Comment le 3e débat présidentiel de France 2 a été coulé

par Antoine RONDEL
Publié le 5 avril 2017 à 18h37
Comment le 3e débat présidentiel de France 2 a été coulé

ANNULATION - France Télévisions n'accueillera pas un troisième débat présidentiel, comme prévu, le 20 avril, a-t-on appris mercredi 5 avril. En lieu et place de quoi, le groupe a proposé aux candidats de se succéder lors d'entretiens dans la même soirée.

Au lendemain du débat présidentiel à onze, mardi 4 avril sur CNews et BFM TV, France 2 a pris la décision d'annuler son rendez-vous du 20 avril, à trois jours du premier tour. Au lieu d'une confrontation à onze concurrents, la chaîne publique a proposé aux candidats une succession d'entretiens, a appris LCI auprès du groupe. Selon les informations du Figaro, ces derniers disposeraient de 48 heures pour répondre par oui ou par non à cette alternative.

En cascade, tous les gros se désistent... sauf Hamon

L'annulation n'a rien d'une surprise pour qui a suivi ce feuilleton. Tout avait commencé le 28 mars, quand Jean-Luc Mélenchon avait expliqué, sur son blog, que la date du 20 avril ne lui plaisait pas beaucoup. En cause : le fait qu'elle se situe "48 heures avant le vote" et la crainte d'être pris pour de "la chair à buzz". Soufflant le chaud et le froid, le candidat des Insoumis précise les jours suivants ne pas être totalement sûr de ne pas participer, tout en critiquant la durée de ce type de programme.

Un sentiment partagé par Emmanuel Macron qui suivait le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, estimant sur Europe 1 qu'il avait "autre chose à faire que de courir de chaîne en chaîne pour multiplier les débats à onze". "Je n'irai pas s'ils maintiennent mordicus le 20", avait-il enfoncé, incitant le CSA à prendre position. De leur côté, les camps de François Fillon et de Marine Le Pen n'entendaient pas participer à un débat sans deux de leurs principaux concurrents. Parmi les candidats les mieux placés dans les sondages, seul Benoît Hamon avait confirmé sa présence. 

Une série d'entretiens proposée aux candidats

Face à ces plaintes en cascade, le Conseil supérieur de l'audiovisuel donnait raison, le 29 mars, aux candidats, jugeant la date "trop proche du premier tour", et demandait d'installer "un dialogue aussi rapide que possible tant avec les candidats à l'élection qu'avec les radios et les télévisions", rappelant aux chaînes "la nécessité de s'enquérir de l'accord des candidats pour la participation à de tels échanges ainsi que pour la détermination de leurs modalités".

Du côté de France 2, on a bien tenté de se défendre, en rappelant aux candidats sécheurs qu'ils avaient reçu un courrier les informant de la date de l'événement télévisé, fin janvier. Le tout aboutit à un dialogue entre les représentants des candidats et France Télévisions, vendredi 31 mars, duquel rien n'était sorti, en dépit d'un happening de Nicolas Dupont-Aignan pour soutenir la chaîne : le débat à 11 était maintenu, faute de mieux, et la chaîne semblait prête à assumer quelques chaises vides sur son plateau. 

C'est finalement au bout d'une nouvelle réunion, mercredi 5 avril, que le coup de grâce a été donné à l'idée d'un 2e volet du débat à 11. Au lendemain du premier débat présidentiel à onze, marqué par de nombreuses passes d'armes qui ont pris le pas sur la défense des programmes, France 2 privilégierait donc un format de trois heures, annonce Le Figaro, au cours duquel les candidats pourront successivement s'entretenir avec les journalistes. Une alternative qui déçoit Benoît Hamon, lequel a regretté que "le service public ait cédé à la pression". 


Antoine RONDEL

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