Famille Troadec : comment travaille la police technique et scientifique sur les scènes de crime ?

Publié le 28 février 2017 à 19h24, mis à jour le 1 mars 2017 à 10h14

Source : Sujet TF1 Info

FAIT DIVERS - Une disparition signalée le 23 février, une enquête criminelle ouverte le lendemain, des traces de sang retrouvées, trois ADN identifiés... Cinq jours après le début de l'affaire des disparus d'Orvault, Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte restent introuvables. Focus sur le travail des experts de la police technique et scientifique.

Cinq jours après que la disparition de la famille Troadec a été signalée à Orvault, une information judiciaire contre X des chefs d’homicides volontaires, enlèvements et séquestrations a été ouverte lundi soir par le parquet de Nantes. Alors que l’on ignorait toujours ce mardi où se trouvaient Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte, Elvire Arrighi, cheffe de la section criminalistique et des unités opérationnelles de la sous-direction de la police technique et scientifique explique à LCI comment les enquêteurs travaillent sur ces scènes de crime. 

La disparition de la famille Troadec a été signalée à Orvault le jeudi 23 février et une enquête criminelle a été ouverte dès le lendemain. Dans un cas comme celui-ci, à quel moment intervient la police technique et scientifique sur ces scènes de crime ? 

La police technique et scientifique est toujours la première à rentrer sur la scène du crime. Sa mission va être de geler les lieux, de les préserver de toute pollution extérieure, et de procéder à la recherche de traces et d’indices qui pourraient amener à l’identification des auteurs ou des victimes de l’infraction. 

Comment procèdent les policiers une fois sur place ? 

Après avoir préservé la scène de toute intervention extérieure, après avoir pris des photos des lieux, les policiers vont chercher le plus invisible à l’œil humain : ADN, empreinte digitale, odeur…   Ensuite, un certain nombre de produits va être appliqué sur place et différentes techniques vont être utilisées pour permettre de révéler des traces que l’œil nu ne pourrait pas voir. On va avoir des sources de lumière extrêmement puissantes, avec des ondes différentes, qui permettent par exemple de trouver des cheveux, fluides, poussières ou des traces de sang qui auraient été nettoyées. 

Unité nationale d'intervention du service central d'identité judiciaire.
Unité nationale d'intervention du service central d'identité judiciaire. - DGPN/ SICOP
Unité nationale d'intervention du Service central de l'identité judiciaire/ véhicule Mobilab
Unité nationale d'intervention du Service central de l'identité judiciaire/ véhicule Mobilab - DGPN/ SICOP

Quelles sont les différentes techniques utilisées aujourd’hui ? 

Le Crime Scope, sorte d’énorme projecteur que l’on balaie sur les scènes de crime, permet la recherche de traces biologiques ou papillaires invisibles. Grace à cet accessoire, il est possible  de révéler différentes fibres minuscules à l’œil nu. La recherche de traces de sang est réalisée, elle, grâce au Bluestar, par brumisation d’un spray appliqué sur les zones susceptibles d’avoir comporté du sang depuis lors effacé, dilué, lavé.

Révélations physico-chimique/luminescence
Révélations physico-chimique/luminescence - DGPN/ SICOP

Lundi 27 février, dans un communiqué, Pierre Sennes, procureur de la République de Nantes, indiquait que les constatations de police technique et scientifique avaient  permis de découvrir au domicile de la famille Troadec "de nombreuses taches de sang, à l'étage, dans l'escalier et au rez-de-chaussée, dont certaines avaient été essuyées"…

Tout ce que je peux vous dire concernant l’affaire d’Orvault, c’est que tous les moyens de police scientifique sont déployés aussi bien au niveau territorial, avec le service régional d’identité judiciaire, qu’au niveau central, avec l’unité nationale d’intervention qui a les plus gros moyens de police scientifique de France. 

Les équipes qui ont été envoyées à Orvault sont également celles qui sont intervenues sur les scènes des attentats survenus en France récemment. Ces experts savent gérer le flux d’indices, et retrouver ceux qui peuvent être pertinents pour l’enquête. De l’imagerie extrêmement avancée est utilisée, avec notamment des reconstitutions de scène de crime qui sont faites avec des logiciels qui permettent de figer les lieux à 360°. Une fois que la maison ne sera plus sous la main des enquêteurs, cela permettra de parcourir virtuellement les lieux. 

Révélations physico-chimique/luminescence.
Révélations physico-chimique/luminescence. - DGPN/ SICOP

La sous-direction de la police technique et scientifique lance un nouvel outil, le Crim’in. Pouvez-vous nous en dire un mot ? 

Il s’agit d’une application sur tablette qui devient le papier et le crayon de l’expert sur la scène de crime. Jusqu’à présent, tout était noté à la main sur place, puis reconstitué ou réécrit sur ordinateur après. Désormais, grâce à ce nouvel outil qui vient d’être livré après deux ans de travail et qui est en phase de test dans différents services, il est possible de tout enregistrer, tout de suite : plans, photos, indices… Cette nouvelle technologie permet de renseigner au fur et à mesure toutes les constatations et éléments essentiels à l’enquête et donc d’aller beaucoup plus vite, d’être plus efficace et opérationnel. C’est le calepin qui s’est dématérialisé. 

Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime.
Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime. - DGPN SICOP
Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime
Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime - DGPN/ SICOP
Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime.
Mise en œuvre de la tablette Crim'in sur scène de crime. - DGPN/ SICOP

NB : Les photos qui figurent dans cet article sont des photos d'illstration fournies par la police technique et scientifique. 


La rédaction de TF1info

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