Salzbourg-Marseille : comment Rudi Garcia a remis un OM en crise dans le droit chemin

par Hamza HIZZIR
Publié le 2 mai 2018 à 22h40, mis à jour le 3 mai 2018 à 0h31
Salzbourg-Marseille : comment Rudi Garcia a remis un OM en crise dans le droit chemin

LIGUE 1 – Demi-finaliste de la Ligue Europa, en piste contre Salzburg ce jeudi soir, et toujours dans la course au podium de la Ligue 1, l’Olympique de Marseille a retrouvé des couleurs, après avoir traversé une forte zone de turbulences. L’entraîneur, Rudi Garcia, n’y est pas étranger.

L’OM-TFC (2-0) du 24 septembre 2017 s'était joué dans un contexte particulier. À Marseille, et plus particulièrement au stade Vélodrome, la révélation de la grave maladie qui touche Bernard Tapie, ancien président emblématique du temps de l’âge d’or du club phocéen, ne pouvait pas être une nouvelle parmi d’autres. Les banderoles lui rendant hommage avaient ainsi fleuri dans les travées. Et l’équipe locale avait eu la bonne idée de s’imposer, pour mettre un peu de baume au cœur de l'ancien dirigeant. 

Il s’agissait alors de la 3e victoire en autant de matchs pour les hommes de Rudi Garcia, mais la première avec la manière cette saison, après avoir essuyé deux cinglantes déconvenues consécutives, à Monaco (6-1) le 27 août, puis à domicile face à Rennes (1-3) le 10 septembre. Entre-temps, l’entraîneur a pris des décisions fortes, à l’origine directe de ce renouveau. Un renouveau qui a joué la prolongation, jusqu'au dernier carré de la Ligue Europa, et le Salzbourg-OM de ce jeudi soir (21h05).

Un changement tactique fondateur

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour eux, ça veut dire beaucoup. Eux, ce sont les défenseurs de l’OM qui, en début de saison, buvaient la tasse à chaque sortie, avec le seul Luiz Gustavo pour faire l’essuie-glace devant eux dans le schéma en 4-3-3 privilégié par le coach. En réaction, ce dernier a réorganisé son équipe en 4-2-3-1, avec deux milieux défensifs. Hasard ou coïncidence : Marseille a gagné les trois matchs suivants dans ce nouveau schéma tactique, toujours en vigueur aujourd'hui.

"Quand t’as deux mecs comme ça au mitard (sic), on est aidés défensivement, a confirmé Adil Rami. En début de saison, on était un peu esseulés. On se prenait des vagues, c’était dur physiquement et mentalement, il fallait assurer les coups à chaque fois. Quand tu tombes sur des jeunes qui vont à 2000 à l'heure et qui te prennent en un-contre-un sur des contres, ce n’est pas facile. Ces deux piliers au milieu de terrain nous permettent de récupérer physiquement, d’être plus sûrs dans les duels et sereins. On n’arrivait pas trop à mettre la manière. Il fallait commencer par être plus défensifs. On l’a fait. Et maintenant, avec plus de confiance, on arrive à dérouler plus de jeu." CQFD.

La titularisation de Zambo-Anguissa

Évidemment, la question était aussi de savoir quel milieu défensif aligner au côté de Luiz Gustavo. Le débat initial opposait Maxime Lopez à Morgan Sanson, les joueurs les plus en vue dans ce secteur la saison dernière. Mais là encore, Rudi Garcia a surpris son monde en optant pour André-Franck Zambo-Anguissa, apparu à la peine en début de saison… Dès le mois de décembre 2016 pourtant, soit quelques semaines après sa prise de fonctions, le coach avait décelé "un potentiel énorme" chez le colosse camerounais aux pieds carrés. Et depuis, le milieu camerounais, formé à l’OM, a enfin pu ajouter, à force de jouer, de la vista technique à son impact physique. Ce qui n'est sans doute qu'un début.

Les sacrifices d’Evra et Germain

Ils étaient deux têtes de gondole de l’"OM Champions Project" vendu par le nouveau propriétaire du club, Frank McCourt. Ils ne sont plus que des fantômes. Patrice Evra a beau avoir conservé son charisme et sa force de caractère, il a désormais les jambes de ses 36 ans. Le coach l'a vite compris. Les supporters aussi, qui l'ont ciblé et poussé eux-mêmes vers la sortie. Paradoxalement, c’est Jordan Amavi, premier joueur remplacé par Rudi Garcia lors du naufrage monégasque de la fin août, qui en a profité, pour définitivement gagner sa place dans le onze de départ. C’est peu dire que sa rigueur, sa vitesse et la qualité de ses centres tranchent avec les errements de son glorieux aîné. 

Devant, Valère Germain paie, lui, son incapacité à évoluer seul en pointe. Fin techniquement et très mobile, la recrue estivale peine à s’exprimer dans les appels au profondeur et le jeu dos au but. Tout le contraire du très athlétique Clinton Njie, qui perd certes des ballons, mais se régale dans ce combat permanent. Comme Kostas Mitroglou, l’autre recrue offensive. Garcia, en mettant de côté deux joueurs au statut important dans le vestiaire, dès le début de la saison, a incontestablement fait montre, là encore, d’un courage certain.

Des repositionnements salvateurs

La 2e partie de saison, aux allures d'inéluctable montée en puissance, a été le moment de la gestion pour l'entraîneur, confronté à de nombreux pépins physiques et doté d'un effectif limité, tandis que son équipe poursuivait son épopée européenne tout en jouant le haut du tableau en Ligue 1, s'offrant un calendrier démentiel. Un art qu'il a maîtrisé avec audace et ingéniosité Ainsi, une fois le départ d'Evra acté, plutôt que de relancer Henri Bedimo à gauche, Garcia a reconverti Hiroki Sakaï en arrière gauche de fortune et installé l'ailier Bouna Sarr au poste d'arrière droit. Et quand, ensuite, Rami et/ou Rolando ont manqué à l'appel en défense centrale, le technicien a descendu Luiz Gustao d'un cran, jusqu'en charnière. Résultat : les deux hommes sont deux des principaux artisans du riche printemps européen de Marseille. Deux autres choix (déjà) gagnants.


Hamza HIZZIR

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