ENQUÊTE - Un an après le décès d'Adama Traoré, sa famille organise une marche en sa mémoire ce samedi 22 juillet. Une expertise a confirmé la mort par asphyxie, reliée à des fragilités antérieures, mais sans résoudre l'inconnue au cœur de l'affaire : a-t-elle été provoquée par l'interpellation des gendarmes ce 19 juillet 2016 ?
Adama Traoré aurait eu 25 ans mercredi dernier. Le 19 juillet 2016, alors qu'il tente de fuir à un contrôle d'identité à Beaumont-sur-Oise, le jeune homme est rattrapé et maîtrisé par les gendarmes dans son appartement. Il est maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon les déclarations de l'un des militaires qui assurait n'avoir porté aucun coup. Le jeune homme avait alors confié ses "difficultés à respirer". Il avait ensuite perdu connaissance lors de son transport vers la brigade de Persan avant que son décès ne soit confirmé.
Dans les jours qui suivent l'annonce du décès, plusieurs plaintes sont déposées par la famille, notamment pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. Des manifestations sont également organisées à Beaumont-sur-Oise et Paris, notamment à l’initiative d'Assa Traoré, la sœur de la victime. Ils veulent connaître les circonstances exactes du décès d'Adama Traoré. Un an après le décès, les circonstances de son décès sont encore floues subsistent. Sa mort a-t-elle été provoquée par l'interpellation des gendarmes ? Alors que sa famille organise une marche en sa mémoire ce samedi 22 juillet, on fait le point sur l'enquête.
Lire aussi
Mort d'Adama Traoré : asphyxie ou problème cardiaque ? Ce que contient vraiment l'expertise
Lire aussi
"Brebis galeuses", "agents du désordre" : d'Omar Sy à Patrick Bruel, les artistes signent un tribune pour Théo et Adama Traoré
Une première hypothèse décriée
La première autopsie avait conclu à une "absence de cause immédiate au décès", mais identifié un "syndrome asphyxique" et des "lésions d'allure infectieuse". Dans sa communication, jugée "partielle et partiale" par l'avocat de la famille Yassine Bouzrou, le procureur de Pontoise n'avait alors pas mentionné cette asphyxie mais invoqué une "infection très grave" pour expliquer la mort du jeune homme.
La thèse avait suscité la colère de l'entourage d'Adama Traoré mais été vite balayée par la contre-autopsie, qui avait relevé "l'absence de point d'appel infectieux". Elle concluait à une mort par "syndrome asphyxique" à confirmer par un examen anatomo-pathologique. Réalisé en septembre, ce premier examen approfondi des organes avait avancé l'hypothèse d'une cardiomyopathie "exposant Adama Traoré au risque de mort subite" et relevé plusieurs anomalies pouvant avoir contribué au décès.
Un nouveau rapport déposé lundi dernier
C'est cet examen que discute le rapport déposé lundi, réalisé à partir des mêmes prélèvements, le corps du jeune homme étant enterré au Mali. Selon ses auteurs, l'hypothèse d'une cardiomyopathie "ne peut être retenue avec certitude", et de nouveau ils écartent tout "état infectieux antérieur". En revanche, les experts médicaux relèvent plusieurs fragilités potentiellement à l'origine de l'asphyxie, notamment une "cardiomégalie" qui, "bien que modérée", "peut s'être décompensée sur un mode aigu à l'occasion d'un effort (trouble du rythme ? poussée d'insuffisance cardiaque ?)".
Une autre interrogation porte sur les secours prodigués à Adama Traoré. Un des pompiers appelés sur place a déclaré aux enquêteurs que le jeune homme n'avait pas été placé en position latérale de sécurité mais était face contre terre, menotté, et qu'un gendarme lui avait indiqué qu'il "simulait" un malaise.