CLIMAX - Après un débat plutôt technique sur l'économie et le travail, les candidats à la primaire à droite se sont écharpés à plusieurs reprises sur l'identité et les affaires judiciaires. Revue des séquences les plus tendues.
La première mi-temps fut trompeuse. Après un long échange assez poli sur l'économie et le chômage, les candidats à la primaire, qui participaient jeudi soir à leur premier débat, sont revenus particulièrement requinqués de la pause publicitaire. Avec, au programme, de jolis moments de tension sur le plateau de TF1. Il faut dire que les thèmes abordés dans cette seconde partie d'émission avaient de quoi instaurer les clivages dont chacun avait besoin pour se distinguer de ses "concurrents" - entre les candidats de la droite, le mot "adversaire" est banni.
La séquence "affaires judiciaires"
La première attaque a été portée par Bruno Le Maire contre Alain Juppé. Une attaque particulièrement violente sur le passé judiciaire d'Alain Juppé, condamné en 2004 pour "prise illégale d'intérêts". "Quand on veut être fonctionnaire, on doit présenter un casier judiciaire", assène le député. "C'est pareil pour un président. Ça ne vise personne mais ça concerne tout le monde".
Bien sûr, Alain Juppé sait immédiatement qu'il est la cible. Il répond :
Je tiens mon casier judiciaire à la disposition de Bruno
Alain Juppé
Avant de plaider pour lui-même : "Je ne me suis rendu coupable d'aucun enrichissement personnel". Questionné à son tour sur les enquêtes qui le visent, Nicolas Sarkozy doit aussi se défendre. "Mon casier judiciaire après 37 ans de vie politique, il est vierge", assène l'ancien président, avait de répéter une intox dont il use régulièrement : "en cinq ans, cinq non-lieux ont été rendus".
C'était sans compter sur Jean-François Copé, qui a décidé de tirer à vue sur Nicolas Sarkozy sur le volet Bygmalion :
Je ne porte pas de jugement, mais si j'avais été mis en examen, je n'aurais pas été candidat. Moi-même, j'ai été totalement mis hors de cause
Jean-François Copé
La séquence "fichés S"
Faut-il ou non interner préventivement les individus "fichés S", c'est-à-dire placés sous surveillance dans le cadre des enquêtes sur le terrorisme ? Le sujet a particulièrement inspiré les sept candidats, et notamment Nicolas Sarkozy, qui veut un référendum sur la question. "Je réclame l'internement préventif des fichés S les plus dangereux", a lancé l'ancien Président. Quitte à faire de grosses entorses à l'état de droit ? "A menace d'exception, justice d'exception, a aussi martelé Bruno Le Maire, sur la même ligne.
C'était sans compter sur l'hostilité totale des autres concurrents à la mesure. "On n'a pas besoin de justice d'exception", rétorque Alain Juppé. "Ces débats sont inutiles", renchérit François Fillon. Quant à Jean-Frédéric Poisson, il estime que "l'application actuelle de la loi est suffisante". "Tout ce que j'ai entendu n'est pas à la hauteur", conclut Jean-François Copé.
La séquence "burqa"
Le débat sur la radicalisation glisse à un moment donné vers celui sur la burqa. L'occasion pour Bruno Le Maire de sortir l'une des ses propositions, à savoir de transformer la simple contravention pour le port de la burqa (ou voile intégral) "en délit". Nicolas Sarkozy, lui, veut punir les porteuses de burqa en leur supprimant les allocations familiales.
Jean-François Copé, qui avait porté la fameuse loi sur le voile intégral en 2010, n'allait pas laisser échapper "son" sujet. "Je vois que tout le monde semble avoir progressé", lance-t-il à ses adversaires. "Quand je portais la loi sur la burqa, personne ne m'avait soutenu. Et après l'affaire du 'pain au chocolat', tout le monde me parlait avec une pince à sucre". Jean-François Copé seul contre tous : un jeu qu'il adore et dans lequel il excelle...
La séquence "identité"
Dernier gros sujet de discorde entre les candidats, la question de l'identité. Avec cet affrontement notable entre Bruno Le Maire et Alain Juppé. "Je suis pour une vision de la société française qui respecte notre diversité", lance le maire de Bordeaux, apôtre de "l'identité heureuse", à l'opposé de Nicolas Sarkozy, qui plaide logiquement pour "l'assimilation".
Bruno Le Maire interpelle alors directement Alain Juppé :
L'identité ça enferme, ce qui bouge, c'est la culture
Bruno Le Maire
"Pas du tout", rétorque Alain Juppé à propos de l'identité. En dehors de Jean-Frédéric Poisson, qui plaide pour une identité "aux racines chrétiennes", les autres candidats n'ont manifestement pas envie de se mêler de ce débat sur l'identité. NKM résume ainsi : "entre l'identité gauloise et l'identité heureuse, il y a une troisième voie, qui est l'identité républicaine".