Amnesty International monte au front en Irlande, où "avorter est toujours un crime"

Anaïs Condomines
Publié le 9 juin 2015 à 12h30
Amnesty International monte au front en Irlande, où "avorter est toujours un crime"

IVG - Ce mardi 9 juin, Amnesty International initie une campagne mondiale afin de faire plier le gouvernement irlandais sur l'interdiction de l'avortement. L'interruption de grossesse, dans ce pays, est toujours considérée comme un crime. Interview avec Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty France.

"L'Irlande ne peut pas passer aux yeux du monde pour un pays ouvert, sous prétexte qu'il légalise le mariage gay , alors que les femmes y sont toujours considérées comme un simple réceptacle !" Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty France, ne mâche pas ses mots. Et si elle n'essaie plus d'arrondir les angles aujourd'hui, c'est bien qu'il y a urgence. Ce mardi 9 juin, Amnesty International publie un rapport alarmant sur les conditions d'avortement des femmes irlandaises afin de pousser le gouvernement à évoluer sur sa loi anti-IVG, ne serait-ce pour les cas de viols ou pour les malformations graves du fœtus.

Pour l'heure, et depuis 1983, un amendement donne la priorité au fœtus et condamne l'avortement. En 2013, lueur d'espoir : une loi donne accès à l'IVG dans un seul cas, extrême, soit lorsque la vie de la mère est en danger. "C'est loin d'être satisfaisant", remarque Geneviève Garrigos. "En pratique, on remarque que le plus souvent, rien n'est fait. Les médecins attendent la dernière minute pour pratiquer l'IVG parce qu'ils risquent quatorze années de prison. L'avortement est toujours considéré comme un crime."

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Le poids des traditions

Alors pour cette militante, la situation a assez duré. "L'Irlande ne peut pas continuer cette politique, qui est l'une des plus restrictive au monde en matière d'avortement. Près de 4000 femmes partent en Grande-Bretagne chaque année pour se faire avorter. La situation est dramatique pour beaucoup : certaines femmes, que nous avons interrogées pour construire ce rapport, sont obligées de porter en elles leur fœtus mort pendant plusieurs mois, dans l'attente de pouvoir le faire retirer."

Par ce rapport lancé dans le cadre d'une campagne mondiale pour la sexualité et les droits reproductifs des femmes, Amnesty International s'attaque à une montagne : celle de la tradition. Et Geneviève Garrigos, sur cette question, est plus que lucide : "En Irlande, les droits des femmes sont dirigés par des visions arriérées et le poids de la religion empêche tout progrès. Cet héritage, il faut le dépasser." Une lutte à mener sur tous les fronts, à l'heure où aux Etats-Unis, dans l'Etat du Wisconsin, une nouvelle loi pourrait donner le droit aux géniteurs qui ne sont pas d'accord avec la décision d'avorter d'attaquer en justice les médecins procédant à une IVG.

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Anaïs Condomines

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