Alain Juppé dénonce "l'hystérie" autour de l'islam et réplique à Nicolas Sarkozy

Publié le 20 septembre 2016 à 10h41, mis à jour le 20 septembre 2016 à 10h54
Alain Juppé dénonce "l'hystérie" autour de l'islam et réplique à  Nicolas Sarkozy
Source : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

ON SE CALME - Alain Juppé a dénoncé mardi matin "l'hystérie" qui caractériserait les débats actuels sur la laïcité. Et s'est encore expliqué sur ses propos tenus en mai sur "les accommodements raisonnables".

Entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, le courant devient plus électrique à mesure que la campagne avance. Le maire de Bordeaux s'en est pris sans le nommer, mardi matin sur France Info, à son concurrent. Il s'exprimait à propos des débats autour de l'islam et de la laïcité. A l'adresse des "certains de ses adversaires... je retire le mot adversaire... de mes concurrents", le candidat à à la primaire à droite a délivré ce message en réponse notamment aux prises de position de Nicolas Sarkozy.

Une enquête récente montre que les deux tiers des musulmans acceptent les lois de la République. Assez d’amalgames, assez de frénésie sur cette question-là
Alain Juppé

 Ce qui irrite particulièrement Alain Juppé, ce sont les attaques récentes de Nicolas Sarkozy sur les propos qu'il avait tenus en mai dans Le Figaro au sujet des "accommodements raisonnables" avec les minorités religieuses ou culturelles. Le 12 septembre, lors d'un meeting, Nicolas Sarkozy disait vouloir "en finir une bonne fois pour toute avec cette idée folle que tout mérite d’être respecté avec la même considération. Je n’accepte pas les accommodements prétendus raisonnables avec les extrémistes". Accommodements avec les extrémistes ? Pour Alain Juppé, c'en est trop :

Je n’accepte pas l’hystérie déraisonnable sur cette question de la relation avec les musulmans
Alain Juppé

Explication de texte

L'ancien Premier ministre, chantre de l'intégration plutôt que l'assimilation - "Quand on coupe les racines d'un arbre, il meurt. Nous sommes divers " - décide donc de s'expliquer sur le terme "accommodements raisonnables" qui lui a valu tant d'attaques de l'extrême droite, mais aussi une "propagande redoutable", dit-il, de ses "adversaires". Selon lui, le terme polémique, "qu'il ne fait pas sien", est "un mot québécois". "Et les Québécois n’ont pas du tout la même vision de la laïcité que nous. Arrêtons de soulever des querelles inutiles."

En mai dernier, Alain Juppé avait pourtant fait sienne cette expression en s'exprimant ainsi au Figaro : "Les lois religieuses n'ont pas à s'imposer dans la sphère publique et les signes religieux n'ont pas leur place à l'école. Mais de là à considérer qu'un enfant qui ne veut pas manger de porc doit être exclu de l'école publique ou qu'une adulte qui porte un foulard n'a pas sa place à l'université... Il faut garder son sang-froid ! Ne tombons pas dans l'extrêmisme et dans la stigmatisation systématique. Il existe des accommodements raisonnables." Des positions contraires à celles de Nicolas Sarkozy, qui a successivement plaidé pour la suppression des menus alternatifs dans les cantines et l'interdiction du voile à la fac

De quoi s'agit-il ?

Alain Juppé, qui effectué un long séjour au Québec dans les années 2000, a utilisé un terme bien connu au Canada. La formule désigne un concept juridique selon lequel, si une règle générale porte atteinte à un droit individuel fondamental, on doit rechercher une solution amiable pour assouplir cette règle.

Même au Québec, "l'accommodement raisonnable" est sujet à une controverse, dans le cadre des débats sur l'identité du pays. Comme quoi, le sujet n'est pas propre à la France. 


Vincent MICHELON

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