"Affaire Théo" : le récit édifiant du contrôle d’identité qui a embrasé Aulnay-sous-Bois

par Tanguy HAMON
Publié le 9 février 2017 à 5h30, mis à jour le 9 février 2017 à 6h44

Source : Sujet TF1 Info

RÉVÉLATIONS - Le Parisien a eu accès aux déclarations et au rapport des quatre policiers présents lors de l’arrestation de Théo. Ajoutés aux récits du jeune homme, nos confrères ont pu retracer le déroulement de l’intervention qui a tout déclenché à Aulnay-sous-Bois.

Il est 16 h 46 ce jeudi 2 février quand quatre policiers patrouillant à Aulnay-sous-Bois décident de réaliser un contrôle d’identité. Depuis leur véhicule, ils viennent d’entendre le cri habituel des guetteurs signalant aux vendeurs de drogue la présence des forces de l’ordre. Les quatre agents descendent du véhicule pour encercler un groupe de jeunes gens. Théo est l’un d’entre eux, raconte Le Parisien.

Policiers et jeunes hommes se font face. Selon le rapport d’intervention des policiers, l’un des garçons qu’ils pensent être le guetteur ayant lancé les cris d’alerte aux dealers "se montre arrogant et n’accepte pas le contrôle d’identité […]. S’en suit un geste de défiance de l’individu qui approche son visage contre celui du gardien de la paix qui le repousse de la paume de main fermement". Ce geste du policier déclenche les violences.

Tu fais pas ça ! J’m’en bats les couilles de ton contrôle
Théo, selon le rapport des policiers

"Tu fais pas ça ! J’m’en bats les couilles de ton contrôle. Vous nous cassez les couilles ! Tu fais pas ça !", se serait interposé Théo, selon les policiers. Des propos d’une autre teneur d’après la version du garçon : "Pourquoi vous faites ça ? Ça va envenimer les choses pour rien. Ça vaut pas le coup !" 

Les paroles se transforment alors en actes physiques et tandis que trois policiers cherchent à maitriser Théo, le quatrième tient sa bande d’amis à distance à l’aide d’une bombe lacrymogène. Alors que le jeune homme se débat, son pantalon de survêtement glisse sur le haut de ses cuisses, raconte Le Parisien. Tombé au sol avec un agent, il se relève alors qu’un deuxième cherche à le menotter en le plaquant contre un muret, son bras droit bloqué dans son dos. 

Plusieurs coups de matraque, avant celui au rectum

Légèrement en retrait de la lutte, le troisième policier se sert d’abord de sa matraque télescopique (de près de 50 cm) pour lui asséner à plat trois ou quatre coups. Puis vient le coup désormais au centre de l’enquête. "Je l’ai vu prendre sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses volontairement", accuse Théo. Dans son rapport, le policier parle lui de "coups de matraque télescopique en visant ses membres inférieurs dans l’espoir de lui faire perdre l’équilibre et de l’amener au sol". L’arme est entrée dans les chairs de Théo sur une dizaine de centimètres, après avoir transpercé son caleçon, rapporte Le Parisien. Geste accidentel ou volontaire ? C’est ce que la justice devra trancher en s’appuyant sur les images de vidéosurveillance. Mais aussi sur les premiers comptes-rendus du rapport de la police des polices (IGPN), qui selon nos informations privilégie la thèse de "l'accident" à celle du "viol".

Une photo humiliante via Snapchat ?

La rixe ayant attirée du monde, les policiers utilisent alors une grenade de désencerclement. Ils expliquent avoir entendu des insultes : "Fils de putes ! On va niquer vos mères ! Lâchez-le". La situation calmée par l’arrivée de renforts, Théo est embarqué dans la voiture de police.

Lors du transfert au commissariat les deux versions s’affrontent encore. Selon nos confrères, un policier indique qu’ "il (Théo) a continué à nous insulter, à nous cracher dessus", tandis que le garçon prétend avoir été la cible d’insultes racistes : "Espèce de salope, bamboula. T’as voulu faire le malin, regarde maintenant comment tu es". Selon lui, une photo humiliante capturée grâce à l’application Snapchat a également été prise. Les téléphones des policiers seraient en cours d’analyses.


Tanguy HAMON

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