L'UNION FAIT LA FORCE - La gauche le sait, pour avoir une chance de figurer au second tour de l’élection présidentielle, elle doit se rassembler. Mais derrière et avec qui ? Si Benoît Hamon et Yannick Jadot sont sur le point de trouver un accord, les discussions patinent et n’aboutiront probablement jamais avec Jean-Luc Mélenchon.
A neuf semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a prévenu : la gauche doit se rassembler autour de Benoît Hamon (en avance sur Jean-Luc Mélenchon dans les sondages actuels, ndlr) sous peine d’être éliminée du second tour de la présidentielle.
Alors on fait le point sur les discussions du candidat socialiste avec ses adversaires de la gauche et de l’extrême-gauche ?
Avec les Verts, l'alliance est imminente
Benoît Hamon et Yannick Jadot discutent depuis plusieurs semaines. Ils ont même déjeuné ensemble ce lundi à Paris, signe d'un réchauffement climatique probant entre les deux hommes. Ils le répètent depuis plusieurs jours et l’ont de nouveau affirmé aujourd’hui : un accord est proche. Celui-ci irait plutôt dans le sens d’un retrait du candidat écologiste en faveur de Benoît Hamon.
Des membres d’EELV ont confié à LCI que la rencontre entre les deux hommes avait été "constructive" et "studieuse" mais que l’accord n’avait pas encore été conclu. "Nous rencontrerons le Parti de gauche ce lundi soir et le PCF mardi. Nous reverrons l’équipe de Hamon certainement demain après-midi. Nous avons un texte, une idée de texte que nous nous envoyons, qui fait des allers-retours entre les deux équipes avec en face la date de réalisation, de mise en œuvre de telle ou telle mesure."
Au menu des discussions : les termes d’une sortie du nucléaire, l’introduction d’une dose de proportionnelle, la répartition des circonscriptions pour les législatives. Les dirigeants d’EELV espèrent conclure un accord d’ici mercredi ou jeudi, de manière à constituer leurs troupes dans la foulée. Benoît Hamon s’est lui aussi montré satisfait des échanges. "J’ai confiance dans le fait que nous travaillons bien, avec beaucoup d’intensité et ce sera parfaitement transparent" a déclaré le vainqueur de la primaire de la gauche.
Avec Mélenchon, c'est une tout autre histoire
"En vrai, on n'a jamais commencé à discuter sérieusement avec Jean-Luc Mélenchon" avouait un proche de Benoît Hamon à Reuters. S'ils ont de nouveau prévu de se parler cette semaine, les chances d'accord sont quasi-nulles tant semblent éloignées les positions entre ces deux hommes qui n'ont clairement aucune intention de retirer leur candidature. Selon le candidat de la France insoumise, le socialiste a "fait toute une campagne sur le thème 'moi, je parlerai à tout le monde, j'appellerai Jean-Luc Mélenchon le lendemain' de la primaire. Cela fait trois semaines, ça va ! C'est moi qui ai dû dire qu'il fallait arrêter la comédie" a expliqué celui qui estime avoir fait le pas nécessaire à l'ouverture d'une discussion en envoyant un courrier à Benoît Hamon jeudi dernier.
Les deux hommes auront également du mal à s'accorder sur le fond. Jean-Luc Mélenchon demande notamment à son adversaire des garanties sur la stratégie européenne et le retrait de ministres ayant participé au quinquennat de François Hollande pour les législatives (notamment Myriam El Khomri). Ils n'ont pas non plus la même vision du travail, Jean-Luc Mélenchon ne partageant pas l'idée de revenu universel prônée par Benoît Hamon.
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L'hésitation des communistes
Enfin, le Parti socialiste espère toujours recueillir le soutien des communistes. Le 14 février dernier, 600 responsables du PCF ont signé une tribune dans laquelle ils demandent à revoir la stratégie du parti, et plaident pour une candidature commune pour la présidentielle. Les communistes n'arrivent pas à se mettre totalement d'accord avec Jean-Luc Mélenchon, et ne digèrent pas que leurs candidats puissent affronter ceux de la France insoumise aux législatives. Mais si une partie des élus PCF poussent à discuter avec Benoît Hamon, au moins autant ne veulent pas entendre parler du PS.