Tour de France 2015 : Raymond Poulidor et Bernard Hinault jugent la nouvelle génération

Publié le 8 juillet 2015 à 17h41
Tour de France 2015 : Raymond Poulidor et Bernard Hinault jugent la nouvelle génération

CYCLISME — Les deux glorieux anciens restent des observateurs avisés de leur sport et de la Grande Boucle. Pour «metronews», «Poupou» et le «Blaireau» jettent leur regard acéré sur la malédiction qui fait qu'aucun Français n'a remporté le Tour depuis trente ans. Ainsi que sur les chances des Pinot, Bardet, Bouhanni, Barguil, Gallopin & co d'y parvenir.

Nul n'est prophète en son pays. Surtout sur le Tour de France. Et c'est encore plus vrai dans cette édition 2015 où le sort s'acharne contre les coureurs tricolores. Annoncé favori, Thibault Pinot, 3e l'an dernier, accuse déjà un tel retard au général qu'il a été contraint de « changer ses objectifs ». Quant à Nacer Bouhanni, il a dû abandonner après une 3e chute en dix jours. D'autres, comme Romain Bardet et Warren Barguil, font bonne figure, mais rien n'indique, c'est le moins que l'on puisse dire, qu'un de nos représentants mettra fin cette année à une disette nationale désormais vieille de trente ans. Metronews a donc sollicité le dernier vainqueur français en date, Bernard Hinault (1985), et celui qui l'a perdu pour 55 secondes, Raymond Poulidor, afin qu'ils nous expliquent le pourquoi du comment.

Quintuple vainqueur en huit participations, le « Blaireau » pointe un manque d'ambition, comme l'avait fait Yannick Noah au moment de commenter la défaite des Bleus en finale de la Coupe Davis, fin 2014 : « Certes, on a de bons coureurs, mais il faut aussi avoir du tempérament. Et se remettre en cause. Dès l'entraînement peut-être. Parce que quand on regarde nos Français qui évoluent dans des équipes étrangères, comme Barguil (Giant-Alpecin) ou Gallopin (Lotto-Soudal), on constate que ça marche bien pour eux. Quand j'entends qu'un garçon s'aligne en disant que ce serait bien s'il finissait dans le top 10, ça me désole. Si on vient sur le Tour, c'est pour le gagner. Il faut oser attaquer. »

À LIRE AUSSI >> Raymond Poulidor : «  Le Tour de France est devenu aseptisé »

« Poupou », toujours bonne pâte, se montre plus indulgent. Et explique cette malédiction par… le temps qui passe. « Toutes les grandes nations ont connu ça. L'après-Merckx a été très dur pour la Belgique. Après des années, aucun nouveau grand coureur n'a émergé. Eh bien on ne remplace pas un Bernard Hinault du jour au lendemain. Au palmarès, il n'y a que Merckx qui le devance », rappelle-t-il. Avant de faire remarquer que « depuis quelques années, le cyclisme est mondialisé. Quand il n'y avait que la vieille Europe, on pouvait gagner des courses plus facilement. Maintenant, sur 200 coureurs au départ, vous avez 25 Français. Avant, c'était 70 Français sur 148 coureurs. »

Raymond Poulidor : « Jamais notre cyclisme de jeunes n'a été aussi riche »

Mais les glorieux anciens n'ont-ils justement pas un rôle à jouer dans la transmission de la gagne ? « Ce n'est pas moi à de leur parler. C'est à eux d'aller chercher les informations là où elles se trouvent. Moi, je suis un vieux. Et ils ont des gens autour d'eux qui sont compétents, normalement », tacle encore Bernard Hinault. Un avis cette fois partagé par Raymond Poulidor : « Les conseils que je pourrais leur donner n'auraient aucune importance pour eux. La base du cyclisme n'a pas changé. Mais, aujourd'hui, avec le GPS sur le vélo, on établit des plans d'attaque quasiment deux ans à l'avance. Alors que les conditions climatiques peuvent tout changer du jour au lendemain. Le vent défavorable, la pluie, un coureur qui attaque d'entrée… et tous les plans tombent à l'eau. »

L'éternel second veut toutefois croire en des lendemains qui chantent. « Un cycliste atteint la force de l'âge vers 28 ans, assure-t-il. Bardet et Pinot ont encore quatre ou cinq ans pour apprendre et ils promettent beaucoup. Et puis on a une relève de sprinters incroyable. Je crois que jamais notre cyclisme de jeunes n'a été aussi riche, y compris en grimpeurs. Ils peuvent remporter de grandes courses à étapes et de grandes classiques. Bardet me plaît beaucoup, parce que c'est un attaquant. Il a du panache. Il y a aussi Bouhanni, un vrai battant, hargneux et audacieux, comme Voeckler. Et puis Barguil, qui sera peut-être la révélation de ce Tour de France ! Il est très impressionnant », s'enflamme-t-il. Même si le réalisme finit par l'emporter : « On ne sait pas si un futur vainqueur du Tour est né. Il leur manque de l'expérience, mais peut-être aussi des jambes. » La fatalité, un concept très français.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info