ON A TESTÉ - Que vaut Google Home, l'enceinte intelligente ?

Publié le 9 août 2017 à 12h15, mis à jour le 9 août 2017 à 12h21
ON A TESTÉ - Que vaut Google Home, l'enceinte intelligente ?

MAISON CONNECTÉE - Google devient la première entreprise à commercialiser une enceinte intelligente en France, devançant Amazon et Apple. Son appareil est disponible depuis le 8 août en magasin, chez la Fnac et Darty. On l'a testée pour vous, voici les résultats.

En l'espace d'un peu plus d'une décennie, Google est devenu pour nous quasiment incontournable au quotidien. C'est le premier endroit où nous allons chaque fois que nous devons trouver des informations, et cela pour pratiquement n'importe quoi. On l'utilise d'innombrables fois chaque jour, que ce soit sur nos ordinateurs, nos téléphones, et parfois même dans nos voitures et sur nos poignets. Qu'il s'agisse de prouver à un ami qu'on a raison, de s'auto-diagnostiquer, ou simplement de savoir ce que les autres internautes disent de vous, Google est devenue un réflexe, presque une seconde nature. Mais jusqu'à présent, nos interactions avec le moteur de recherche ont tourné principalement autour d'un écran.

Si aujourd'hui vous demandez aux futurologues quel sera le prochain moyen d'interagir avec nos appareils, il est fort probable qu'ils vous diront qu'il n'intégrera pas un écran, aussi tactile soit-il. Demain, nous pourrons accéder à l'information sans avoir à taper sur les claviers, toucher un écran, ou même tenir quoi que ce soit entre nos mains. Il n'est donc pas surprenant que Google déploie des efforts colossaux pour rendre ses services accessibles via la voix, pour tous ces moments où vous n'avez pas d'écran devant vous. Et la façon la plus évidente de le faire est celle proposée par Google Home, un haut-parleur connecté, sans écran de contrôle, qui se commande uniquement par la voix.

Au fait, c'est quoi un assistant domestique "intelligent" ?

Lancé aux États-Unis en novembre dernier, Google Home est un rival de l'enceinte Echo d'Amazon, pour le moment disponible uniquement aux Etats-Unis, et du futur HomePod d'Apple, qui devrait être commercialisé d'ici la fin de l'année. Google Home, lui, était disponible en précommande dès le 3 août, et le 8 août en magasin, en exclusivité chez Darty et la Fnac. LCI a pu avoir l'appareil entre les mains.

A cette occasion, lors d'un rapide briefing au QG parisien de Google, nous avons pu rencontrer l'ingénieur Gilles Drieu, l'un des concepteurs de Google Home, qui a fait le déplacement depuis Mountain View en Californie (Etats-Unis), où se trouve le siège du géant de l'Internet, pour nous en dire davantage sur ce nouvel appareil. "Il s'agit d'une enceinte connectée et intelligente, qui s'active par la voix, accessible depuis toutes les pièces de la maison. Il a quatre fonctions principales : fournir des réponses à vos questions, écouter de la musique, gérer vos tâches et contrôler les appareils connectés de votre maison. Google Home connaît votre nom, il sait où vous habitez, vos habitudes, ce qui lui permet de vous aider dans vos tâches au quotidien."

Un objet design et discret, qui se fond dans votre décor

Un gadget (inutile), un de plus ? Pas sûr... Pendant trois jours, nous avons pu tester Google Home. Et comme à chaque fois, il faut d'abord passer par l'étape redoutée - souvent à juste titre - de l'installation. Sa simplicité d'usage reste toutefois la premi première prouesse de l'assistant domestique de Google. Une fois relié au réseau Wi-Fi, il suffit d'installer l'application Google Home sur son smartphone ou sa tablette, puis de se connecter à son compte et d'associer ses appareils connectés. L'interface de l'application est claire, intuitive. En moins de 30 minutes, Google Home a été opérationnel chez moi. Pour le moment, contrairement aux Etats-Unis, il n'est possible de lui associer qu'un seul compte, mais une prochaine mise à jour devrait pallier cet inconvénient. 

La machine s'améliore au fur et à mesure de ses interactions avec son propriétaire. Google Home est capable d'apprendre de ses erreurs, et de celles des autres appareils
Gilles Drieu, ingénieur chez Google, l'un des concepteurs de la version française

L'une des qualités de Google Home est de parvenir à se fondre dans le décor. Son design épuré et sa petite taille font qu'il s'intègre parfaitement dans n'importe quelle pièce d'une maison - votre cuisine, votre chambre, votre salon, etc. Au sommet de l'appareil, une surface tactile avec des voyants indique à l'utilisateur l'état de la batterie, de régler le volume du son, et de voir quand il recherche une réponse à votre question. Equipé de deux micros avec les oreilles bien pendues et d'un haut-parleur relativement puissant, Google Home s'appuie sur la technologie Google Assistant, un assistant personnel doté d'intelligence artificielle et de capacités d'apprentissage ("machine learning", en anglais), déployé depuis quelques mois en France sur la dernière version d'Android.

"Pour faire simple, la machine s'améliore au fur et à mesure de ses interactions avec son propriétaire. Il apprend de ses erreurs, et de celles des autres appareils. Grâce à la technologie Knowledge graph, Google Home est capable de contextualiser des informations et d'organiser des connaissances grâce à des algoritmes afin d'être le plus pertinent possible", explique l'ingénieur de Google. C'est en grande partie dans cet assistant intelligent que réside la puissance de l'assistant domestique. Au fil du temps, nous en sommes arrivés au point d’accepter que les technologies avec lesquelles nous interagissons -ordinateurs, smartphones, tablettes - au quotidien enregistrent nos moindres faits et gestes en ligne.

Il suffit de prononcer les mots magiques "Ok Google"

Un énorme réservoir de données dans lequel peut puiser l'assistant domestique du géant de l'internet afin de répondre à la moindre de vos exigences. Il suffit de prononcer les mots magiques "Ok Google" pour demander à Google Home de faire quelque chose. Le géant de l'Internet possède en effet une chose que les autres n'ont pas : une vaste connaissance du monde, mais les préférences et les habitudes de vie de plusieurs milliards de personnes, accumulées par le biais de nos pérégrinations et de recherches et, jusqu'il y a peu, du contenu de nos emails. Un gigantesque réservoir de données dans lequel peut puiser l'assistant domestique de Google Home pour essayer de répondre à la moindre de vos exigences. 

De manière plus concrète : Google Home peut effectuer pour vous une recherche sur internet et répondre à quasiment toutes vos questions, de lancer un morceau de musique (via les services Google Music, Spotify ou Deezer) ou bien la radio (avec l'application TuneIn). L'appareil vous aide dans vos tâches quotidiennes (lancer un minuteur, régler l'heure du réveil, effectuer un calcul, traduire un mot dans une langue étrangère, etc.), vous énoncer votre emploi du temps, vous dicte les actualités du jour, la météo ou l'état du trafic, ou bien encore se souvenir de l'endroit où vous avez rangé un objet.

Voici d'autres exemples de questions à poser...

Google

Allumer ou éteindre la lumière, baisser la température, lancer une série sur son téléviseur...

Le véritable intérêt de cet assistant domestique virtuel, c'est qu'il permet à son propriétaire d'interagir avec les différents objets connectés de la maison grâce à la voix : allumer ou éteindre la lumière (avec des ampoules Philips Hue ou LIFX), régler la température de son intérieur (avec un thermostat Nest), lancer une série depuis la plateforme Netfix sur son téléviseur (avec une clé HDMI Chromecast). "D'autres fournisseurs de contenus et de nouveaux partenaires d'équipements domotiques viendront bientôt compléter cette liste", promet Google, qui a ouvert l'API pour permettre aux développeurs de créer de nouvelles applications. 

La force de Google Home est qu'il vous permet d'adopter "un ton conversationnel avec la machine. Autrement dit : on peut lui parler comme  à un humain. On lui a appris également à distinguer les bruits de fond du son de la voix de son propriétaire", relève Gilles Drieu." Google Home parle un français impeccable. Sa voix n'est pas trop irritante, la prononciation des mots, les expressions et son humour (quand il n'arrive pas à faire quelque chose, ce qui se produit parfois, notamment au début, il s'en sort toujours par une pirouette) ont pour effet de rendre la machine plus "humaine", et l'interaction avec elle beaucoup plus naturelle. Au point qu'on finit par lui dire "s'il te plaît" ou "merci".

Google Home est-il le prochain "Big brother" ?

Reste une question fondamentale : n'est-ce-pas trop intrusif ? Vous l'aurez compris, Google Home a besoin d'écouter en permanence ce qu'il se passe chez vous. Un bouton, situé au dos de l'appareil, permet néanmoins de lui "boucher" les oreilles, lorsqu'on le souhaite. "Pour Google, la question du respect de la vie privée est primordiale, insiste Gille Drieu. Google Home est un outil puissant. Par prudence, l'utilisateur peut donc couper les micros à tout moment". D'après Google, la plupart des données transitent localement, et quand elles sont envoyées vers les serveurs de Google, elles sont alors chiffrées de bout à bout, et donc indéchiffrables pour des hackers. " De plus, l'appareil est équipé d'un système de protection. En cas de tentative de piratage, l'appareil ne s'allumera pas", poursuit l'ingénieur de Google. 

Mais tous les experts en sécurité informatique vous le diront : le risque zéro n'existe pas, même quand on s'appelle Google ! Une étude récente, relayée par le site du quotidien Le Monde, montre qu’il est très facile de pirater les modèles d’Amazon Echo de 2015 et 2016. A condition, toutefois, d’y avoir accès physiquement. "les développeurs ne devraient pas tenir pour acquis que leurs clients n’exposeront pas leurs [Amazon Echo] a des environnements non contrôlés" prévient Mark Barnes, chercheur en cybersécurité pour l’entreprise MWR Labs, en guise d’introduction dans cet étude publiée mardi 1er août. A titre d'exemple, les hôtels Wynn de Las Vegas ont annoncé qu’ils installeraient des Amazon Echo dans leurs chambres. Prudence, donc !

Ce bouton, le seul et uniquer dont dispose l'appareil, permet de couper les deux micros qui équipent l'appareil.
Ce bouton, le seul et uniquer dont dispose l'appareil, permet de couper les deux micros qui équipent l'appareil. - Google

L'assistant domestique de Google permet, en outre, de limiter depuis l'application les fonctions accessibles, si vous avez des enfants : aussi bien l'accès aux vidéo YouTube contenant des images choquantes qu'aux recherches sur le Web grâce à son outil "Google safe", un contrôle parental en quelque sorte. Pour le moment, il est impossible d'effectuer des achats en France depuis Google Home, mais cela ne serait tarder. C'est déjà le cas aux Etats-Unis. Imaginez : vous pourrez ainsi commander un plat sur l'application Deliveroo, réserver un billet de train, un chauffeur Uber ou une autolib', comme par magie, simplement par le pouvoir de la voix. 

Au-delà de l'aspect éthique et du respect des données personnelles, Google Home et les autres assistants domestiques intelligents à venir posent également la question de notre dépendance à l'électronique. En cas de coupure d'électricité ou d'Internet, par exemple, que deviendrions-nous ? Chez Google, on est pourtant sûr d'une chose : la maison de demain se contrôlera par la voix, et les écrans auront de moins en moins d'utilité. Reste à savoir si tout le monde en a envie...


Matthieu DELACHARLERY

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