Comment le chômage peut-il augmenter et baisser à la fois ?

Publié le 4 juin 2015 à 13h22
  Comment le chômage peut-il augmenter et baisser à la fois ?

PARADOXE - Le taux de chômage est en baisse selon l'Insee alors que le nombre de chômeurs a augmenté. Question de méthode de calcul. Explication.

La courbe du chômage s'inverse alors que le nombre de chômeurs bat des records. Dans un cas, il s'agit des calculs de l'Insee. Dans l'autre, ce sont ceux de Pôle emploi. Comment expliquer la différence de chiffres ?

► Le paradoxe
D'un côté, l' Insee annonce ce jeudi 4 juin 2015 une baisse de 0,1 point du taux de chômage. En détail, le taux de chômage en métropole est passé à 10% au premier trimestre contre 10,1% au dernier trimestre 2014. Avec les départements d'Outre-mer, le taux atteint 10,3% contre 10,4% sur les trois derniers mois de l'année dernière. Dans les deux cas, c'est bel et bien une baisse de 0,1 point.

EN SAVOIR + >> Le taux de chômage a baissé à 10% au premier trimestre

De l'autre côté, Pôle emploi fait état d'une hausse de 0,3 point du nombre d'inscrits de catégorie A sur la même période. En mars, la France métropolitaine avait dépassé les 3,5 millions de chômeurs sans aucune activité. Sur le premier trimestre, le nombre de chômeurs a augmenté de 9200 personnes. Sans oublier les 26.000 nouveaux inscrits en avril. En fin de compte le nombre de demandeurs d'emploi a bondi de 21 % depuis l'arrivée du président Hollande à l'Elysée.

► Qui a raison ?
Les deux. Car ce n'est pas parce que le nombre de demandeurs d'emploi augmente que le taux de chômage doit forcément augmenter. Ce taux se calcule en rapportant le nombre de chômeurs à la population active.

Ainsi si la population active augmente (et c'est le cas en raison surtout du recul de l'âge de départ à la retraite) plus vite que le nombre d'inscrits à Pôle emploi, alors le taux de chômage recule. C'est mathématique.

Population active ⇒ Il s'agit des personnes qui travaillent ou qui cherchent un emploi. Leur nombre a augmenté de 33.000 personnes au premier trimestre d'après l'Insee.

► Deux définitions du chômeur
Autre élément susceptible de brouiller les cartes : Pôle emploi et l'Insee n'ont pas la même définition de ce qu'est un chômeur.

Pôle emploi comptabilise simplement chaque mois le nombre d'inscrits dans ses agences (5,3 millions en métropole en mars). Puis les distingue en cinq catégories (A, B, C, D, E) selon leur degré d'activité (rien du tout, quelques heures, stage, formation, contrat aidé...). La catégorie A, dont on fait le plus souvent état, concerne ceux qui n'ont pas du tout travaillé. Ils étaient 3,5 millions en mars.

L'Insee utilise les critères élaborés par le Bureau international du travail (BIT) pour définir ce qu'est un chômeur. C'est-à-dire une personnes de plus de 15 ans qui n'a pas du tout travaillé, qui a effectué des démarches pour décrocher un emploi et qui est disponible pour travailler dans les deux semaines. Or des personnes peuvent chercher un travail sans être inscrites à Pôle emploi et à l'inverse, des personnes inscrites peuvent ne pas en rechercher activement. Avec ce calcul, le nombre de chômeurs atteignait 2,86 millions de personnes en mars.

EN SAVOIR +
>>  La marche à suivre pour toucher votre allocation
>>
Pôle emploi : le calendrier d'actualisation


Laurence VALDÉS

Tout
TF1 Info