Islamophobie, antisémitisme et complotisme : "BuzzFeed" épingle les profils sulfureux des candidats FN aux législatives

par Antoine RONDEL
Publié le 6 juin 2017 à 10h51, mis à jour le 6 juin 2017 à 11h30
Islamophobie, antisémitisme et complotisme : "BuzzFeed" épingle les profils sulfureux des candidats FN aux législatives

DÉDIABOLISATION - Une enquête du site "BuzzFeed" sur les profils des candidats FN aux législatives sur les réseaux sociaux laisse filtrer une homophobie, un antisémitisme et une islamophobie chez une centaine d'entre eux.

Le débat revient, une nouvelle fois, sur le devant de la scène, à quelque jours du premier tour des élections législatives, dimanche 11 juin. Plusieurs sites, dont BuzzFeed, Marianne et Libération, ont décortiqué les profils Facebook et Twitter des candidats Front national au scrutin. A la lecture de ces enquêtes, il apparaît que la dédiabolisation, l'opération lancée par Marine Le Pen et son entourage depuis des années pour offrir une image plus présentable du parti, n'est pas la réussite vantée par les cadres frontistes.

Antisémitisme

L'enquête, extrêmement fouillée, de BuzzFeed se fait particulièrement éclairante, démontrant en particulier l'existence, chez bon nombre de candidats, d'un antisémitisme tenace, aperçu chez six d'entre eux. C'est par exemple le cas d'Anne-Laure Maleyre, candidate dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine (face à Gérald Dahan, notamment), amatrice des articles de l'auteur antisémite Emmanuel Ratier ou du groupe Facebook "Les Français parlent aux Français", dispenseur de textes complotistes et antisémites intitulés par exemple "Occultisme et destruction de la race européenne" ou "Geert Wilders ou la vitrine patriotique des intérêts juifs". Ou de Grégory Stich, candidat dans la 2e circo du Haut-Rhin, qui a notamment partagé un photomontage de François Hollande et Manuel Valls portant la kippa, le tout censé nous démontrer l'existence d'un "lobby juif".

Islamophobie

Les relents islamophobes sont également bien présents dans l'activité en ligne d'une grande majorité de ces candidats. Plusieurs d'entre eux se laissent ainsi aller à des propos essentialistes sur l'islam, amalgamant les immigrés avec cette religion et leur prêtant des intentions belliqueuses et malveillantes. L'une partage ainsi un dessin caricaturant les immigrés en assistés ou en terroristes en puissance, les autres s'inquiétant de "l'islamisation de la France" et de leur corrolaires complotistes, le grand remplacement et la rémigration. D'autres aiment à peindre les candidats concurrents du Front national en alliés objectifs de l'islam, tel Emmanuel Macron, caricaturé en train d'embrasser les fesses d'un musulman, ou Alain Juppé, surnommé par la fachosphère "Ali Juppé".

Homophobie

Quatre ans après l'adoption de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, l'homophobie reste aussi présente dans les rangs du FN. Les "likes" et partages de pages et publications de "traits d'humour homophobes" y sont légion. Grégory Stich, à nouveau, se fait remarquer dans cette catégorie en publiant un visuel homophobe où figure, sur drapeau français, un plug anali, un logo du PS détourné en pénis et une devise française détournée en "LBGT, Genderité, Va t'faire enculer". 

Notons aussi Christian Lechevallier, candidat dans la 4e circonscription d'Ille-et-Vilaine, qui a "liké" un tweet amalgamant les homosexuels aux porteurs de maladie sanguine. Grande amatrice du Salon Beige, blog de la cathosphère et opposant acharné à la Manif pour tous, dont elle partage nombre d'articles, Anne-Laure Maleyre avait également commenté d'un lacunaire "CQFD" un article racontant l'histoire d'un homme gay, premier marié de son département, "mis en détention pour de pédophilie".

Confronté au sujet ce mardi matin sur France Info, le frontiste Nicolas Bay s'est employé à minimiser les faits dénoncés, critiquant un travail "totalement mensonger", revendiquant même des candidats "qui disent la vérité sur l'immigration, sur l'islamisme et sur l'insécurité". Une "vérité" qui tombe à bien des égards sous le coup de la loi et pourrait valoir à ses auteurs une condamnation pour incitation à la haine raciale.


Antoine RONDEL

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