Grand débat : la laïcité, un sujet de tension, mais quelles propositions ?

Publié le 20 mars 2017 à 19h50
Grand débat  : la laïcité, un sujet de tension, mais quelles propositions ?

LE GRAND FLOU - La laïcité sera l'un des thèmes abordés ce lundi soir lors du Grand débat entre les cinq candidats à la présidentielle. Si le sujet promet son lot de frictions, les programmes en la matière restent un peu flous.

Qui sera le meilleur défenseur de la loi de 1905 ? La laïcité, ce grand principe fondateur de la République française, sera au programme du Grand débat opposants les cinq principaux candidats à la présidentielle sur TF1, lundi soir. Chacun devrait logiquement s'évertuer à montrer qu'il en est le meilleur avocat, tout en attaquant ses adversaires sur le thème du communautarisme ou, à l'opposé, de l'instrumentalisation du débat sur le fondamentalisme religieux, et en particulier l'islamisme.

Pour autant, si le sujet suscite les passions - il a notamment clivé fortement le débat des primaires à droite puis à gauche -, les programmes sont singulièrement maigres en la matière. En l'occurrence, personne ne propose de modifier la fameuse loi de 1905.

Fillon veut "conforter le cadre juridique"

Se présentant en "ardent défenseur" de la laïcité, François Fillon propose simplement de "conforter le cadre juridique" de la laïcité. Celui qui estimait, début 2015, que "la loi de 1905 n'est pas une relique dans un musée" ne parle pas aujourd'hui de modifier cette loi, mais de préparer des ajustements pour "aider l'islam à se structurer". Il veut ainsi "rendre obligatoire" la constitution d'association cultuelle" (qui est déjà prévue par la loi de 1905) pour la gestion des lieux de cultes et créer une "fondation à objet religieux" afin de rendre transparents les modes de financement du culte.

En outre, le candidat de la droite veut "diffuser" les principes de laïcité et de refus du communautarisme à l'école et dans la formation des fonctionnaires. Dans un autre registre, il promet également de donner "une base juridique solide aux cimetières confessionnels". 

Le Pen veut retoucher la Constitution

De son côté, Marine Le Pen énumère, dans ses engagements, quelques grands principes pour "promouvoir la laïcité et lutter contre le communautarisme". La candidate du Front national souhaite ainsi réviser la Constitution pour y inscrire le principe suivant : "La République ne reconnaît aucune communauté". La laïcité est reconnue dans la Constitution à travers l'article 1 : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale". 

La candidate FN souhaite en outre "rétablir la laïcité partout, l'étendre à l'ensemble de l'espace public et l'inscrire dans le Code du travail", "imposer" la laïcité dans les écoles et dans la pratique du sport amateur. 

Macron veut enseigner "le fait religieux"

Emmanuel Macron, lui aussi apôtre de la loi de 1905, promet de son côté de "faire respecter sans concession ce principe par une "stricte application" du droit existant. Les quelques propositions sur le sujet consistent à proposer "une formation universitaire à la laïcité" pour les ministres du culte et, plus original, à développer "la connaissance des différentes religions à l'école en prévoyant un enseignement spécifique sur le fait religieux", ce qui lui a valu quelques attaques de la part... de certains défenseurs de la laïcité. En outre, il promet le "démantèlement" des associations qui, "sous couvert de religion, s'attaquent à la République". 

Emmanuel Macron : "Ne cédons rien" sur la laïcitéSource : Sujet JT LCI
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Hamon, un numéro vert et de la "fermeté"

Benoît Hamon, attaqué à de nombreuses reprises par la droite, mais aussi, lors de la primaire citoyenne, par Manuel Valls, qui le jugeait "ambigu" sur le thème du communautarisme, a pourtant donné des gages aussi flous que ses concurrents sur la laïcité. Le candidat socialiste promet ainsi de "faire respecter scrupuleusement la loi de 1905" en mettant notamment en place "un numéro vert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour que les individus puissent trouver une protection de l'Etat". En outre, il affirme qu'il fera "appliquer les sanctions avec fermeté" en cas de manquement au principe. Benoît Hamon s'est enfin exprimé à plusieurs reprises contre "l'instrumentalisation" du débat sur l'islam, visant la droite et l'extrême droite. 

Mélenchon contre le financement public des lieux de cultes

Jean-Luc Mélenchon, qui juge la laïcité "attaquée de toutes parts et instrumentalisée par ses adversaires historiques, intégristes religieux et racistes", propose plusieurs mesures générales pour en conforter le principe. Il souhaite ainsi abroger le concordat Alsace-Moselle pour généraliser l'application de la loi de 1905, "garantir la liberté de conscience et l'égalité de toutes les options spirituelles devant la loi" et "combattre tous les communautarismes et l'usage politique des religions". 

Le candidat de La France insoumise veut surtout "refuser les financements publics pour la construction des édifices religieux", ou encore refuser des rencontres d'Etat à Etat où des femmes ministres seraient contraintes de "porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine" et d'interdire la présence de ministres et de préfets aux cérémonies religieuses". Plus insolite : Jean-Luc Mélenchon veut abolir le titre de "chanoine de Latran" octroyé au président de la République


Vincent MICHELON

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