VIDÉOS - Rassemblement pour Shaoyo Liu, ce Chinois tué par un tir policier à Paris : "Nous voulons savoir ce qu'il s'est passé"

par Youen TANGUY
Publié le 29 mars 2017 à 10h00
VIDÉOS - Rassemblement pour Shaoyo Liu, ce Chinois tué par un tir policier à Paris : "Nous voulons savoir ce qu'il s'est passé"

REPORTAGE - Ce mardi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies devant le commissariat du XIXe arrondissement de Paris pour réclamer "justice" et "vérité" pour Shaoyo Liu, un Chinois de 56 ans tué dimanche par un policier. Un nouveau drame qui relance la colère et les inquiétudes de la communauté asiatique installée en France. Une dizaine de personnes ont été interpellées mardi lors de cette manifestation.

"J’ai peur, c'est pour ça que je suis ici". Jackie, un père de famille chinois, vit en France depuis dix-sept ans et pourtant, il ne s'y sent pas en sécurité. Ce mardi, il est venu manifester devant le commissariat du XIXe arrondissement comme des centaines d'autres personnes, pour protester contre la mort d'un père de famille chinois tué par un policier dimanche à son domicile.

Shaoyo Liu, 56 ans, a été atteint par le tir d'un agent de la Bac alors qu'il agressait avec des ciseaux un autre agent, selon la police. Une version contestée par la famille qui affirme que le père de famille "n'a blessé personne" et que l'homme, qui se trouvait avec ses enfants, était "en train de tailler des poissons avec des ciseaux".

Les manifestants, la plupart de la communauté chinoise, étaient venus soutenir la famille de la victime et dire leur "colère", le poing levé face aux forces de l'ordre. Des banderoles avaient été déployées sur une petite place, des bougies et des fleurs déposées au sol.

"Qu’on force la porte, ok. Mais on ne tire pas sur une personne sans le maîtriser d’abord, s'indigne Vangel, un jeune manifestant. Il avait une paire de ciseaux, ce n’est pas une arme, ce n’est pas un couteau, ça ne tue pas". Il est venu aujourd'hui pour réclamer des explications sur ce qui s'est vraiment passé. J’espère qu’il n’y aura pas de violences et de confit mais des réponses". Lundi soir, une manifestation au même endroit avait dégénéré. Trente-cinq personnes avaient été interpellées. Neuf sont toujours en garde à vue, a précisé mardi soir la préfecture de police.

Parmi les manifestants, deux messages se font entendre. D’un côté, près de l'entrée du commissariat, des membres de la communauté asiatique réclament "justice et vérité". Dans un mégaphone, une femme demande même à tout le monde de s'assoir pour montrer qu'il s'agit bien d'un rassemblement pacifique. Derrière eux, quelques membres de groupuscules d'extrême gauche répliquent que les forces de l'ordre n'entendent rien et scandent : "Tout le monde déteste la police" ou "Police assassine". Le climat se tend, il faut que les CRS dispersent manu militari la foule. 

Mais pour la plupart, s'ils sont réunis devant le commissariat du XIXe arrondissement de Paris, c'est qu'avant tout, par soif de vérité : Cheng Zhu, une Parisienne de 24 ans, est "confuse". "Je suis ici pour savoir ce qu'il s'est passé. On demande une explication plus précise, les médias donnent deux versions opposées". L'IGPN a beau avoir ouvert une enquête, "la communauté chinoise est toujours ignorée par la force policière, continue cette étudiante. On a le sentiment d'être délaissés. Beaucoup de mes amis installés ici depuis longtemps ressentent la même chose." Un sentiment d'insécurité qui a ému jusqu'à Pékin. 

Mardi, le gouvernement chinois a demandé à la France de garantir "la sécurité et les droits" de ses ressortissants et "exigé" que Paris fasse "toute la lumière sur cette affaire". Vangel n’'y croit pas trop : Il y a eu plusieurs manifestations, mais ça ne s’arrange pas."

Selon la police, qui chiffre à "environ "400 personnes" le nombre de participants à la manifestation, une dizaine d'entre eux ont été interpellés "pour jets de projectiles". Lundi soir, une manifestation au même endroit avait donné lieu à des incidents. Trente-cinq personnes avaient été interpellées dont neuf étaient toujours en garde à vue mardi soir, selon la préfecture de police.


Youen TANGUY

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