Tour de France 2016 : ça veut dire quoi, "baroudeur" ? (7/7)

Jérémy SATIS
Publié le 7 juillet 2016 à 16h40
Tour de France 2016 : ça veut dire quoi, "baroudeur" ? (7/7)

DICTIONNAIRE - Entre le 2 et le 24 juillet, les plus grands coureurs au monde se retrouvent comme tous les ans sur les routes de France pour la plus prestigieuse des courses par étapes. L'occasion pour les téléspectateurs de continuer à admirer les paysages... mais aussi de comprendre la course et le jargon cycliste qui va avec. Septième épisode de notre série avec l'expression "baroudeur", qui nous est notamment expliquée par Cyrille Guimard et les auteurs du livre "En boucle, un autre regard sur le tour"

Un baroudeur est un coureur cycliste qui fausse compagnie au peloton le matin et qui se fait systématiquement (ou presque) rattraper à quelques kilomètres de l’arrivée. Voilà pour la définition un petit peu péjorative. De manière plus objective, le baroudeur est souvent un coureur qui a des bonnes capacités pour rouler seul mais qui n’a pas forcément le coup de pédale pour gagner en peloton. S’il y a une trentaine d’années, ce type de coureur existait déjà, l’appellation, elle, est toute récente.

Ce sont en fait les commentateurs de télévision qui les ont appelés ainsi, désireux de nommer ces fameux coureurs qui s’échappent tôt le matin pour tenter leur chance en solitaire. Ces derniers temps, avec la présence des oreillettes, les grands barouds d’honneur sont en voie de disparition. Mais les coureurs qui tentent leur chance de loin s’attirent tout de même très souvent la sympathie du grand public.

► La définition des auteurs de "En boucle, un autre regard sur le Tour"

/div

/div

/div

On ne sait si l’expression "en danseuse" appartint jamais au jargon du cyclisme. Elle en est en tout cas sortie depuis longtemps : le plus maladroit des amateurs sait aujourd’hui qu’elle désigne le mouvement de lever le cul de sa selle. Il oublie du coup la grâce ironique que contient cette étonnante métaphore. Oui, les forçats de la route, les bourrins du pédalier, les machines à bouffer des kilomètres consentent à devenir quelquefois des êtres gracieux et aériens. Oui, le plus grand champion accepte, pour séduire les vertigineux sommets qu’on lui propose d’atteindre, d’échanger ses sombres cuissards pour un tutu rose. Et alors, pour peu qu’un autre champion l’accompagne (comme Anquetil accompagna Poulidor sur les pentes du puy de Dôme), leur duel, devenu chorégraphique, prend des airs de "pas de deux".

"En boucle, un autre regard sur le Tour" (Editions Tana)

► L'oeil de Cyrille Guimard

Je trouve que le terme baroudeur ne correspond pas vraiment aux cyclistes qui s'échappent pour aller gagner. Pour moi un baroudeur, aujourd'hui,   En gros, c'est un coureur qui ne peut pas gagner à la pédale et qui part de loin pour compenser. Avant, certains étaient capables de gagner. Jacky Durand, mon ancien coéquipier, lui, partait seul mais était capable de gagner. Or, les baroudeurs aujourd'hui  n'ont pas la capacité de gagner des courses, ou alors une fois dans les neiges.
 
Durand  quand il sortait, lui, une fois sur deux il gagnait. Que ce soit sur les étapes du Tour ou sur des classiques, il avait un tel sens de la course qu’il prenait toujours la bonne décision. Aujourd’hui, beaucoup tentent un baroud pour montrer le sponsor maillot à la télévision, parfois à la demande des directeurs sportifs. Mais les barouds victorieux sont en voie d'extinction depuis quelques années maintenant.


► La photo

Jacky Durand, l'un des plus grands baroudeurs français de l'histoire, remporte, en solo, une étape sur Paris-Nice en 1999. 
 

Jacky Durand s'impose sur Paris-Nice. 
Jacky Durand s'impose sur Paris-Nice.  - PASCAL PAVANI / AFP

Jérémy SATIS

Tout
TF1 Info