Mais que faisaient des bombardiers russes au large de la Bretagne ?

par Marine TESSE
Publié le 4 octobre 2016 à 20h42, mis à jour le 4 octobre 2016 à 22h17
Mais que faisaient des bombardiers russes au large de la Bretagne ?
Source : AFP

UN AIR DE GUERRE FROIDE - Deux "Blackjack" de guerre frappés de l’étoile rouge ont volé au large des côtes bretonnes, a-t-on appris ce lundi. Le colonel Michel Goya éclaire LCI sur ces "intimidations" d'un autre temps.

C’est peut-être un événement "courant", mais qui interpelle. Le 22 septembre dernier, deux bombardiers russes ont été repérés au large de la Bretagne, a annoncé ce 4 octobre l’Armée de l’Air. Au bout de quelques heures, les Tupolev - qui peuvent être chargés de bombes -,  avaient été interceptés à 100 km des côtés bretonnes par deux Rafale décollés de Tours. 

"Ils escortent les Blackjack jusqu’au large de Mont-de-Marsan. Deux Rafale de la PO de Mont-de-Marsan prennent le relais à 14h33", détaille l'armée de l'air sur son site Internet.  Les deux avions russes ont ensuite mis le cap à l’ouest en longeant la côte ibérique, escortés par deux F-18 espagnols. Arrivés au large de Bilbao, ils ont finalement pris la direction de l’ouest de l’Irlande.

Les interventions de ce genre sont fréquentes
Michel Goya, ex-colonel des Troupes d'infanterie de Marine

Cette mission de protection de l’espace aérien national doit-elle nous inquiéter ? Le colonel Michel Goya,  ancien colonel des troupes d'infanterie de la Marine, joint par LCI, répond par la négative. "Car les interventions de ce genre sont fréquentes", relativise-t-il.  Dernière en date : janvier 2016.  Un sous-marin nucléaire russe, chargé de missiles et de torpilles, avait été détecté dans le Golfe de Gascogne, au large des côtés françaises. 

En flirtant avec les limites de notre espace aérien, à quoi joue Moscou ? Il s’agit sans doute de "montrer les muscles. Vladimir Poutine nous dit : 'Regardez, on est capables de vous frapper'", résume le colonel Goya. Ces opérations  peuvent également consister en "des instruments de gesticulation diplomatiques". Et les différends qui nous opposent aux Russes en Syrie n'y sont peut-être pas étrangères. En février 2015, si  Jean-Yves Le Drian avait ridiculisé "une présence un peu intempestive d’avions venus se promener à proximité de nos côtes", cela ne faisait pas oublier un contexte de relations extrêemement tendues entre la Russie et l’OTAN dans le cadre du conflit en Ukraine. 

Ces allers et venues ne doivent pas pour autant être pris à la légère. Les Tupolev 160 interceptés fin septembre restent des armes extrêmement lourdes : "Ces  bombardiers stratégiques pouvant contenir des armes nucléaires", rappelle le colonel Goya. Ces intrusions "sont la démonstration de la nouvelle puissance retrouvée des forces armées russes et un test des capacités de réponse de l’OTAN", nous confiait en effet, dès 2015, Tatiana Kastouéva-Jean de l’Institut français des relations internationales (IFRI). 

Paix impossible, guerre improbable ? Michel Goya écarte fermement toute hypothèse d’une "vraie" attaque. "Il faudrait vraiment des tensions extrêmement graves !", martèle l’expert. Certains se font plus inquiets. Michael Fallon, le secrétaire britannique à la Défense, avait déclaré en 2015 que l’OTAN devait se préparer à riposter contre l’agression russe, car elle représente un "danger réel et présent". 


Marine TESSE

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