Fonctionnaires, ISF... toutes ces fois où ça a chauffé entre Valls et Macron

par Antoine RONDEL
Publié le 29 mars 2017 à 17h47
Fonctionnaires, ISF... toutes ces fois où ça a chauffé entre Valls et Macron

ARCHIVES - En annonçant qu'il voterait Emmanuel Macron, mercredi 29 mars, Manuel Valls a ravivé les souvenirs des nombreux conflits qui l'ont opposé à son ancien ministre de l'Economie.

Entre Emmanuel Macron et Manuel Valls, ça n'a jamais vraiment été le grand amour. Les deux hommes, membres du même gouvernement entre début septembre 2014 et septembre 2016, auront passé une grande partie de leur séjour ministériel respectif à se chercher. Macron, en allant régulièrement sur des terrains où il n'était pas le bienvenu, et Valls, en recadrant avec autorité son turbulent ministre. 

Il faut dire que le patron de Bercy n'aimait rien tant que de déborder d'un cadre gouvernemental, qui lui offrait pourtant toutes les latitudes pour exercer ses orientations économiques libérales, à l'instar de sa loi éponyme et de la loi Travail, qu'il aura largement inspirée. Les 35 heures, le statut des fonctionnaires... autant d'occasions qu'a eues Emmanuel Macron de pousser son Premier ministre et désormais supporter à bout. Liste non exhaustive :

Les 35 heures

Après des propos critiquant la baisse du temps de travail à l'université d'été du Medef, en août 2015, Emmanuel Macron est repris de volée quelques heures plus tard par Manuel Valls : "Les vrais sujets sont la croissance et l'emploi, les petites phrases font mal à la vie publique".

Les fonctionnaires

En septembre 2015, Emmanuel Macron s'attaque à ce statut du travailleur de l'Etat, qu'il juge ni "adéquat", ni "justifiable". Levée de boucliers à gauche, notamment Martine Aubry, qui juge que, cette fois, "Macron, [y'en a]ras-le-bol !" L'occasion pour Manuel Valls de corriger (gentiment) son ministre : "Quand on a un ministre talentueux qui œuvre pour notre économie, on le soutient jusqu'au bout [tout en rappelant] son attachement au statut des fonctionnaires."

L'impôt sur la fortune

Quelques mois plus tard, c'est un autre totem de la gauche qui vacille sous la vindicte du futur candidat d'En Marche!, qui "préfère le risque face à la rente" et suggère la suppression de l'ISF. "Une faute", tonne aussitôt le locataire de Matignon, qui met en avant "la justice".

Un clash à l'Assemblée

Quelques jours après une interview à Sud Ouest où il dénonce la "caste politique", Emmanuel Macron fait l'objet d'une ire particulièrement serrée de Manuel Valls, filmée en direct à l'Assemblée nationale. En cause : le Premier ministre se serait senti visé et juge "inacceptable" les propos de son ministre. Penaud, Macron répond qu'il visait Juppé. Cela ne suffit pas à Valls, qui lui crie presque dessus : "Mais alors dis-le, dis-le !"

La déchéance de nationalité

Au cœur de l'hiver 2015-2016, la majorité est déchirée entre les dirigeants qui veulent déchoir de leur nationalité tous les terroristes binationaux et ceux qui s'indignent d'une mesure discriminatoire. Emmanuel Macron plaide de son côté pour un "inconfort philosophique" avec cette mesure. Manuel Valls, très favorable au texte, fait comme s'il n'avait rien entendu : "Emmanuel Macron soutient cette démarche. Il ne peut pas en être autrement." La mesure sera finalement abandonnée.

La loi Macron

Retour en arrière, en février 2015, moment de l'adoption de première loi "pour la croissance et l'activité", notamment célèbre pour la libéralisation du système des autocars. Un texte dont Emmanuel Macron porte une bonne partie de la paternité... mais que Manuel Valls court-circuitera en utilisant le 49-3, contre l'avis de son ministre. Alors que, dans les esprits, la loi est baptisée "loi Macron", le Premier ministre s'en agace : "Elle s’appelle la loi Croissance et activité, et je souhaite qu’on s’en tienne là dans la dénomination. C’est la loi du gouvernement, pas celle d’un ministre."

Sa démission

La cote de désamour a continué de grimper, souvent dans un sens, lorsqu'Emmanuel Macron a quitté le gouvernement, le 30 août, pour lancer sa candidature, quelques semaines plus tard. A ce moment-là, Manuel Valls n'a pas de mots assez durs pour dénoncer l'attitude de son ancien subordonné : "J'ai un principe, c'est la loyauté à l'égard du président de la République ; [...] dans ce moment-là, on ne peut partir, on ne peut pas déserter".

Sa candidature

Ultime critique d'importance dans la bouche de Manuel Valls : celle qui suit l'annonce de la candidature d'Emmanuel Macron, le 16 novembre 2016, le tout en dehors de la primaire du Parti socialiste, pour laquelle Manuel Valls soutenait encore - officiellement - François Hollande (il le poussera vers la sortie deux semaines plus tard). D'abord en dénonçant "l'aventure individuelle" à laquelle se livre le candidat, manière de le tacler pour s'être présenté en cavalier seul. Et ensuite en pointant la nécessité d'avoir "une expérience éprouvée par le temps" pour gouverner. Une manière de rappeler que l'ex-ministre n'a jamais été élu et n'a jamais été en fonction que deux ans.


Antoine RONDEL

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