PSG-OL – Jérôme Alonzo : "Si Salvatore Sirigu fait un gros match contre Lyon, Kevin Trapp est en danger"

par Hamza HIZZIR
Publié le 12 janvier 2016 à 16h10
PSG-OL – Jérôme Alonzo : "Si Salvatore Sirigu fait un gros match contre Lyon, Kevin Trapp est en danger"

INTERVIEW - Titulaire avec le Paris Saint-Germain mercredi soir face à Lyon, en quarts de finale de la Coupe de la Ligue, Sirigu va tenter de s'illustrer alors que Kevin Trapp multiplie les boulettes. Consultant pour France Télévisions, qui diffusera la rencontre, l'ex-portier parisien Jérôme Alonzo apporte son éclairage sur cette situation qui s'enlise, sur fond de mercato et d'Euro 2016.

Laurent Blanc l'a annoncé ce mardi : "Salvatore Sirigu jouera contre Lyon" mercredi soir (21h) en quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Puis l'entraîneur du PSG a précisé : "La hiérarchie des gardiens reste la même." L'Italien, relégué au rang de doublure par l'arrivée de Kevin Trapp cet été, devra donc bien se contenter des coupes, malgré les nombreuses boulettes de l'Allemand.  On essaie de comprendre avec l'aide de Jérôme Alonzo, lui-même ancienne doublure de Letizi et de Landreau à Paris, ce qui se passe dans la tête de Sirigu.  

Quel regard portez-vous, en tant qu'ancien gardien n°1 et ancienne doublure au PSG, sur la situation de Salvatore Sirigu ?
C'est une situation que je connais bien, j'ai beaucoup été dans un rôle de doublure, de n°1 bis, de faux n°2, des trucs assez difficilement définissables. Et je me mets à sa place parce que, ce qui est dur à accepter pour lui, c'est que le club a recruté un gardien (Kevin Trapp) qui n'est pas largement meilleur que lui. Les six premiers mois de la saison nous l'ont confirmé. Salvatore a justement eu envie de rester pour montrer que l'écart était infime, voire que la balance pouvait pencher en sa faveur. Après, c'est dur pour les dirigeants du PSG de se désavouer et de sortir Trapp à la 2e erreur. Le truc, c'est qu'il y en a eu trois, puis quatre... Et encore, heureusement pour lui, celle de Bastia (vendredi dernier) est presque passée inaperçue, parce qu'il n'y a pas eu but derrière. Donc attention, si mercredi Salvatore fait un gros match – ce qui sera difficile vu l'équipe que va aligner Lyon (rires) – et qu'il reste à Paris jusqu'à la fin de la saison, logiquement, Trapp est en danger.

Aujourd'hui, il se dit que le PSG voudrait le garder en cas de nouvelle boulette de Kevin Trapp...
Moi, à sa place, je serais parti, l'été dernier ou cet hiver. Je suis plus vieux que lui et je sais par expérience que quand un club prend un gardien, même si tout le monde voit qu'il n'est pas aussi bon qu'espéré, le club ne va jamais se renier, même dans la seconde partie de la saison. Le temps de jeu de Sirigu est très hypothétique. Contrairement à lui, je n'ai jamais été en position de jouer un Euro, mais si ce cas de figure s'était présenté à moi, je me serais fait prêter un an, pour faire ma trentaine de matchs.

Comment peut-il gérer une telle situation ?
Il la gère déjà très bien. Il y a des jours où ça va et des jours ou vous faites la gueule, et c'est normal. Il fait la gueule mais il n'empêche personne de bosser. Tu ne peux pas lui demander de faire semblant d'être joyeux tous les jours. Sportivement parlant, c'est inhumain, ce qui lui arrive. C'est la phase d'acceptation qui est super compliquée. Si tu vois arriver un Cech ou un Neuer, il n'y a rien à dire. Mais voir arriver un mec que personne ne connait, 0 sélection en équipe nationale, 0 match en Ligue des champions, quand tu es triple champion de France et que tu es la doublure du meilleur gardien du monde (Buffon, ndlr) en sélection, c'est très dur. Quand tu ne recrutes pas un gardien largement meilleur que ton n°1, tu vas au devant de problèmes.

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Quelles conséquences est-ce que cela peut avoir ?
Les gardiens sont hyper importants pour l'équilibre d'un groupe. Très, très souvent, je me suis rendu compte, pendant ma carrière, que quand je m'entendais bien avec les autres gardiens, le vestiaire vivait très bien dans notre sillage. Et inversement. L'épine dorsale du groupe, ce sont les gardiens. Cette saison, Paris est tellement au-dessus des autres que ça se voit moins. Mais je me demande quand même comment ça se passe vraiment dans le groupe. Parce que Salvatore est très proche de beaucoup de joueurs. Et on oublie trop souvent Nico Douchez. Il a quand même gagné les deux coupes l'année dernière, en étant fantastique à chaque fois qu'il a joué, et aujourd'hui on se demande presque s'il est encore au club. Je pense souvent à lui parce qu'il est carrément passé n°3. C'est-à-dire plus de déplacements, plus rien. C'est la 2e victime de l'histoire.

Vous considérez donc le recrutement de Kevin Trapp comme une erreur ?
Non, pas une erreur. Je ne suis pas directeur sportif ou président d'un club de football, je ne sais pas comment l'opportunité de le recruter s'est présentée. Mais c'est un énorme risque parce que, forcément, le vestiaire se pose des questions à son sujet. Surtout qu'on nous l'a vendu comme un phénomène dans le jeu au pied. De ce que j'en ai vu, je m'interdis d'affirmer qu'il est catastrophique dans ce domaine, mais je m'interdis aussi d'affirmer que c'est un phénomène. Maintenant qu'il a fait deux ou trois conneries, il n'ose plus la relance longue de 30 mètres en diagonale. Coupet et Landreau, eux, apportaient un vrai plus au pied. Je pense connaître le PSG et le poste de gardien. Et Trapp est un très bon gardien, mais il n'a pas du tout révolutionné le jeu du PSG en partant de derrière. Dire que c'est le cas, ce n'est pas sérieux. Il relance court, propre, mais il ne prend aucun risque. La comparaison avec Neuer ? (rires) C'est une blague. On ne peut pas l'imaginer.


Hamza HIZZIR

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