SOLIDARITÉ - Cédric Herrou, l'agriculteur qui risque 8 mois de prison pour avoir aidé des migrants à passer la frontière franco-italienne, refait parler de lui. Il est actuellement en garde à vue. Et celle ci devait être prolongée jeudi soir.
Cédric Herrou était toujours en garde à vue jeudi soir après avoir été surpris le 18 janvier, dans la vallée de la Roya par les gendarmes en train de faire passer trois migrants. L'agriculteur s'est fait prendre peu avant minuit entre Oliveta et Saint-Gervais. Jeudi soir, sa garde à vue devrait être prolongée pour plusieurs heures supplémentaires.
"C’est ce qui est en train de se dessiner, expliqueJean-Michel Prêtre, le procureur de la République de Nice à LCI. Les investigations ne sont pas terminées. D’autres personnes doivent être entendues et des vérifications sont à faire sur le parcours notamment. En conséquence, la garde à vue de monsieur Herrou sera prolongée ce soir".
Cet agriculteur comparaissait mercredi 4 janvier devant le tribunal de Nice pour avoir déjà fait passer la frontière franco-italienne à des migrants en situation irrégulière puis les avoir hébergés. Quelques minutes avant son procès, il lançait : "Ce que je fais n'est pas un sacrifice, c'est un honneur".
Délit de solidarité ?
Le procureur avait requis huit mois de prison avec sursis à son encontre, relançant ainsi le débat sur le "délit de solidarité". En 2012, Manuel Valls avait annoncé la fin de ce délit, qui menaçait les personnes aidant des sans-papiers de peines pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. Plutôt qu'abrogée, la loi a en réalité été modifiée par le gouvernement de François Hollande : "Les aidants ne peuvent plus être poursuivis que si l'aide proposée se fait en échange de contreparties, comme des tâches ménagères", nous indiquait-on au Gisti, le groupe d'information et de soutien des immigrés.
"Ceux dont l'aide est bénévole, désintéressée et humanitaire" ne peuvent donc - en théorie - plus être inquiétés, d'après le Gisti. Reste un détail, qui concerne les affaires de Cédric Herrou : faire passer une frontière reste illégal.