Al-Qaïda demande la clémence pour l'otage que l'EI menace d'exécuter

Publié le 16 septembre 2014 à 14h10
Al-Qaïda demande la clémence pour l'otage que l'EI menace d'exécuter

OTAGE - Même Al-Qaïda s'alarme des prises d'otage pratiquées en Syrie par les djihadistes de l'Etat islamique (EI). Le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, leur a en effet demandé de relâcher Alan Henning, un travailleur humanitaire britannique qu'ils menacent d'exécuter.

L'Etat islamique (EI) va trop loin dans la barbarie, même aux yeux d'Al-Qaïda. Selon les informations du journal britannique The Independant , le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, a en effet demandé à l'EI de relâcher l'otage Alan Henning, menacé de mort dans la dernière vidéo des djihadistes.

Ce chauffeur de taxi de Manchester, qui voulait aider les victimes de la guerre civile, marié et père de deux adolescents, est apparu à la fin de la vidéo de la décapitation d'un premier otage britannique, l'humanitaire écossais David Haines , diffusée dans la nuit de samedi à dimanche. Kidnappé en décembre dernier, il a été présenté par le bourreau masqué de l'EI comme le prochain otage qui pourrait subir le même sort que son compatriote, et que les deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff .

"Ce que vous faites est mal"

Selon The Independant, un émir d'Al-Nosra a rendu visite aux ravisseurs d'Alan Henning quatre jours après sa capture, en décembre 2013. Il s'est disputé avec eux et leur a reproché cette prise d'otage, "contraire à la charia" et "contre-productive", selon des propos rapportés par un journaliste qui a rencontré l'émir après cette entrevue.

"Il leur a dit : 'Ce que vous faites est mal. Vous n’avez pas le droit de l'enlever et de garder (cet otage) juste parce que c'est un non-musulman'", raconte à The Independant Bilal Abdul Kareem, un journaliste américain en reportage en Syrie. D'après ce dernier, l'émir était confiant sur le sort de l'otage après sa visite. Il pensait qu'il allait être libéré. "Mais Henning a été déplacé ensuite dans une prison à Al-Dana et il n'a plus jamais entendu parler de lui", raconte-t-il.

Volontaire dans une association musulmane

Pourquoi le groupe terroriste derrière les attaques du 11 septembre semble-t-il soudain s’apitoyer sur le sort de cet otage ? Vraisemblablement parce qu'il ne considère pas Alan Henning comme un ennemi de l'islam. L'homme avait décidé de s'associer à un groupe d'amis musulmans qui avait fondé une association caritative, "Aid4Syria" - une appellation qu'il s'est fait tatouer sur le bras  -, selon le Times, afin d'amener de l'aide humanitaire dans des camps de réfugiés de ce pays ravagé par la guerre civile. Il était le seul non-musulman du groupe de volontaires arrêté par EI. Et fut donc le seul capturé.

"Les gens le décrivaient comme quelqu'un de très gentil, désintéressé, un mec ordinaire, un père, un chauffeur de taxi, un amateur de pêche, quelqu'un qui voulait et veut toujours aider les civils syriens", a raconté une journaliste de la BBC qui a connu l'homme en Syrie. La dernière fois qu'elle a croisé son chemin, ce fut en octobre 2013 alors qu'il remplissait une ambulance de couches et de petits pots pour enfants. "Un homme au grand cœur", selon son entourage. Mais un ennemi à abattre, pour l'EI.


La rédaction de TF1info

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