Nuit Debout, nonistes et anti-loi Travail : comment le FN tente de draguer la gauche radicale

par Antoine RONDEL
Publié le 24 avril 2017 à 21h13

Source : Spéciale Présidentielle

PORTES OUVERTES - A moins de deux semaines du deuxième tour, où le FN peut-il espérer grappiller des voix ? Les lieutenants de Marine Le Pen ont bien une petite idée, en multipliant les clins d'oeil à l'égard des électeurs issus de la gauche radicale.

Donné largement battu au second tour de la présidentielle par Emmanuel Macron, le Front national a du pain sur la planche, en ce lendemain de modeste victoire au premier tour, et fort à faire pour inverser la tendance. De quoi amener les lieutenants de Marine Le Pen, de David Rachline à Florian Philippot, à multiplier les appels du pied à l'électorat qu'il juge le plus compatible avec ses prises de position anti-libérales - en tout cas d'un point de vue économique. 

Le Front national a beau se montrer encore des plus divisés sur le sujet, les options choisies par le parti en matière d'économie rappellent, pour certaines, des mesures qu'adouberaient certains sympathisants de gauche : hausse des minimas sociaux, retour à la retraite à 60 ans, maintien des 35 heures, lutte contre la dérégulation économique... des points communs qui n'ont pas échappé aux responsables du Front national qui, dès le lendemain du premier tour, ont multiplié au micro des matinales les appels du pied aux électeurs de gauche qui ne se reconnaîtraient pas dans le tournant libéral promis par Emmanuel Macron (baisse des cotisations sociales, du nombre de fonctionnaires...).

Le chiffon rouge de la loi Travail

Ainsi du vice-président du FN Florian Philippot, qui s'est adressé aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui s'est refusé à donner une consigne de vote en faveur d'Emmanuel Macron : "Ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon, pensez-vous qu'ils veulent une loi El Khomri puissance 10 par ordonnance ? Pensez-vous qu'ils souhaitent la dérégulation totale de notre économie ? Pensez-vous qu'ils veulent qu'on aille encore plus loin dans l'Union européenne bancaire et financière ?", s'est-il demandé sur BFM, en référence au fort rejet, chez les électeurs de gauche, de la loi Travail, qui portait en elle l'assouplissement du paiement des heures supplémentaires, des règles de licenciement, ou d'application des 35 heures.

Se souvenir de 2005

Le sénateur-maire de Fréjus David Rachline a, de son côté, convoqué le souvenir du rejet français à l'occasion du référendum sur le Traité constitutionnel européen, en 2005, où le vote des europhobes du Front national s'était mêlé à celui de la gauche radicale, contempteur lui aussi des dérives libérales de l'Union européenne. "Les 55% du non à la constitution européenne peuvent se reformer", espérait-il dimanche 23 avril au soir, semblant oublier que la gauche radicale ne partage aucune des positions du Front national sur les questions identitaires et migratoires (ce que le FN n'aurait pas manqué de souligner s'il avait du affronter Jean-Luc Mélenchon au second tour).

Nuit Debout c'est pas si mal, finalement

Enfin, on notera, dans cette quête de nouveaux électeurs, cet aveu surprenant de Steeve Briois à l'égard des anciens activistes de Nuit Debout, ce mouvement lancé au moment de la loi Travail et qui avait incité les Français à occuper les places publiques pour réclamer un changement des institutions de la Ve République. D'abord très critique à leur sujet, critiquant leur esprit "clanique", leur "narcissisme" et leur "nombrilisme", relève Le Lab, le maire d'Hénin-Beaumont juge désormais que "toutes ces personnes qui ont manifesté ne voudront pas demain avoir Macron parce que c'est l'ultralibéralisme".

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Antoine RONDEL

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