"Notre avocat est la principale victime" : quand Riposte Laïque fait du tireur de Melun un martyr

Publié le 29 octobre 2015 à 14h22
"Notre avocat est la principale victime" : quand Riposte Laïque fait du tireur de Melun un martyr

MELUN - L'avocat Joseph Scipilliti , qui a tiré ce jeudi matin sur le bâtonnier Henrique Vannier avant de mettre fin à ses jours, défendait notamment régulièrement les membres du site polémique, "Riposte laïque". Dont le fondateur Pierre Cassen explique à "metronews" qu'il est la réelle victime de ce drame.

Plus de trois heures avant de commettre son geste, Joseph Scipilliti savait probablement ce qu'il s’apprêtait à faire. Aux alentours de 6 heures jeudi matin, il a ainsi pris soin de diffuser une longue lettre de 240 pages, datée du 27 octobre, dont une phrase fait frémir à la lueur des événements qui ont suivi : "Le suicide seul ne sert à rien (…) Pour susciter une prise de conscience il faut faire un grand bruit". Et qui se termine par ces mots : "Me voilà donc sur le point de satisfaire ceux qui pour justifier leur domination ou leur soumission m’ont fait une réputation de cosaque. Pour une fois, je vais vraiment manquer de délicatesse."

"Connaissant son tempérament, ce n'était pas inenvisageable"

Sa missive, l'avocat l'a adressée à Christine Tasin et Pierre Cassen, respectivement présidente de l'association Résistance laïque et fondateur du site Riposte laïque. Le tout accompagné de cette simple requête : "A lire et diffuser sans modération, et même mettre en ligne". "Nous avons découvert la lettre à notre réveil, aux alentours de 8h30-9h du matin", explique Pierre Cassen à metronews. Qui admet qu'à sa lecture, "deux inquiétudes" lui sont venues immédiatement à l'esprit : "La première était qu'il mette fin à ses jours et la deuxième, c'était une hypothèse qui, à la lecture et connaissant le tempérament de maitre Scipilliti n'était pas totalement inenvisageable, que dans un geste désespéré, avant de mettre fin à ses jours, il n'ait des représailles contre ce bâtonnier".

Ce tempérament, Pierre Cassen le décrit comme celui de "quelqu'un qui a le sang chaud et qui ne supporte pas l'arbitraire". "Il était arrivé qu'il nous fasse part de son mal-être, de sa révolte, devant la hiérarchie judiciaire, devant l'instrumentalisation politicienne de plus en plus grave de la justice (…), de son impression d'être le vilain petit canard dans son milieu", ajoute-t-il. Tout en assurant qu'il n'avait pas senti néanmoins, au cours de leur dernière rencontre qu'il situe il y a un mois, "de problèmes particuliers". Ce jeudi matin, quand il essaie de joindre l'avocat après avoir lu la lettre : il est trop tard. Joseph Scipilliti vient de tirer, en plein tribunal de Melun, plusieurs coups de feu sur le bâtonnier Henrique Vannier.

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"Condamner son acte ce serait le tuer une deuxième fois"


Si Pierre Cassen connaît si bien Joseph Scipilliti, c'est que l'avocat avait l'habitude de défendre les contributeurs de son site. Au nom de la laïcité, celui-ci développe en effet des propos qui lui valent notamment d'être accusé d'islamophobie. En juillet 2014, Christine Tasin avait ainsi été poursuivie pour injures et provocation à la haine raciale à la suite pour avoir déclaré : "L’Islam est une saloperie". Condamnée en première instance, elle avait été relaxée en appel, la cour ayant considéré qu'il s'agissait d'une injure et non d'une incitation à la haine. Elle avait été défendue par Joseph Scipilliti.

Aujourd'hui, Pierre Cassen "espère de tout cœur que le bâtonnier va s'en sortir" mais refuse de condamner le crime commis par son avocat. Son site appelle à relayer son "testament", qu'il n'hésite pas à comparer aux fameux "J'accuse" écrit par Emile Zola pour défendre le capitaine Dreyfus. "Qui serions-nous pour nous permettre de condamner l'acte d'un homme désespéré ? Condamner son acte ce serait le tuer une deuxième fois", développe-t-il pour metronews. "Pour nous, c'est notre avocat la principale victime et parmi ses bourreaux, il y a effectivement une personne qui est entre la vie et la mort. Je trouve que ça mérite quand même de relativiser." Tout en s'exclamant, quand on lui fait remarquer qu'il flirte avec l'apologie de meurtre : "C'est incroyable comme lecture !"

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La rédaction de TF1info

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