Pourquoi Sylvie Leclerc n’est pas la nouvelle Jacqueline Sauvage

Publié le 23 mars 2016 à 21h52
 Pourquoi Sylvie Leclerc n’est pas la nouvelle Jacqueline Sauvage

DECRYPTAGE - Deux mois après sa grâce partielle par le président Hollande, Jacqueline Sauvage est encore dans tous les esprits. Son ombre et le souvenir de cette affaire planent sur le procès de Sylvie Leclerc, accusée d’avoir tué son compagnon d’une balle de fusil de chasse. Un parallèle que les experts psychiatres, ce mercredi, sont venus démonter.

La comparaison est tentante. Voilà deux femmes qui, à quelques mois d’intervalle, se retrouvent devant une cour d’assise pour avoir, en 2012, tué leur compagnon d’une balle de fusil de chasse. Deux femmes qui, pour assurer leur défense, se sont offert les services des mêmes avocates spécialisées dans les violences conjugales, les très médiatisées Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini. Alors évidemment, dès l’ouverture du procès de Sylvie Leclerc aux assises de Nancy, lundi 21 mars, flottait dans l’air un parfum de déjà-vu. Celui de l’affaire Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent avant d’être partiellement graciée, au mois de février, par le président de la République.

Violence conjugale ou couple auto-destructeur ?

Les médias, une grande partie de l’opinion publique et plusieurs artistes engagés n’ont pas hésité à dessiner un parallèle entre ces deux affaires, sur fond de syndrome de la femme battue et de légitime défense. C’est ainsi qu’on a pu voir débarquer, au deuxième jour du procès, la comédienne Eva Darlan, fervent soutien de Jacqueline Sauvage et de sa famille au moment où s’accumulaient les pétitions pour faire libérer la sexagénaire.

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Et pourtant. Peut-on réellement placer sur le même plan les gestes de ces deux femmes ? Car si la notion "d’enfer conjugal", clairement établie au cours de l’affaire Sauvage, a bien été évoquée au début du procès Leclerc, elle a finalement été balayée de la main au cours des débats. Pourquoi ? Parce que le harcèlement moral et le geste de strangulation, décrits par l’accusée dès les premières gardes à vue, semblent en réalité s’être produits dans le cadre d’une relation de couple auto-destructrice, où insultes et brimades fusaient… des deux côtés.

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"Une emprise partagée"

C’est en tout cas ce qu’a pu décrire Aude, la fille aînée du couple, appelée à la barre des témoins ce mercredi 23 mars. "Ils s’engueulaient, ils s’insultaient tous les deux. Ils s’auto-pourrissaient la vie", martèlera-t-elle devant la cour. Un constat observé par le docteur Coudale Henry, expert psychiatre venu livrer ce même jour son analyse du comportement de Sylvie Leclerc. Il établit ainsi clairement que l’emprise, dans ce couple "est partagée". "On n’est pas dans la situation d’un conjoint maltraitant face à une personne maltraitée", poursuit-il. Selon lui, Sylvie Leclerc, battue et abusée pendant une enfance malheureuse, aurait "vu une continuité dans sa vie d’adulte" et "reproché à Gérard, son compagnon, les mêmes torts qu’à son beau-père".

Un cocktail d’éléments tragiques, se mêlant à une "personnalité fragile, vulnérable et dépressive", qui font de cette affaire bien plus qu’une réédition du procès de Jacqueline Sauvage. Et que les jurés apprécieront certainement, jeudi 24 mars, jour du verdict, de manière indépendante.


La rédaction de TF1info

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