Lorient-PSG : Loïc Féry, le président des temps modernes

par Adrien CHANTEGRELET
Publié le 19 avril 2016 à 8h00
Lorient-PSG : Loïc Féry, le président des temps modernes

PORTRAIT – Président du FC Lorient depuis 2009, Loïc Féry a littéralement transformé le club breton en quelques années, amenant sa rigueur et son professionnalisme puisés dans son parcours d’ancien trader. Fondateur et président directeur général de Chenavari, une entreprise spécialisée dans le crédit et la finance, Féry est également devenu un personnage incontournable du football français en raison de son franc-parler. Portrait avant la demi-finale de Coupe de France tant attendue entre le FCL et le PSG.

Le 10 août 2009, Loïc Féry, alors méconnu du grand public, devenait le président et surtout l’actionnaire majoritaire du FC Lorient à 35 ans seulement. Cet homme titulaire d’un Bac S et diplômé de HEC n’était pas forcément destiné à faire carrière dans le monde du football, en atteste son parcours professionnel lors duquel il sillonnera davantage les banques (Société Générale, Crédit Agricole) que les terrains de foot au début des années 2000, même si ce grand passionné de sport a également eu le temps de humer le gazon en évoluant à la pointe de l’attaque d’un club de D2 à Hong-Kong avant d’en devenir le président.

Fondateur et président directeur général de Chenavari, une entreprise spécialisée dans le crédit et la finance, Loïc Féry passe la majeure partie de son temps du côté de la City à Londres, le nez plongé dans son ordinateur et dans les chiffres, ce qui ne l’empêche pas de garder la main sur un club qu’il a totalement révolutionné en un temps record. "Qu’il soit à Lorient en tribunes, à Londres chez lui, ou au Japon en voyage d’affaires, il trouve toujours un moyen d'être devant le match de Lorient le samedi soir, nous confie Alex Hayes, vice-président de Lorient et bras droit de Féry. On discute toujours avant le match, il m’envoie un paquet de commentaires par texto durant les rencontres et on fait toujours un débrief dans la foulée des matches. Il est très impliqué de A à Z."

"Si tous les présidents avaient son ambition, la L1 se porterait mieux"

"Mon ambition est de pérenniser la présence du FC Lorient au plus haut niveau du football professionnel français", lance Loïc Féry au moment de sa prise de fonction. Dans un Championnat de France économiquement fragile, on le prend pour un illuminé. Mais cinq ans plus tard, force est de constater qu’il a réussi son pari. Lorient ne perd pas ou très peu d’argent (déficit de 1,6 million d’euros à l’issue de la saison 2014/2015) et Féry est parvenu à changer le visage d’un club familial à l’ambition réduite. "Le président a énormément investi au club. Si on prend le total des recrutements depuis son arrivée, on doit avoisiner les 70 millions d’euros, analyse Hayes, ancien journaliste reconverti. Il a également investi dans le centre d’entraînement, un véritable bijou, qui a coûté 13 millions. Il aime profondément le club."

Et si certains ont longtemps douté des réelles intentions de Féry en raison de son passif et du chemin parcouru avant de prendre les rênes du FCL, ses méthodes de management, qu’il a l’habitude d’appliquer à Chenavari, font aujourd’hui les beaux jours de son autre entreprise, le FC Lorient. A l’image du système de rémunération variable mis en place auprès des joueurs, susceptibles de doubler ou tripler leur salaire en fonction des résultats de l'équipe. "Il a beaucoup souffert de l’image du financier multimilliardaire qui vit à Londres et qui achète un club en France... Il croit aux valeurs du club, au football à la lorientaise, souligne le vice-président du FC Lorient. Il veut dynamiser Lorient et apporter un peu plus d’ambition et de professionnalisme. Si tous les présidents de L1 avaient son ambition, je pense que la L1 se porterait beaucoup mieux."

Un président cinglant et saignant sur Twitter

Manager dans l’âme, Loïc Féry, très proche de son effectif, se révèle être également un fin communicant. A la manière de Jean-Michel Aulas, véritable Twitter addict quand il faut défendre l’Olympique Lyonnais, le président du FC Lorient use de la même stratégie de communication. Benjamin Mendy, Pierre Ménès et même ses propres joueurs ont fait les frais des tweets cinglants de Loïc Féry.

"Un patron d’une entreprise a le droit de s’exprimer, de faire savoir ce qu’il pense, car c’est son club, déclare Alex Hayes. Il a des opinions qui sont souvent assez costaudes mais qui sont souvent très justes. Le fait qu’il se fasse entendre de temps à autre sur les réseaux sociaux me paraît plutôt dans la lignée de l’homme qu’il est." Et visiblement, on devrait se délecter des tweets du président Féry pendant encore un long moment à en croire son homme de confiance. "Est-ce que je le vois encore rester à Lorient ? Ah oui oui oui (rires). On ne fait pas de tels investissements pour le plaisir. Il les fait parce qu’il est là sur le long terme et qu’il croit au projet du FC Lorient." Une victoire face au PSG en demi-finale de Coupe de France mardi soir ne ferait que renforcer ce sentiment.


Adrien CHANTEGRELET

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