dents. Et offrira à ses auteurs un carton inattendu au box-office. "Mark a le chic pour inventer des concepts incroyables, savoure le cinéaste. Et il en a des millions ! C’est souvent dingue, très visuel. J’essaie de leur insuffler de l’émotion en donnant de la chair à ses personnages. On forme une bonne équipe." Qui se reforme en 2015 pour Kingsman avec le succès qu’on connaît. Après avoir finalement réalisé son épisode de X-Men, en 2011, Matthew Vaughn est désormais déterminé à faire ses films à lui. Sans faire de concession. On l’avait bien compris mais il n’hésite pas à le répéter avec passion.

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"Quand j’étais gamin et que je sortais du cinéma, on rejouait les scènes avec mes copains, on débattait pour savoir si c’était bien ou pas", se souvient le cinéaste, désormais papa de deux bambins. "Certains adoraient, d’autres détestaient. Aujourd’hui je vais encore souvent en salles et je vois les gens partir comme s’ils sortaient d’un enterrement", s’emporte-t-il en imitant une armée de zombies, têtes baissées. "Ils n’ont pas l’air excités, ni d’avoir envie de discuter. Ils rentrent chez eux et ils passent à autre chose. Alors que moi je veux faire des films qui leur donnent le sentiment d’être en vie."

>> Kingsman : Le Cercle d'or. De Matthew Vaughn. Avec Taron Egerton, Colin Firth, Mark Strong. 2h21


Jérôme VERMELIN

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