Ille-et-Vilaine : un professeur jugé pour agressions sexuelles sur des petits garçons

Publié le 3 février 2016 à 14h00
Ille-et-Vilaine : un professeur jugé pour agressions sexuelles sur des petits garçons

JUSTICE – Un homme âgé de 32 ans comparaîtra ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) pour tentatives d'agressions sexuelles et agressions sexuelles sur mineurs commises entre 2008 et 2013 alors qu'il était instituteur et directeur d'école. Le fils de Nathalie a subi des attouchements pendant des mois. A la veille du procès, la mère de famille témoigne.

Cela fait trois ans qu'elle attend ce procès. Jeudi, Nathalie reverra pour la première fois celui qui, pendant de longs mois, a fait subir des attouchements à Elliott*, son petit garçon, dans la classe même où il lui donnait des leçons.

Cet ancien instituteur et directeur d'école sera jugé par le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour plusieurs tentatives d'agressions sexuelles et agressions sexuelles commises sur au moins dix petits garçons dans plusieurs d'Ille-et-Vilaine ( Meillac , Combourg, Saint Méloir-des-Ondes et Saint Broladre). Ludovic D., âgé aujourd'hui de 32 ans, comparaîtra libre. "Les parents (des petits garçons ndlr) seront dans la salle d'audience, et plusieurs victimes ont déjà annoncé leur volonté de venir devant le tribunal pour 'voir leur agresseur'", fait savoir Nathalie à metronews.

"J'ai tout de suite pensé à un viol"

Nathalie a pris connaissance des faits un soir de février 2013. "Les gendarmes se sont présentés chez nous vers 17 h 30. Ils nous ont dit qu'il y avait 'un souci' avec Elliott*. Pour moi, ça ne pouvait être qu'une 'histoire entre gamins'", nous confie la mère de famille. Par précaution, son mari sort de la maison avec le petit garçon âgé de 8 ans. "Les gendarmes m'ont alors dit que notre enfant avait peut-être été victime d'agressions sexuelles de la part de son instituteur. J'ai tout de suite pensé à un viol. Ils ont rectifié en parlant d'attouchements. Mais quand on vous dit ça, viol ou agression, vous ne faites pas la différence !"

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Les gendarmes proposent ensuite à Nathalie de parler avec Elliott. "J'ai voulu m'en charger. Mais je ne savais pas comment aborder le sujet. Je lui ai proposé de le laver. Ce que je ne faisais plus depuis longtemps, il avait 8 ans. J'ai volontairement évité les parties intimes, en lui disant que les adultes ne pouvaient pas toucher à ça. Il a baissé la tête. Là, j'ai réalisé qu'il y avait vraiment eu quelque chose. Puis il m'a dit : 'Pourquoi ils sont venus les gendarmes ?' Et il s'est mis à pleurer, avant de me faire quelques confidences. Il m'a dit notamment que son professeur le prenait sur ses genoux pour les devoirs et que parfois, il lui mettait la main dans ou sur le pantalon au niveau de son sexe. J'ai mis fin à la discussion. C'était trop. Je ne voulais pas m'effondrer devant mon fils."

Toujours le même modus operandi

Une fois Elliott couché, Nathalie informe son mari. "Il est devenu comme fou. Il est parti avec la voiture. J'ai cru qu'il allait le tuer, se souvient la maman encore traumatisée par ces images. Il est revenu une demi-heure plus tard. Il avait besoin de prendre l'air, de se calmer…". Ni lui, ni Nathalie ne s'étaient doutés de quoique ce soit. C'est sur la base d'un témoignage d'une autre victime que les gendarmes ont vu que d'autres petits garçons, dont Elliott, avaient été agressés. "Dix au moins sont connus, mais il y en a peut-être beaucoup plus, commente Nathalie. Cet homme a fait des sorties, des colonies de vacances… Malheureusement, au regard des faits, on ne peut qu'imaginer le pire".

Selon les témoignages collectés par les gendarmes, le professeur agissait toujours selon le même modus operandi. Dans sa classe, pendant les heures de cours, il prenait les petits garçons sur ses genoux, pour soi-disant les aider à faire leurs exercices. Il leur tripotait ensuite le sexe sur ou sous leurs vêtements et portait parfois leur main sur son propre sexe. "Tout était fait pour que rien ne se voie. Il avait mis un store occultant. Le bureau était fermé, personne ne pouvait imaginer ce qu'il se passait dessous. Puis il disait aux enfants que c'était un 'secret', qu'il ne fallait le dire à personne", insiste Nathalie.

Un professeur "enjoué" et "agréable"

Ludovic D. a eu son bac S en 2002. Dès l'âge de 17 ans, après avoir eu son BAFA (Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur ndlr), il a commencé à encadrer des enfants essentiellement âgés de 3 à 12 ans. Professeur des écoles depuis 2006, il avait été signalé en 2010 pour des faits remontant à 2007. Un jeune garçon, âgé de 10 ans au moment des faits, avait fait état, au cours de son audition, de "fellations et de caresses sur son sexe imposées par Ludovic D.". La procédure avait été classée sans suite pour "insuffisance d'élément matériel". Pour les autres faits qui lui sont reprochés, Ludovic D. a été interpellé le 7 mars 2013 et placé en détention le lendemain, avant d'être libéré et placé sous contrôle judiciaire le 18 juin de cette même année.

Interrogés sur le prévenu, ses anciens collègues l'ont décrit comme ""enjoué", "agréable", "impliqué dans son travail", "très rigoureux" "strict avec les enfants sans être autoritaire", "très précautionneux"… Pour expliquer ces gestes, Ludovic D. a notamment fait part aux enquêteurs de "ses difficultés personnelles" et de "son homosexualité non assumée". Il a reconnu une partie des faits.

Le prévenu encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement. "J'espère que la condamnation sera à hauteur des actes ignobles que cet homme a commis. Je sais qu'il ne prendra pas dix ans, mais je ne veux pas qu'il prenne en dessous de 5 ans. Je veux qu'il comprenne tout le mal qu'il a fait. Nous, ce n'est pas 5 ans de notre vie qui vont être gâchés. Pour Elliott et les autres petits, c'est toute leur vie qui est foutue en l'air. Mon fils est traumatisé, il a fait des cauchemars, de l'eczéma. C'était un enfant très brillant, aujourd'hui, il peine à avoir la moyenne. Cet homme est libre aujourd'hui, il faut qu'il soit condamné pour ce qu'il a fait" clame cette maman encore sous le choc.

Joint par metronews à plusieurs reprises, l'avocate de Ludovic D., Me Bénédicte Gosselin, n'a pas répondu à nos appels. 

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Aurélie SARROT

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