De bons sondages pour Mélenchon : c'était déjà le cas en 2012...

par Antoine RONDEL
Publié le 10 avril 2017 à 18h28
De bons sondages pour Mélenchon : c'était déjà le cas en 2012...

PERCÉE CONTRE PERCÉE - Maintenant qu'il devance François Fillon dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon va-t-il tenir et, mieux, continuer de surfer sur sa dynamique ? Ou s'essouffler, comme il l'avait en 2012 , passant de 17%, deux semaines avant le scrutin, à 11%.

"Ça s'entend, ça se sent... la victoire est à la portée de nos efforts." Les mots de Jean-Luc Mélenchon, prononcés sur le Vieux Port de Marseille, dimanche 9 avril, devant quelques dizaines de milliers de personnes, disent bien la confiance que le candidat de la France insoumise a dans les prochains jours de la présidentielle. Après tout, tous les voyants sont au vert : des meetings bien remplis, une campagne numérique remplie de succès et... des sondages enthousiasmants (notre dernière enquête le crédite de 18% d'intentions de vote).

Sur ce dernier point, au moins, le candidat de la France insoumise et son équipe se montrent prudents : interrogée par LCI, Danielle Simonnet trouve toujours "agréables" ces chiffres, mais elle préfère mettre l'accent sur la mobilisation dans les meetings et l'enthousiasme qu'elle rencontre sur le terrain. Idem chez Alexis Corbière, qui veut prendre une distance critique sur le sujet. Quant au principal intéressé, il qualifie ces études d'"horoscopes favorables". Prudence, donc.

Et pour cause : en 2012, déjà, Jean-Luc Mélenchon avait atteint des scores qui, à défaut de le porter au deuxième tour de la présidentielle, faisaient de lui le 3e homme de la présidentielle. Un sondage CSA, deux semaines avant le premier tour, l'avait ainsi mesuré à 17%, loin devant une certaine Marine Le Pen. Mais le soufflé avait fini par retomber et Jean-Luc Mélenchon, 4e, avait réuni 11%, le 22 avril... avec plus de 2,4 millions de voix d'écart vis-à-vis de la candidate frontiste.

"En 2012, le discours du Bourget avait démobilisé son électorat"

Mais la comparaison s'arrête là. D'une part, Jean-Luc Mélenchon partait de bien plus loin : en décembre 2011, le même institut CSA le mettait à 5% dans les sondages, début 2011. "La place du Parti socialiste a changé, entame le sociologue Nicolas Framont. La percée de Jean-Luc Mélenchon a été aténuée par la campagne très à gauche de François Hollande avec le discours du Bourget et 'mon adversaire, c'est le monde de la finance'. Cela avait démobilisé l'électorat mélenchoniste qui devait quand même se trouver un candidat paraissant crédible et rassembleur pour battre Nicolas Sarkozy."

Mais le quinquennat fut bien moins à gauche que ne l'était la campagne : "Le programme de François Hollande était presque plus à gauche que celui de Benoît Hamon, rappelle Nicolas Framont. Le sentiment de trahison est donc très présent et cela dessert Benoît Hamon, malgré son statut de frondeur : aux yeux des électeurs, le PS reste le PS." Un chiffre illustre cette tendance : selon un sondage OpinionWay, 44% des anciens électeurs de François Hollande ont rallié Jean-Luc Mélenchon et 23%, Benoît Hamon.

L'effet Nuit Debout et les thèmes découverts

Cinq ans plus tard, le député européen, "plus libre de ses mouvements dans La France insoumise qu'au sein du Front de gauche", récolte les fruits de "son positionnement critique, puis très critique, à l'égard de la politique du quinquennat". Une critique reprise par le mouvement Nuit Debout, dont "les revendications sur les institutions anti-démocratiques et les politiques libérales sont des thèmes que Jean-Luc Mélenchon portait. Ça ne vient pas de nulle part."

Une constance augmentée d'une présence nouvelle sur des thèmes peu portés à gauche : "Il a développé et présenté une doctrine en matière de sécurité sans que ce soit de droite, et a fait évoluer son discours sur l'immigration, en tenant compte des changements observés depuis cinq ans sur le phénomène migratoire", analyse Nicolas Framont. Après avoir jugé que l'immigration n'était pas un problème, soulève 20 minutes, le candidat a restreint sa politique d'accueil sans réserve aux seuls réfugiés. 

Seuls bémols à cette constance : les symboles. "Le rouge de l'affiche pour le bleu, cette façon de moins parler de la gauche au profit du peuple", liste Nicolas Framont. Le changement de style, admis par le principal intéressé, commenté ici et , a lui aussi sa part. Bref, si Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont encore loin et que les sondages sont toujours à prendre avec des pincettes, le contexte politique actuel fait que la cuvée Mélenchon 2017 pourrait avoir plus d'avenir que sa grande soeur de 2012. D'autant que, contrairement à 2012 où il "avait disparu des radars" une semaine avant le premier tour, raconte aujourd'hui son compagnon de route Eric Coquerel, il a cette fois bien l'intention de maintenir le cap.


Antoine RONDEL

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