Majorité écrasante pour la République en marche, catastrophe en vue pour la gauche, selon un sondage

par Antoine RONDEL
Publié le 2 juin 2017 à 20h54, mis à jour le 6 juin 2017 à 11h20
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Source : Sujet JT LCI

VAGUE REM - Selon une nouvelle étude d'opinion du Cevipof pour Le Monde, le parti d'Emmanuel Macron obtiendrait une majorité écrasante à l'Assemblée nationale, les 11 et 18 juin.

Plus les élections législatives approchent, plus les horoscopes peuvent faire rougir de plaisir La République en marche, le mouvement pro-Macron créé pour le scrutin destiné à construire l'Assemblée nationale de la XVe législature. Et de donner de l'épaisseur à cette espérance formulée par un proche du nouveau chef de l'Etat, l'élection présidentielle à peine terminée : "Bien sûr, on pense avoir une majorité absolue." Avec 31% des intentions de vote au premier tour selon le dernier sondage Cevipof pour Le Monde, réalisé par Ipsos Sopra-Steria et publié le 2 juin, il semble aujourd'hui au-delà du compte.

La progression du mouvement présidentiel frôle en effet l'hyperbole, si l'on en croit les projections auxquelles se sont risqué les instituts de sondage. La première projection en sièges, signée OpinionWay le 3 mai, soir du débat d'entre-deux-tours, offrait presque à En marche une majorité absolue. Deux semaines plus tard, ce premier seuil était franchi, avec 280 à 300 députés. Le 26 mai, le même OpinionWay mesurait que les députés pro-Macron pourraient occuper entre 310 et 330 sièges. Le 30 mai, l'alliance REM/Modem se voyait attribuer entre 320 et 350 sièges par un sondage Kantar Sofres-OnePoint pour LCI. Enfin, l'étude du Cevipof pour Le Monde du vendredi 2 juin (14.958 personnes interrogées dont 8778 certaines d'aller voter au 1er tour) est venue enfoncer le clou, en donnant au mouvement jusqu'à 425 sièges ! Ce qui serait une confirmation du fameux "fait majoritaire", qui veut qu'un président élu obtienne toujours une majorité pour mener sa politique.

La gauche plus basse qu'en 1993, son pire total

Une majorité absolue écrasante, qui dépasserait le score de l'UMP en 2002 (398) mais n'atteindrait pas l'engloutissement porté en 1993 par Jacques Chirac à la tête de l'alliance RPR/UDF, qui avait obtenu 472 députés. 1993, année funeste pour le Parti socialiste, qui doit s'attendre à une débandade comparable. Menés par Laurent Fabius, les candidats de la majorité présidentielle n'étaient que 57 au Palais Bourbon. Cette fois, ce devrait être pire. Tous les chiffres des instituts de sondage donnent le parti de Solférino à moins de 10% (8,5% selon le Cevipof). Un score meilleur que celui de Benoît Hamon le 23 avril, mais qui ne leur offre que 25 à 35 sièges.

La déception pourrait être forte pour Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise, à qui le Cevipof offre entre 10 et 20 sièges. A peine de quoi faire un groupe parlementaire (minimum 15 députés). Passé d'un excellent 19,5% à la présidentielle à 11,5% dans les intentions de vote aux législatives, le mouvement pâtit du léger regain observé au PS, ainsi que de l'incapacité de la gauche à se rassembler (2% pour le PCF, 3% pour EELV). Pire encore, l'électorat de gauche, qui s'était si bien mobilisé pour la présidentielle, se démotive. C'est une règle propre aux élections législatives par rapport au scrutin suprême, mais elle touche davantage la France insoumise (62% des électeurs du 23 avril reviendraient le 11 juin) que la REM (75%) ou Les Républicains (69%).

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Echec historique en vue pour la droite, éternel plafond de verre pour le FN

Les Républicains, justement, sont donnés à 22% au premier tour. Si ces derniers sont en bien meilleure position que la gauche, leur alliance avec l'UDI pourrait passer sous les 100 députés. Un si faible total qu'il n'a d'ailleurs jamais atteint depuis la création de la Ve République. Les députés menés par François Baroin seraient alors la deuxième force parlementaire à l'Assemblée nationale, mais resteraient ancrés dans l'opposition, bien loin de la "cohabitation" et "du partage de responsabilités" espérés par le sénateur-maire de Troyes.

Autre dégringolade observée : celle du Front national. Avec 19% des voix au premier tour, le parti de Marine Le Pen ne parvient  pas à obtenir un nombre conséquent de sièges, avec un plancher de 5 élus, selon le Cevipof. Ce qui tendrait à démontrer qu'en dehors de quelques fiefs (Hénin-Beaumont, Carpentras, l'Aisne...), le FN pourrait bien se confronter à son éternel plafond de verre. 

Ces projections doivent toutefois être prises avec des pincettes. En effet, le renouvellement de l'offre politique, avec l'arrivée d'En Marche !, et la hausse de l'abstention entre l'élection présidentielle et les législatives rebattent les cartes. Pour se maintenir au second tour (quand on ne figure pas parmi les deux premiers de sa circonscription), les candidats devront atteindre 12,5%... des inscrits. Avec une abstention forte à prévoir, l'hypothèse d'un fort nombre de triangulaires ou de quadrangulaire est donc à relativiser. De la même façon, le peu d'expérience revendiqué des candidats de la REM (les fameux "députés internet" moqués par François Baroin) pourrait leur jouer des tours, face à un candidat connu dans la circonscription. Malgré l'incontestable dynamique qui porte le mouvement depuis l'élection d'Emmanuel Macron.


Antoine RONDEL

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