Des scientifiques ont créé un poisson artificiel avec des cellules de... rat

Barbara Prose
Publié le 13 juillet 2016 à 17h01
Des scientifiques ont créé un poisson artificiel avec des cellules de... rat

BIOMÉCANIQUE - En utilisant un cocktail de manipulation génétique, biomécanique et impression 3D, un chercheur est parvenu à créer une raie artificielle capable de se mouvoir.

"On peut imaginer qu’un jour, on utilisera cette technologie pour reconstruire des parties du corps humain" a commenté Kedi Xu, un neuro-ingénieur à l’université chinoise de Zhejiang, à Hangzhou, à propos du robot-raie conçu par le chercheur Kevin Kit Parker. C’est inspiré par la fascination de sa fille pour la faune de l’aquarium de Boston que le scientifique a décidé de concevoir un animal digne de la créature de Victor Frankenstein.

Il s’agit d’une raie artificielle faite de tissu élastique imprimé et de cellules de rats prélevées sur les muscles du cœur de ces rongeurs. Au contact de la lumière, les cellules cardiaques du rat ont la propriété de se contracter. Grâce à leur utilisation dans la conception de l’animal, celui-ci obtient ainsi la capacité de se mouvoir.

Un premier prototype de méduse

Avant de réaliser une raie, l’équipe du chercheur d’Harvard a d’abord procédé à des tests pour faire une sorte de méduse artificielle. Ils ont étiré les cellules musculaires cardiaques de rat récoltées sur de fines couches de silicone et les ont déposées dans une sorte de tasse emplie d’une solution de liquide sucré et salé. Puis, ils ont stimulé le tout avec de l'électricité.

Le "médusoïde" en se contractant a expulsé une partie du liquide autour de lui, prouvant qu’il était capable de bouger. De cet exercice, Kevin Kit Parker est passé à l’étape supérieure : chercher à créer de meilleures pompes cardiaques artificielles, l’objet de ses recherches scientifiques au quotidien. Et à créer un autre type d'animal, dans la foulée.

L'idée de la raie-robot vient encore une fois de sa fille. Lorsque celle-ci était toute petite, il s’amusait avec elle à utiliser un pointeur laser braqué au sol pour la guider dans sa trajectoire sur les trottoirs. Il s’est dit qu’une chose semblable était envisageable pour déplacer un organisme mi-machine mi-vivant. Il a ainsi conçu la raie avec un squelette en or et des plaques de silicone couvertes par près de 200.000 cellules cardiaques de rats. L'architecture de l'animal a été très complexe à obtenir et il a fallu poursuivre plus de 200 essais avant d'obtenir un résultat. "Nous atteignons un point où il y a réellement une fusion entre la biologie et l’ingénierie" a salué Alexander Smits, un ingénieur en mécanique de l'université de Princeton.

Un modèle pour le futur

Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir synthétiser le vivant. La méthode ne fonctionne que dans des solutions qui contiennent des nutriments et conservées à hauteur de la température corporelle d'un rat. Le robot-raie n'a pas vocation à être utilisé en tant que tel. Il reste un test de laboratoire d'exploration scientifique pour parvenir à synthétiser un jour des pompes biomécaniques destinées à remplacer le cœur. C'est un peu "l'œuvre d'art" du scientifique Parker, de son propre aveu : "Tout le monde va y voir quelque chose de différent. Cela me permet de comprendre le cœur et d'impressionner ma fille de 7 ans." a-t-il conclu auprès du site  Science Mag.

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