INFLEXION - Candidat à la primaire de la droite, François Fillon proposait de "focaliser l'Assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée" et de renvoyer le reste "sur l'assurance privée". Candidat à la présidentielle, il précise son projet au Figaro. Et le ton a bien changé.
Le programme de François Fillon est-il toujours aussi "radical" qu'il y un mois ? Le candidat de la droite à la présidentielle, qui avait inquiété les défenseurs de la Sécurité sociale lors des débats de la primaire à droite, et fourni quelques arguments à la gauche, s'emploie lundi à préciser son projet pour la santé qui a fait couler tant d'encre. Des précisions apportées dans un contexte particulier, ses propres soutiens le pressant d'adoucir ses propositions en la matière.
Dans une tribune au Figaro, le champion de droite, dont le programme a été souvent présenté comme très libéral - il en a même fait sa marque de fabrique durant la primaire - se dit victime d'une campagne de désinformation :
Mes détracteurs me soupçonnent de vouloir 'privatiser' l'Assurance-maladie et diminuer les remboursements. C'est évidemment faux !
François Fillon
Il célèbre l'Assurance maladie universelle
François Fillon va plus loin. Dans cette tribune, tout en assurant vouloir sauver "notre système de soins menacé", dont "la situation s'est dégradée ces dernières années", le candidat à la présidentielle accuse la gauche d'avoir "préféré oublier que le poids des mutuelles et des assurances personnelles n'a cessé d'augmenter depuis des décennies", expliquant que la généralisation de ces mutuelles pour les salariés a conduit "à diminuer les garanties offertes et à une augmentation des cotisations".
Que propose-t-il donc ? De "réaffirmer le principe d'universalité dans l'esprit des ordonnances de 1945". "L'Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur clé", explique l'ancien Premier ministre. L'Assurance maladie "continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires. Il n'est donc pas question de toucher à l'Assurance-maladie et encore moins de la privatiser". En outre, François Fillon propose de permettre à tous les Français de "bénéficier d'une protection complémentaire appropriée sur la base de contrats homogènes".
Une tonalité qui contraste nettement avec le premier projet
Dans la version du candidat à la primaire de la droite et du centre, François Fillon adoptait une tout autre tonalité. Voire une tonalité inverse. Il était question, il y a un mois, de "focaliser l'Assurance maladie universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste". C'était donc bien une généralisation du recours aux mutuelles et aux assurances privées qu'il prônait.
Durant la campagne de la primaire, François Fillon avait déjà voulu rassurer les Français les plus modestes, promettant que ces derniers ne verraient pas leurs remboursements diminuer. En défendant "l'universalité" de l'Assurance maladie, c'est manifestement l'ensemble des Français que le candidat à la présidentielle souhaite désormais rassurer.