Armement : la Russie de retour sur le podium des dépenses militaires

Tanguy Hamon, avec AFP
Publié le 24 avril 2017 à 5h29
Armement : la Russie de retour sur le podium des dépenses militaires
Source : Sipa Press

DÉFENSE - Dans un contexte international de plus en plus tendu, la Russie a repris la troisième place des pays les plus dépensiers pour son armement. Les Etats-Unis et la Chine sont aux deux premières places, la France est sixième.

La crise économique qu’elle traverse n’a pas empêché la Russie de repasser devant l'Arabie saoudite pour reprendre la troisième place mondiale en matière de dépenses militaires en 2016. La Russie a consacré l'année dernière 69,2 milliards de dollars à sa défense, soit 5,9% de plus qu'en 2015. Cela équivaut à 5,3% de son PIB, du jamais vu depuis l'éclatement de l'Union soviétique il y a un quart de siècle, a souligné l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Spiri), une référence pour les questions de défense.

Une hausse des dépenses à un moment où "l'économie russe est dans une situation délicate à cause de la faiblesse des cours des hydrocarbures et des sanctions économiques imposées depuis 2014" par les pays occidentaux en liaison avec le conflit ukrainien, a commenté le Sipri dans son étude.

L'Arabie saoudite, qui avait le troisième budget en 2015, est redescendue à la quatrième place en 2016. Ses dépenses militaires ont chuté de 30%, à 63,7 milliards de dollars. "La baisse des revenus pétroliers et les problèmes économiques qui accompagnent le creux des cours ont forcé beaucoup de pays exportateurs de pétrole à réduire leurs dépenses militaires", souligne à l'AFP un chercheur de l'Institut, Nan Tian.

Avec Trump, les Etats-Unis augmentent leurs dépenses

Le budget numéro un reste celui des Etats-Unis, qui a augmenté de 1,7% en 2016 à 611 milliards de dollars. Suit la Chine, avec 215 milliards de dollars, soit une progression de 5,4%, moins rapide que les années précédentes.

Donald Trump, devenu président en janvier, a fait de l'armée sa priorité budgétaire. Il a déjà montré qu'il n'hésiterait pas à recourir à la force en bombardant en avril une base aérienne en Syrie et des positions de l'Etat islamique en Afghanistan. Il a aussi menacé la Corée du Nord.

D'après le Sipri, la hausse des dépenses américaines en 2016 "pourrait signaler la fin d'une tendance à la baisse" enregistrée sous la présidence de Barack Obama, par souci de rigueur budgétaire et grâce au retrait des troupes d'Afghanistan et d'Irak.

Mais "l'évolution future des dépenses reste incertaine en raison de la situation politique changeante aux Etats-Unis", juge Aude Fleurant, directrice du programme de recherche sur l'armement et les dépenses militaires.

Face au terrorisme et par crainte de la Russie, l'Europe gonfle ses budgets

Frappée par une série d'attaques terroristes depuis 2015 et critiquée par Donald Trump pour une contribution à l'Otan qu'il estime insuffisante, l'Europe de l'Ouest a augmenté ses budgets militaires pour la deuxième année consécutive, de 2,6%.

Quasiment à égalité avec l'Inde, cinquième, la France a le sixième budget militaire (55,7 milliards de dollars), devant la Grande-Bretagne (48,3 milliards).

La tendance au réarmement est sensible en Europe centrale et orientale, notamment dans les pays baltes. "La croissance des dépenses de beaucoup de pays en Europe centrale peut en partie être imputée à la perception selon laquelle la Russie représente une plus grande menace", a constaté un chercheur du Sipri, Siemon Wezeman.

Le budget total consacré à la défense des membres européens de l'Otan est près de quatre fois supérieur à celui de la Russie.


Tanguy Hamon, avec AFP

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