"Actions discrètes" de la France contre Daech : 5 questions sur le dossier libyen

Publié le 24 février 2016 à 12h30
"Actions discrètes" de la France contre Daech : 5 questions sur le dossier libyen

TERRORISME - Ce mercredi, "Le Monde" révèle que l’armée française se livre à des actions "discrètes, voire secrètes" en Libye, évoquant, notamment, des "frappes ponctuelles très ciblées". Des informations qui confirment tout l’enjeu que représente le pays dans la lutte contre l’EI, fortement implanté sur place, mais qui n’ouvrent pas forcément la voie à l’intervention d’une coalition internationale. Explications.

► Quel est l'enjeu libyen dans la lutte contre Daech ?
Dans l’ancien fief de Kadhafi, la communauté internationale est confronté à un double problème : l'échec du processus politique en cours, et l'escalade simultanée des activités de l'EI en Libye. D’où l’intérêt d’intervenir avant qu'il ne soit trop tard, c'est à dire "avant que le pays ne devienne un sanctuaire" pour les djihadistes, "avant qu'ils ne deviennent extrêmement difficile à déloger", a récemment averti un responsable américain de la Défense. L'EI n'a en effet cessé de renforcer son implantation en Libye, disposant de 3.000 à 5.000 combattants. "Ils sont là, sur près de 300 kilomètres linéaires de côtes, et ils se répandent. Et ils sont à 350 kilomètres de (l'île italienne de) Lampedusa. Lorsque le beau temps va arriver en Méditerranée, il y a des risques de passage de combattants", a mis en garde début février le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

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► Quelles seraient les conditions d'une intervention internationale ?
Pour qu’une intervention au sol se déroule, encore faut-il un accord politique en Libye, et donc la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, qui ferait ensuite une demande d'aide. En attendant, les capitales évaluent les options, qui peuvent aller d'une campagne de frappes aériennes en soutien aux forces libyennes comme en Irak, au déploiement d'une force terrestre.

Un processus lourd qui se doublerait, donc, d'actions décidées unilatéralement par certaines puissances. Dans ses révélations du jour, Le Monde évoque en ces termes l'intervention française : "Des frappes ponctuelles très ciblées" ou encore "des opérations clandestines, menées par le service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)."

De leur côté, les Etats-Unis ont envoyé ces derniers mois des experts pour évaluer la situation, et nouer le contact avec les forces locales. Il s'agit notamment de s'assurer du soutien des nombreuses milices qui se partagent le contrôle du territoire. Ces derniers jours, ils ont notamment mené un raid contre l'Etat islamique à Sabratha, ville située à l'ouest de Tripoli, la capitale libyenne.


► Où se trouvent, justement, les combattants de l'Etat islamique ?
Selon les experts, les frappes étrangères se concentreraient d'abord sur la ville côtière de Syrte et ses alentours, la principale zone contrôlée par l'EI. Elles viseraient aussi Derna, à 1.100 km à l'est de Tripoli, où les combattants de l'EI sont positionnés à la périphérie de la ville dont ils ont été chassés en juillet par des forces locales. C'est dans cette cité, qu'en novembre dernier, un bombardement américain a tué un haut responsable de l'Etat islamique, l'Irakien Abou Nabil. Toujours selon Le Monde, "cette frappe a été initiée par Paris".

► Avec quels pays une intervention en Libye serait-elle envisageable ?
Les Etats-Unis semblent décidés à participer mais sans forcément prendre la tête d'une éventuelle opération comme ils le font en Irak et en Syrie. Les responsables américains lorgnent du côté de l'Italie, l'ancienne puissance coloniale, qui semble être prête, sous conditions, à diriger une opération internationale, avec probablement l'implication de la France et du Royaume-Uni et peut être de pays arabes.

► Pour quelles chances de réussite ?
Comme en Irak et en Syrie, le bien-fondé d'une intervention fait débat. "Nous ne croyons pas pour le moment à une solution militaire pour la crise libyenne. Cela compliquerait davantage la donne", a déclaré en début de mois le Commissaire Paix et Sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, en insistant sur la nécessité d'une solution politique. Cité par Le Monde, un haut responsable de l'armée française indique, lui, que "la dernière chose à faire serait d’intervenir en Libye. Il faut éviter tout engagement militaire ouvert, il faut agir discrètement."

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Thomas GUIEN

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