RIVALITÉS GAULOISES - La sortie de Nicolas Sarkozy sur "nos ancêtres les Gaulois" a accéléré le rythme de la campagne des primaires, plusieurs concurrents, dont Alain Juppé fustigeant la "nullité" du débat lancé par l'ancien Président. Un effet recherché par ce dernier ?
Nicolas Sarkozy a-t-il donné le bâton pour se faire battre, où lancé une polémique pour piéger ses adversaires ? On serait tenté par la deuxième option. Depuis sa sortie sur les Gaulois, censés être les ancêtres de tous les Français, y compris les nouveaux, la campagne de la primaire à droite a clairement pris une autre tournure. Les propos de l'ancien président sur l'assimilation ont contribué à cliver davantage la campagne.
Dernière sortie en date : celle d'Alain Juppé, qui n'a pas hésité à fustiger jeudi dans un tweet "la nullité du débat politique" provoqué par son adversaire.
Nullité du débat politique que soulèvent certains à droite et à gauche : on débat des Gaulois !! Et si l'on parlait d'avenir ? — Alain Juppé (@alainjuppe) 22 septembre 2016
Copé en fait une tribune
En campagne mercredi dans le Morbihan, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate "modérée" de la primaire, a tranché le sujet lorsque l'édile de Locminé, proche de l'ancienne ministre, a plaisanté sur le sujet des Gaulois, selon Le Télégramme.
Ce n'est pas un débat
Nathalie Kosciusko-Morizet
Les autres candidats, de François Fillon – qui réclamait pourtant il y a quelque jours le retour du "récit national" – à Bruno Le Maire, qui parlait d'une "caricature", conscients sans doute du piège tendu par Nicolas Sarkozy, se sont également éloignés prudemment de la sortie gauloise de leur ancien patron.
Moins frontal en apparence, Jean-François Copé livrait mercredi, dans une tribune au Huffington Post qui était en réalité beaucoup plus violente à l'égard de Nicolas Sarkozy. Il en a profité pour éreinter le bilan de son quinquennat. Dénonçant "un de ces buzz artificiels chéris par les médias mais qui ne fera pas avancer d'un iota la résolution des problèmes des Français", il a estimé que la "bien-pensance" était tombée dans le "piège tendu" par Nicolas Sarkozy.
Tout cela est ridicule de la part de Nicolas Sarkozy comme des commentateurs. Est-ce que vous imaginez un instant Angela Merkel déclarer aux Allemands : 'nos ancêtres sont les Wisigoths' ?
Jean-François Copé
L'ancien patron de l'UMP livre une analyse lapidaire. Nicolas Sarkozy espère, dit-il, "par ce type de déclarations, récupérer les électeurs de droite partis au FN. Il a tort de les sous-estimer à ce point". Et de pointer le coup de "com" de Nicolas Sarkozy qui masquerait son absence de bilan, notamment sur le dossier de la Jungle de Calais, où l'ancien président s'est déplacé mercredi. Jean-François Copé, ce faisant, tente lui-même de revenir dans une campagne où il est loin d'être le favori.
Bref, avec "nos ancêtres les Gaulois", Nicolas Sarkozy a réussi un coup double : faire monter au créneau la gauche comme la droite en imposant son thème et son rythme. Reste à savoir si cet effort se traduira dans les urnes lors de la primaire de novembre.