COLÈRE - Alors que la police britannique cherche à contrôler le flux d’informations concernant l’attentat de Manchester, des fuites ont permis à des médias d’autres pays de révéler l’avancée de l’enquête. Le gouvernement n’a pas caché son mécontentement.
"Nous sommes furieux. C’est complétement inacceptable". Le gouvernement britannique n’a pas cherché à contenir son émotion mercredi soir, après que des fuites sur l’avancement de l’enquête sur l’attentat de Manchester ayant fait 22 morts ont été révélées par des médias américains et d’autres canaux. "Ces images qui fuitent vont être une source de stress pour les victimes, leurs familles et le public", a pointé une source gouvernementale.
Si le New York Times n’est pas nommément visé, les photos des débris de la bombe qu’il a réussi à se procurer semblent être la cause de la colère britannique. Le quotidien américain a en effet publié en exclusivité plus tard mercredi soir huit photos montrant différents éléments de l’engin explosif du terroriste. De quoi lui permettre d’avancer qu’il s’agissait d’une bombe "puissante" préparée "avec soin".
NYT: Photos show bomb materials used in #Manchester attack. https://t.co/oYu7SwxbJ1 pic.twitter.com/c2stPyq0Rn — Dan Linden (@DanLinden) 24 mai 2017
J’ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire
Amber Rudd, ministre britannique de l'Intérieur
Les photos auraient été, selon des sources gouvernementales britanniques, transmises par des enquêteurs à leurs homologues américains, qui les auraient ensuite fait fuiter. Certainement informée des révélations à venir du New York Times, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd avait montré son agacement plus tôt dans la journée, sur la BBC. "La police britannique a été très claire sur le fait qu’elle veut contrôler le flux d’informations afin de protéger l’intégrité opérationnelle" de l’enquête et bénéficier "d’éléments de surprise. […] Donc ça devient irritant que (ces informations) sortent via d’autres sources et j’ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire".
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L'enquêté "déstabilisée" mais pas compromise
Les services anti-terroristes britanniques ont eux expliqué que ces fuites ont "déstabilisé" l’enquête. Expliquant l’importance de bonnes relations pour la coopération avec les services d’autres pays, un porte-parole a pointé "le dommage causé encore plus grand quand cela porte sur la divulgation non autorisée de preuves potentielles en plein milieu d’une enquête anti-terroriste importante". Interrogée sur le fait que ces révélations américaines aient compromis l’enquête, Amber Ruud a néanmoins tenu à se montrer nuancée, indiquant "(qu’elle n’irait) pas si loin".
De son côté, Donald Trump a affirmé ce jeudi vouloir "poursuivre" les auteurs des fuites sur l'enquête de l'attentat. "Je demande au département de la Justice et aux autres agences adéquantes de lancer un examen complet" des fuites parues dans la presse "et, si c'est approprié, les coupables devront être poursuivis avec toute la rigueur de la loi", a notamment déclaré le dirigeant américain avant d'évoquer les liens forts unissant son pays à la perfide Albion : "Il n'y a pas de relation que nous chérissons plus que la 'relation spéciale' entre les Etats-Unis et le Royaume-uni".