Pourquoi Jacqueline Sauvage n’a-t-elle pas obtenu sa libération conditionnelle ?

Anaïs CONDOMINES
Publié le 12 août 2016 à 17h20, mis à jour le 23 novembre 2016 à 17h28
Pourquoi Jacqueline Sauvage n’a-t-elle pas obtenu sa libération conditionnelle ?
Source : capture d'écran BFM TV

JUSTICE - La décision du Tribunal d’application des peines de ne pas accorder un aménagement de peine à Jacqueline Sauvage, condamnée à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent, surprend nombre de ses soutiens. LCI a eu accès aux motivations du rejet. Les voici, histoire d'y voir plus clair.

La décision semblait relever de la simple formalité. Forte de la grâce partielle accordée par François Hollande en janvier 2016 et du soutien de 400.000 signataires d'une importante pétition, Jacqueline Sauvage pouvait avoir bon espoir de retrouver une liberté conditionnelle sous peu.

Et pourtant. Condamnée en décembre 2015 à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, elle ne bénéficiera pas tout de suite d’une peine aménagée. C’est donc le Tribunal d’application des peines (Tap) qui a décidé de rejeter sa demande de libération anticipée, ce vendredi 12 août. A la mi-journée, l’heure est au décorticage de ses motivations – déjà très fortement décriées par les soutiens de la sexagénaire.

Pas de risque de récidive

Ces motivations, LCI a pu se les procurer. S’appuyant sur des expertises psychologiques, le rapport du service pénitentiaire d’insertion et de probation ainsi que sur l’avis d’une commission pluridisciplinaire de sécurité, le Tribunal d’application des peines rappelle en premier lieu que ni la question de la dangerosité, ni celle du risque de récidive, ne sont caractérisées. Mais souligne, dans ses conclusions, deux obstacles majeurs à la libération de Jacqueline Sauvage.

Le fait d’abord, que la détenue souhaite se rendre, à sa libération, au domicile de sa fille Carole, "à quelques kilomètres" de la maison familiale où le drame s’est noué. Or, pour le Tap, même si l’on "peut comprendre qu’elle souhaite retrouver sa famille, il est nécessaire qu’elle s’éloigne du lieu des faits pour poursuivre l’exécution de sa peine dans un lieu où elle sera anonyme".

"Un positionnement exclusif de victime"

L’anonymat. Ce qui nous amène au second argument du magistrat pour lui refuser un aménagement de peine : l’hyper-médiatisation de l’affaire Jacqueline Sauvage. Car cette affaire ne s’est pas seulement jouée, à deux reprises, devant les tribunaux. Elle s’est aussi largement déroulée, a posteriori, devant les caméras, jusqu’à atteindre le perron de l’Elysée et l’attention du président de la République. Une médiatisation, pour le Tribunal d’application des peines, qui ne permet pas à Jacqueline Sauvage de prendre conscience de ses actes. Au contraire, elle rendrait "difficile une authentique démarche de réflexion pour madame Sauvage qui est encouragée à se cantonner dans un positionnement exclusif de victime, sans remettre en question son fonctionnement psychique personnel et sans s’interroger sur sa part de responsabilité dans le fonctionnement de son couple".

De leur côté, les avocates de Jacqueline Sauvage, qui ont tenu une conférence de presse dans leur cabinet à la mi-journée, ont dénoncé "une décision choquante et politique". Me Nathalie Tomasini n’ayant pas hésité à dresser un parallèle avec Adel Kermiche, l'un des terroristes impliqué dans l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray au mois de juillet. Et de s'insurger : "Faut-il être un terroriste, faut-il égorger un prêtre pour être libéré ?


Anaïs CONDOMINES

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