Cannes 2016 : "Juste la fin du monde" mais pas le début d’une Palme pour ce décevant Xavier Dolan

Publié le 18 mai 2016 à 23h34
Cannes 2016 : "Juste la fin du monde" mais pas le début d’une Palme pour ce décevant Xavier Dolan

FAUX ESPOIRS – Le réalisateur québécois ne réitèrera pas l’exploit de "Mommy" qui avait bouleversé la Croisette en 2014. Sans être un ratage total, son nouveau long-métrage n’a pas réussi à secouer la Croisette. Explications.

S’il n’avait pas remporté le titre suprême avec Mommy, Xavier Dolan avait sans aucun doute décroché la Palme du cœur en 2014. C’est donc chargé de ce souvenir et de grandes espérances que Juste la fin du monde débarquait au festival cette année. Mais, à l’issue de la projection, la déception était plus que palpable.

Adapté d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, le sixième film du cinéaste de 27 ans raconte les retrouvailles d’un jeune dramaturge à succès avec sa famille de fous qu’il n’a pas vue depuis douze ans. L’objectif de sa visite ? Leur annoncer sa mort prochaine. Mais très vite, les griefs, les jalousies, les non-dits, les reproches et les vieux souvenirs donneront une autre tournure à cet après-midi.

Sur le papier, cet instantané avait tout pour plaire : un casting cinq étoiles, un sujet universel (les familles dysfonctionnelles) et un prodige aux manettes. Seulement voilà : le réalisateur, qui avait épuré son cinéma avec Mommy, renoue avec ses tics et ses vieux démons. Trop d’effets tue l’effet Xavier : à charger la partition musicale, à refuser les silences, à abuser des figures de style, à embrasser trop souvent l’hystérie, il asphyxie son récit. Le texte, pourtant essentiel et ponctué de jolies punchlines, devient carrément secondaire.

Un film trop fabriqué

Pire : le metteur en scène se repose sur ses acquis et répète les mêmes formules. Pour exemple, cette posture consistant à "branchiser" des tubes supposés "beaufs" : après "On ne change pas" de Céline Dion dans Mommy, voici venir le "nu ma, nu ma iei" du groupe O-Zone. Sauf qu’ici, la mayonnaise ne prend pas : seul l’artifice jaillit.

Restent cependant de grands numéros d’acteurs, chacun ayant une belle partition à défendre. Personnage central de ce huis-clos, Gaspard Ulliel en dit suffisamment long avec ses regards et son sourire en coin, Marion Cotillard et Léa Seydoux attendrissent respectivement en belle-sœur s’excusant d’exister et en frangine un brin vulgaire mais en quête d’attention, Vincent Cassel fascine en frère aîné mal léché et Nathalie Baye amuse et émeut en mère bling et excentrique. Tous sont irréprochables mais bouffés par une mise en scène surfabriquée qui empêche l’émotion de jaillir. Très regrettable.

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La rédaction de TF1info

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