Valse des entraîneurs : "Le métier a toujours été précaire" selon Joël Muller

Publié le 26 avril 2016 à 17h16
Valse des entraîneurs : "Le métier a toujours été précaire"  selon Joël Muller

INTERVIEW – A trois journées du terme de la L1, 13 entraîneurs ont quitté leurs fonctions, un record en Europe. Joël Muller, ancien technicien de Metz et Lens, actuellement président de l’UNECATEF (Union nationale des entraîneurs et cadres techniques du football français), a évoqué pour Metronews cette hécatombe pour la profession.

Comment expliquez-vous qu’il y ait eu autant de changements (13) d’entraîneurs cette saison ?
Depuis une dizaine d’années, le chiffre avait été plus réduit (une moyenne de 4 limogeages sur les 5 dernières saisons). Cette année, il doit y avoir une fièvre nationale qui touche les clubs. Il se trouve que les causes des départs des entraîneurs varient  en fonction de la situation dans laquelle se trouvent les clubs. Il y a ceux qui jouent le haut niveau et il y a ceux qui se retrouvent en situation difficile avec l’évolution du Championnat l’année prochaine avec ses deux montées, ses deux descentes et un barragiste. En cas de descente, la difficulté pour remonter sera beaucoup plus importante. Pour les équipes concernées, cela a une conséquence économique très importante.

Parmi ces évictions, certaines vont-elles surpris ?
Cette année, c’est vrai qu’il y a eu Troyes avec trois entraîneurs, mais là, on est dans la comédie. Changer trois fois d’entraîneur dans une année quand on a 20 points (ndlr, 17 unités actuellement) à la fin, c’est totalement ridicule. A partir du moment où un club change d’entraîneur, et que les résultats sont bien meilleurs comme ça a été le cas à Lille, ça peut donner des idées aux autres. Alors que bien souvent, on se rend compte que remplacer l’entraîneur ne change pas forcément les résultats à la fin de saison.

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D'ailleurs, certains clubs font confiance à leurs entraîneurs malgré des résultats difficiles…
On voit quand même qu’un club comme Ajaccio (17e) qui n’a pas changé d’entraîneur alors qu’il avait un effectif bien en deçà des autres, lutte finalement pour son maintien et ça, c’est une superbe chose. Thierry Laurey et ses dirigeants prouvent ainsi qu’en gardant son entraîneur, on peut espérer se maintenir.

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Avez-vous l’impression que le métier d’entraîneur est de plus en plus précaire ?
Il a toujours été précaire. Entraîneur, c’est un métier à risques. C’est un métier super, qui procure des émotions, des sensations mais on doit savoir dans quoi on s’engage et quelles peuvent être les conséquences. Quand on n’a pas de résultats, on risque de sauter aussi bien dans le monde amateur ou dans le monde professionnel. Ça dépend aussi de la capacité des dirigeants à pouvoir faire confiance.

Il faut donc leur accorder du temps... 
J’ai un exemple qui me vient à l’esprit. L’année dernière à Nice, Claude Puel était en difficulté parce qu’on lui reprochait de faire jouer son fils (Grégoire). La saison n’était pas celle attendue (11e en 2014/2015). Regardez aujourd’hui ce qu’il est capable de réaliser. Et c’est un des tout meilleurs entraîneurs français. Si les dirigeants sont capables, à un moment donné, de maintenir leur confiance à leurs entraîneurs dans un moment difficile, l’expérience prouve, heureusement, que ça leur donne souvent raison.


La rédaction de TF1info

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