Terrorisme : l'ex-juge Jean-Louis Bruguière attend toujours "des propositions concrètes" pour la présidentielle

Publié le 14 novembre 2016 à 9h50, mis à jour le 15 novembre 2016 à 22h18
Terrorisme : l'ex-juge Jean-Louis Bruguière attend toujours "des propositions concrètes" pour la présidentielle

INSATISFAIT - Ancien soutien de Nicolas Sarkozy en 2007, l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière s'est montré sévère avec les propositions des candidats à la primaire de la droite contre le terrorisme. Il manque, dit-il, "une véritable position stratégique".

A six mois de la présidentielle, il est loin d'avoir fait son choix. L'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 (au point de se présenter lui-même aux législatives), s'est montré particulièrement sceptique sur les programmes des candidats à la présidentielle en matière de terrorisme, lundi matin sur LCI.

"J'attends de voir des propositions cohérentes, concrètes" sur le terrorisme, a-t-il affirmé, qualifiant même de "postures" celles qui ont été faites par Nicolas Sarkozy, partisan notamment de l'incarcération préventive des "fichés S" les plus dangereux. A propos de l'ensemble des candidats à la primaire de droite, il lâche : 

Je reste sur ma faim et j'attends une réflexion stratégique cohérente
Jean-Louis Bruguière

L'Europe à la traîne

Selon l'ancien juge antiterroriste, le traitement du terrorisme en France reste "dans l'immédiateté" et souffre d'un manque "de profondeur historique" et de l'absence "de rupture stratégique avec ce qui a été conceptualisé dans les années 1980". "On a un problème de recueil et de remontée du renseignement sur le terrain", note-il également. 

Pour le spécialiste du terrorisme, le principal écueil "est incontestablement européen". Durant le quinquennat de François Hollande, "on a eu des réponses sécuritaires efficaces", mais "la France aurait dû prendre un leadership beaucoup plus fort" pour combler "le gros déficit européen" après le 13 novembre 2015. L'ex-juge égratigne au passage la prolongation de l'état d'urgence, qui n'est "pas une bonne chose à ce stade". "On peut trouver d'autres outils." 

Donald Trump et le terrorisme : "Une certaine inquiétude"

Jean-Louis Bruguière a également fait part d'une "certaine inquiétude" à propos de la politique du nouveau président américain en matière de lutte contre le terrorisme. Il y a un an, le candidat en campagne avait notamment proposé de "ficher les musulmans". Plus récemment, il avait aussi plaidé pour un contrôle accru de l'immigration pour faire face au risque terroriste. "Tout cela est de la posture et c'est inquiétant", a jugé Jean-Louis Bruguière. "J'attends de voir." 

Lors de son premier échange, vendredi, avec le président élu des Etats-Unis, François Hollande a pu évoquer la question du terrorisme. "Il a eu le sentiment que c'était l'un des points sur lequel Donald Trump semblait le plus engagé", a expliqué le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. Reste à savoir ce qu'il préconise exactement. 


Vincent MICHELON

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